Loin des polémiques, la communauté musulmane de Dinan cherche un local où prier et trouver « sa place ». (LT.fr – 31/08/23)

Soilihi Aboudou et Ali Ben Salem, membres de l’association culturelle et cultuelle des musulmans de Dinan, au sein de la salle du 5Bis.
Soilihi Aboudou et Ali Ben Salem, membres de l’association culturelle et cultuelle des musulmans de Dinan, au sein de la salle du 5Bis. (Le Télégramme/Romain Fillion)

Par Romain Fillion

Chaque vendredi, pour un temps de prière, la communauté musulmane de Dinan occupe une salle située au sous-sol du 5Bis. Réunie en association, celle-ci souhaite avancer, trouver « sa place ». Pour cela, un local serait le bienvenu.

Alors que les discussions sur l’abaya – cette longue robe traditionnelle couvrant tout le corps – rythment la rentrée scolaire, la communauté musulmane dinannaise garde autre chose en tête.

Soilihi Aboudou traverse pieds nus la salle verte de l’atelier du 5Bis, à Dinan. Le conseiller municipal, de confession musulmane, vient d’achever sa prière, comme tous les vendredis. Une prière collective. « Nous étions à peu près 70 aujourd’hui », relate celui-ci, alors qu’il enroule un très long tapis de couleur violette, objet de prière d’emprunt.

« Avant, on allait jusqu’à Saint-Malo pour prier »

La salle verte pourrait être qualifiée de lieu de prière passager, éphémère. De fait, la communauté musulmane ne dispose en rien de l’exclusivité : cours de danse, sessions d’anglais ou de bridge profitent eux aussi chaque semaine de cette salle située au sous-sol. « Cela fait un an que la mairie nous fournit cet espace, par contrat. Et on ne peut pas la monopoliser, on comprend. On est content d’être ici ! Mais la prière, c’est tous les jours, cinq fois par jour, pas seulement le vendredi, rappelle Soilihi Aboudou. Alors, le reste du temps nous prions chez nous. Avant cela, on allait même jusqu’à Saint-Malo. »

Reconnaissante, la communauté musulmane, réunie aujourd’hui au sein de l’association culturelle et cultuelle des musulmans de Dinan, se sent ainsi un peu à l’étroit. Entre 150 et 200 familles de cette confession vivraient à Dinan et dans son proche pays, estime l’association. Sans compter les réfugiés, adhérant en partie à la même religion.

« On aimerait avoir un truc à nous »

En 2021, l’ancêtre de l’association culturelle et cultuelle sollicitait, au moyen d’une pétition signée 119 fois, la construction d’une mosquée. Aujourd’hui, cette demande n’apparaît pas au plus haut de la liste de ses priorités.

« On est encore jeune pour une mosquée. Mais si la mairie trouvait un terrain constructible… On est preneur », sourit Ali Ben Salem, membre actif de l’association, résidant Dinan depuis plus de vingt ans. « Mais c’est vrai qu’il nous faudrait un lieu pour célébrer notre culte, on aimerait avoir un truc à nous, comme les catholiques, les protestants. Les gens nous demandent où ils peuvent prier à Dinan. Le musulman a besoin d‘un lieu de prière. Un endroit où l’on cherche la paix… Ce n’est pas un simple bâtiment dont on parle, mais un symbole. »

« Encadrer » les jeunes

Ce « lieu musulman », la communauté le désire ardemment. Pour exercer sa foi bien sûr, mais cela va plus loin. « On essaye de travailler sur l’image de l’islam, une image moderne. Avoir un lieu à nous, reconnu, permettra de démonter les non-dits et les clichés. Avec ce lieu musulman, les gens auront un point de vue global s’ils veulent juger », commentent à l’unisson Soilihi Aboudou et Ali Ben Salem. « Le culte, c’est important ; mais on aimerait développer d’autres choses en parallèle, de l’entraide, des activités sportives pour les jeunes, afin de les encadrer. Il y a plein de choses à faire. »

Les deux hommes concluent. « On voit que depuis quelques années la mairie a changé de regard, elle est dans le dialogue. Mais on cherche encore notre place. »

La Ville répond

Interrogée sur ce dossier, la Ville donne une réponse pour le moins sobre. « Comme avec tous les cultes, les relations de la ville de Dinan avec le culte musulman sont cordiales et constructives. Attachés aux principes de la laïcité, nous n’avons pas à nous immiscer dans la vie interne et l’organisation du culte musulman sur Dinan. »

Source : Loin des polémiques, la communauté musulmane de Dinan cherche un local où prier et trouver « sa place » | Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/loin-des-polemiques-la-communaute-musulmane-de-dinan-cherche-un-local-ou-prier-et-trouver-sa-place-lt-fr-31-08-23/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *