Par Delphine LANDAIS
Tous les syndicats sont unanimes pour décrire un climat social très dégradé au Groupe hospitalier Bretagne-Sud. L’arrivée du nouveau directeur fait craindre des réductions drastiques de moyens.
« Notre syndicat s’inquiète fortement pour l’avenir de son hôpital », écrit la Fédération autonome, première organisation syndicale au Groupe hospitalier Bretagne-Sud (GHBS), à Lorient (Morbihan). « Le nouveau directeur parle du passage aux 12 heures, de supprimer les yaourts en dehors des commandes de plateaux, de diminuer des portions pour les résidents et les patients », rapporte la CGT. « Le climat est très anxiogène, confirme pour sa part la CFDT. Les discours sur la situation financière du GHBS sont très inquiétants, mais nous avons du mal à savoir si la situation est si grave. »
Mais que se passe-t-il au GHBS ? Jean-Christophe Phelep a pris ses fonctions le 3 juillet dernier, à la tête de l’équipement de santé qui gère les centres hospitaliers de Lorient, Quimperlé, Riantec et du Faouët (Morbihan) et réunit plus de 5 000 professionnels. Le nouveau directeur était avant cela, directeur général du Grand hôpital de l’Est francilien, qui regroupe les centres hospitaliers de Meaux, Marne-la-Vallée, Coulommiers et Jouarre (Seine-et-Marne).
« Une souffrance s’installe »
Jean-Christophe Phelep rencontre tour à tour les différents représentants syndicaux. « Il nous dit que la situation financière est catastrophique et qu’il faut faire quelque chose », rapporte la CGT. « Il y a clairement une dégradation du dialogue social, poursuit la CFDT, je n’ai jamais vu ça en quatre ans d’exercice. Les équipes découvrent de nouvelles organisations de travail, les cadres de santé sont malmenés, il y a une réelle souffrance qui s’installe. »
Le mot d’ordre est aux économies, certains services sont déjà touchés. « Des postes ont déjà été gelés, rapporte la Fédération autonome, la dotation en produits frais, les yaourts, les fruits ont été supprimés. » Guillaume l’a constaté. Souffrant d’une plaie, se présente à l’hôpital du Scorff, vendredi dernier, se fait soigner et fait deux malaises vagaux. « Les infirmières courraient partout pour trouver un jus de fruit, elle n’en avait plus, elles ont confié que ce n’était plus renouvelé, que leurs conditions de travail étaient très dégradées. »
« C’est la santé que nous défendons »
La plateforme téléphonique a été fermée au profit d’une plateforme numérique. « Alors que 30 % des usagers n’y ont pas accès, déplore la Fédération autonome. Quid de notre mission de service public ? C’est la santé que nous défendons et les conditions de travail des soignants. Notre philosophie, jusqu’ici, a toujours été de donner une bonne image de l’hôpital, on a assez de mal à recruter comme ça, mais là… » Le syndicat majoritaire pointe également les méthodes : « Rien n’est écrit, tout est dit oralement aux directeurs de service. »
L’Agence régionale de santé alertée
La situation financière n’est pas aussi noire, « certes les hébergements coûtent cher, mais les activités du Scorff rapportent. » Ce qui fait aussi craindre pour les syndicats un projet de privatisation « de notre secteur médico-social les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les unités de soins de longue durée. Ce nouveau directeur a le profil d’un financier, c’est un nettoyeur. »
Une réunion intersyndicale est prévue vendredi 22 septembre 2023 et la fédération autonome a également alerté les services d’Agence régionale de santé (ARS). « Nous allons maintenant nous tourner vers les politiques. »
Contactée, la direction du Groupe hospitalier Bretagne-Sud n’a pas répondu à notre sollicitation.
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