Fabien Roussel, c’est une personnalité grandiose. C’est le seul «communiste» content de manifester avec le syndicat policier d’extrême droite Alliance pour réclamer l’impunité pour les forces de l’ordre et d’être ami avec Gérald Darmanin. Son combat, c’est aussi de s’enflammer contre «l’assistanat» et dénoncer la «France du RSA», tout en considérant que les «les grandes fortunes : ils sont très intelligents, ils ont créé, inventé». Oui, il a vraiment dit tout ça. Il défend aussi la corrida ou l’industrie de la viande, en se moquant de ceux qui mangent «du tofu et du soja».
Après l’exécution de Nahel, non seulement il n’a pas dénoncé les violences policières sanguinaires, mais il réclamait de «couper» les réseaux sociaux «quand c’est chaud dans le pays». Pour lui, les immigrés ont «vocation à rentrer chez eux». Là où Roussel est vraiment fabuleux, c’est qu’en tant que grand défenseur de la «valeur travail» et de la «France populaire», il a bénéficié d’un emploi fictif d’assistant parlementaire pendant des années. Une enquête le vise actuellement pour avoir perçu 180.000€ indûment. Bref, la bourgeoisie l’adore car il est de droite.
Depuis plusieurs jours, les médias macronistes répètent en boucle que c’est lui le héros de la gauche, le futur espoir électoral. Celui qui a fait 2% aux dernières présidentielles. L’escroquerie n’est pas nouvelle. Avant Roussel, le ministre d’extrême droite Valls, l’hyper-répressif Cazeneuve, le banquier Macron et l’ultra-libéral Straus-Khan étaient aussi vendus comme les «préférés à gauche». Avec le succès qu’on connaît. On a compris : les dominants désignent leurs propres opposants, ceux qui pensent comme eux et sont destinés à perdre.
Certes, on se fout totalement des élections de 2027 et des stratégies politiciennes à gauche. Et on pourrait rigoler de manipulations aussi grossières. Mais ces sondages bidonnés ont un autre but : droitiser tout l’échiquier politique. Et cela dès maintenant. Si c’est un politicien pro-flic et réac qui est présenté en permanence comme le seul porte-parole de la gauche, alors tout ce qui conteste un peu les inégalités, la répression ou le racisme, toutes les personnes qui luttent et veulent changer les choses passent immédiatement dans le camp des «ultras» et deviennent inaudibles. Et c’est le candidat «de gauche» responsable, celui choisi par les sondages, celui qui reprend toutes les obsessions de la droite qui monopolise ainsi le temps médiatique. Ben oui, «c’est lui le préféré à gauche, vous voyez bien qu’on donne la parole à tout le monde».
Pendant ce temps, la droite peut aller toujours plus loin, puisqu’il n’y a aucun contre-discours. Et ce qu’il reste d’électeurs de gauche eux-mêmes se diront que finalement, c’est peut-être plus «raisonnable» de voter pour le «favori» des sondages.
C’est une stratégie délibérée, qui mène à la situation épouvantable actuelle : une fascisation totale du champ politique et les défaites systématiques de notre camp social. Une guerre idéologique asymétrique, dont on ne peut triompher qu’en développant nos propres médias, nos contre-discours solides et audible, nos luttes sociales sans concessions.
Source : Les sondages nous prennent pour des saucisses – Contre Attaque (contre-attaque.net)
URL de cet article : Les sondages nous prennent pour des sauiss SONDAGES NOUS PRENNENT POUR DES SAUCISSES. (Contre Attaque – 13/08/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)