L’Ifremer réduit ses missions océanographiques à cause du gazole trop cher. ( LT.fr – 22/6/22 – 16h55 )

La mission hauturière de l’Atalante, programmée en novembre prochain par l’Ifremer aux Antilles, est annulée en raison de l’augmentation du coût du carburant.
La mission hauturière de l’Atalante, programmée en novembre prochain par l’Ifremer aux Antilles, est annulée en raison de l’augmentation du coût du carburant.

L’envolée du prix du carburant frappe de plein fouet la recherche océanographique française. La France n’a plus les moyens d’envoyer ses navires en mission !

Comme un coup de tonnerre (de Brest) dans le Landerneau des missions scientifiques ! La France, deuxième nation mondiale en termes de superficie maritime, n’a plus de budget pour envoyer ses navires océanographiques sur le terrain. Une mission hauturière majeure de l’Ifremer (P1), prévue à l’automne et pilotée par l’armement Genavir, vient d’être annulée pour 2022 avec les conséquences pour les programmes et équipes scientifiques qu’on imagine.

Six missions côtières également à la trappe

L’information diffusée par l’hebdomadaire Le Marin a eu l’effet d’une bombe. Six autres missions dites côtières (P2) ont été tout bonnement mises à la poubelle. « Seule la mission hauturière programmée en novembre prochain aux Antilles par l’Atalante pourrait être réactivée l’année prochaine », explique Olivier Lefort, le directeur de la flotte océanographique de l’Ifremer à Brest.

Le doublement du prix du gazole a fait exploser les dépenses d’exploitation de ces gros navires océanographiques. Gourmands en carburant, les navires de cette flotte vieillissante n’ont plus les moyens de partir en mission.

Tout sera mis en œuvre pour reprogrammer les missions de premier ordre

Le report ou l’annulation de ces missions met à mal des années de préparation, avec les programmes scientifiques et les budgets de recherche associés. Sans prélèvements ou observations de terrain, c’est toute la chaîne de la recherche scientifique qui est fragilisée pour les années à venir. Une mission océanographique permet d’engranger des données à décrypter et à analyser au long terme. Ces annulations dues à la flambée du carburant s’ajoutent aux perturbations de la covid. Même si Olivier Lefort se veut rassurant : « Tout sera mis en œuvre pour reprogrammer les missions de premier ordre ».

Comment font les autres ?

À une tout autre échelle, comment la Marine nationale, encore plus gros consommateurs d’hydrocarbures, traverse-t-elle la même flambée du pétrole ? Le rythme des missions, des patrouilles et des entraînements n’a semble-t-il pas été revu à la baisse. Dans le contexte préoccupant de la guerre en Ukraine, l’activité aurait globalement augmenté.

De leur côté, de plus petits armements tentent de diminuer leur consommation, à l’image de la Penn ar Bed qui assure les liaisons avec les îles de Sein, Molène et Ouessant.

Depuis mars dernier, l’armement finistérien a baissé d’un nœud la vitesse de ces navires. Les trajets ont augmenté de 5 à 15 minutes mais cela permet d’économiser jusqu’à 5 000 m3 de gazole par semaine. En passant de 15 à 14 nœuds, l’économie ne permet pas de compenser la hausse du carburant, mais ça l’amortit. Et les îliens qui, il y a quelques années, s’étaient opposés à une durée de transport allongée ont, semble-t-il, abdiqué sur le sujet.

Les navires scientifiques ou militaires devront-ils aussi diminuer leur vitesse ? Ou passer à des motorisations moins gourmandes ? Le sujet de la modernisation de la flotte océanographique française revient en boomerang avec trois des quatre navires de sa flotte hauturière à remplacer dans les 10 ans. Comme celui des voiliers océanographiques qui proposent des vecteurs nettement plus vertueux, décorrélés de cette inexorable flambée du cours du pétrole.

Source : letelegramme.f

Auteur : Stéphane Jézéquel

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *