L’interdiction d’arroser menace les productions maraîchères de l’agglo de Quimper (LT.fr-12/08/22-8h)

Françoise Le Cœur et son fils Brieuc, devant leur champ de salades.
Le couperet est tombé mercredi 10 août. La préfecture du Finistère classe tout le département en état de « crise sécheresse », autrement dit, en alerte rouge. Les maraîchers ont désormais l’interdiction d’arroser en plein champ.

« Nous sommes inquiets. Très très inquiets ». Françoise Le Cœur produit des salades avec son mari dans leur ferme de Kerlot, à Plomelin. À côté de leurs serres, deux hectares en plein champ. L’eau utilisée pour arroser leur production provient d’une source, qui alimente une réserve, qui se tarit de jour en jour. Cette réserve permettait jusqu’à présent un petit arrosage des cultures, le soir. Mais depuis que la préfecture a classé le Finistère en alerte rouge, l’arrosage en plein champ est interdit. « C’est un de mes clients du Finistère nord qui me l’a appris ce matin. Il m’a prévenu : Françoise, tu n’as plus le droit d’arroser tes salades ».

« Ça fait trois mois qu’il n’a pas plu ici »

La nouvelle est terrible pour les producteurs de légumes. Ils se sont d’ailleurs immédiatement regroupés pour demander, collectivement, une dérogation à la Préfecture. En attendant la réponse de l’État, l’incertitude plane. Et Françoise Le Cœur va devoir prendre une décision au sujet des 15 000 petits plants de salades qu’elle reçoit de Nantes chaque semaine. Habituellement, la ferme de Kerlot les repique, les fait parvenir à maturité, avant de les revendre à plusieurs enseignes de la grande distribution.

Mais les nouvelles restrictions pourraient interrompre ce cycle de production : « Si on ne peut pas les arroser, on ne va pas les planter ». Les petits plants peuvent, à la rigueur, attendre quelques jours, avant d’être plantés, mais pas plus longtemps. Depuis mi-juillet déjà, les mettre en terre est devenu difficile. Ils sont livrés en mottes qui se rétractent à cause de la chaleur.

Françoise Le Cœur ne veut même pas compter sur les pluies d’orages, pourtant annoncés dimanche prochain : « Je n’y crois pas. On nous a souvent annoncé de l’eau, mais ça fait trois mois qu’il n’a pas plu ici ». Face à cette situation extrême, la maraîchère se pose des questions : « J’espère que c’est juste un moment difficile à passer, mais je crains que non. Je n’avais jamais vu ça ».

« Chaque année, on a des pertes. On relativise »

À Locronan, Amélia Moré est à la tête d’une exploitation plus modeste. Une culture maraîchère variée, en serres pour les tomates et les aubergines, en plein champ pour le reste. Amélia semble plus optimiste quant aux orages à venir : « Ils prévoient quatre jours avec des pluies, ça va bien tomber chez nous à un moment ou à un autre ». Les légumes du moment – carottes et haricots – devraient pouvoir tenir jusque-là. Amélia sait qu’il y aura des pertes, mais elle les accueille avec fatalisme : « Chaque année on a des pertes. L’année dernière, c’était parce qu’il avait trop plu pendant l’été. Il y a toujours une bonne raison de perdre quelque chose. On relativise ». Son mesclun notamment, supporte mal le stress hydrique. Il monte en graine et n’est alors plus consommable. Les choux aussi, pâtissent du manque d’eau : « Ils seront petits cet automne ». Mais les carottes et les haricots tiennent le coup : « On les a soutenus ces derniers temps grâce à l’irrigation ».

Une parcelle boisée qui limite l’évaporation

Si l’exploitation d’Amélia Moré semble résister à la sécheresse, c’est qu’elle présente des caractéristiques qui la protègent des conséquences trop sévères : « On n’est pas en monoculture, on ne va pas tout perdre. Et puis on a la capacité de pailler. Ce n’est pas toujours faisable si l’exploitation est trop grande ». La parcelle, boisée, limite par ailleurs l’évaporation : « Les arbres conservent de la fraîcheur, et puis il y a moins de vent. Je ne sais pas si les grosses exploitations peuvent conserver autant d’arbres ». Malgré tout, Amélia le sait, sans la possibilité d’arroser, ses légumes vont rapidement avoir besoin d’eau : « S’il ne pleut pas bientôt, c’est la cata ».

source: https://www.letelegramme.fr/dossiers/secheresse-a-quimper-en-2022/l-interdiction-d-arroser-menace-les-productions-maraicheres-de-l-agglo-de-quimper-12-08-2022-13145644.php

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