Lorient. « Dans la police aussi, nous sommes nombreux contre la réforme des retraites »(OF.fr-4/04/23)

Après les violents affrontements à l’issue de la mobilisation contre la réforme des retraites du jeudi 23 mars 2023, et l’attaque contre le commissariat de Lorient (Morbihan), François Le Texier, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police 56 et François Scelo, délégué syndical à Lorient, rétablissent leur vérité

Après les tensions rencontrées au cours des dernières mobilisations contre la réforme des retraites et le commissariat de Lorient (Morbihan) pris pour cible, des syndicats de police (Unité SGP Police 56 et Alliance) évoquent le manque de moyens, la « haine » de la profession grandissante et les « collègues choqués ».

« À 60 ans, on ne se voit plus courir derrière un ado de 14 ans qui envoie des pavés et faire du maintien de l’ordre. » Après les violents affrontements à l’issue de la mobilisation contre la réforme des retraites du jeudi 23 mars 2023, et l’attaque contre le commissariat de Lorient (Morbihan), François Le Texier, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police 56 et François Scelo, délégué syndical à Lorient, mettent fin à certaines idées reçues. « Les policiers sont soumis à un droit de réserve et n’ont pas le droit de grève. Mais nous sommes nombreux contre la réforme des retraites, à aller manifester en dehors du temps de travail. On est là pour défendre la République, pas les gouvernements. »

Protestation contre la réforme des retraites et uniformes ne sont pas antinomiques. Le constat fait consensus au sein des syndicats. « Aucun collègue n’est content de cette réforme. Même si notre statut est particulier, l’âge de l’ouverture des droits recule de deux ans pour nous aussi », confirme Ludovic Baille, secrétaire départemental d’Alliance police nationale 56.

Face à une « haine anti-flics » grandissante, « beaucoup de collègues sont choqués. Avant, on était fier de dire que son père était flic, aujourd’hui beaucoup le cachent », détaillent les représentants SGP Police.

Dans le Morbihan, une cellule psychologique a été mise en place « dès le jeudi soir après les heurts ». Depuis, une psychologue affectée à la police sillonne le département, à disposition d’une profession « où ça reste encore difficile de montrer ses failles, même si ça évolue ».

« Entre 40 h et 50 h supplémentaires cette semaine-là »

Si les deux syndicalistes SGP préfèrent taire le nombre d’agents à avoir souhaité bénéficier de ce soutien, « la psychologue a effectué des consultations, elle revient d’ailleurs à Lorient cette semaine encore… », s’accordent-ils, marquant la nécessité de maintenir ce dispositif.

Comme Alliance, ils pointent « l’investissement des collègues », malgré tout. « Une quinzaine de policiers ont eu des certificats d’arrêt de travail allant de 1 à 5 jours après le 23 mars. La quasi-totalité a refusé de s’arrêter. Ils ont fait en moyenne entre 40 heures et 50 heures supplémentaires cette semaine-là. »

Les deux fonctionnaires déplorent le manque de moyens humains « que la hiérarchie remonte pourtant à l’administration (exemple avec la carence constatée à Lorient de quatre officiers de police judiciaire) ». Selon eux, le commissariat de Lorient (qui compte actuellement 270 personnels au total « tous métiers confondus »), devrait être doté de 25 à 30 agents supplémentaires. Ils évoquent les départs à la retraite non remplacés immédiatement pour pallier les congés en retard. Comme ce policier parti en juin 2021 dont la retraite ne sera effective qu’en juin 2023.

« Un manque de moyens comblé par les grenades lacrymogènes »

Ils détaillent les moyens matériels insuffisants et la nécessité d’être pourvu sur site d’une cinquantaine d’équipements complets supplémentaires « pour que tous les fonctionnaires, même ceux à l’investigation, puissent être protégés si on leur demande de venir en renfort, comme ça a été le cas jeudi 23 mars ».

Lors des attroupements devant le commissariat et la sous-préfecture, ces fragilités ont pu précipiter des instructions. Comme faire usage des grenades lacrymogènes rapidement après l’arrivée du cortège place Glotin et l’allumage d’un premier feu, par des manifestants, contre le portail de la sous-préfecture.

« Comme nous étions en sous-effectif, l’instruction a été de disperser les gens. Ce manque de moyens humains a été comblé par les grenades lacrymogènes, mais n’a pas conduit à des violences policières. Les gens qui disent avoir fait l’objet de violences peuvent le faire sur la plateforme IGPN. Il ne faut pas croire qu’on est protégés, nous sommes la profession la plus contrôlée », insistent les deux fonctionnaires.

Comme pour le représentant d’Alliance, pour qui « une minorité de comportements ternit l’image de la profession » . « On peut toujours critiquer la façon dont ça a été fait, invoque François Le Texier, mais notre état d’esprit, c’est d’éviter qu’il y ait des blessés graves, de protéger la population. »

Pauline DECKER

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/lorient-dans-la-police-aussi-nous-sommes-nombreux-contre-la-reforme-des-retraites-66c57bda-d1ee-11ed-96ad-1942048996da

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