Macron à Marseille : face à lui, le rejet (IO.fr-28/06/23)

Sous l’oeil agacé du maire de Marseille Benoît Payan (à gauche), le député LFI Sébastien Delogu interpelle Emmanuel Macron : “Il ne faut pas fermer les classes” (capture d’écran BFMTV)

Par Pierre VALDEMIENNE

Le plan « Marseille en grand » du chef de l’État, soutenu par le maire de la ville Benoît Payan, vise à approfondir encore davantage la destruction des services publics, à accroître la misère et la pauvreté.

Macron était à Marseille pour trois jours, du 26 au 28 juin.

Il y a fait des annonces relatives au plan « Marseille en grand ».

L’opération de communication ne passe pas. Chacune parmi les organisations syndicales ou les associations comprend que ce dont il s’agit, c’est d’approfondir encore davantage la destruction des services publics, d’accroître la misère et la pauvreté.

Au moment où Macron affirme lundi 26 juin à la prison des Baumettes à Marseille que « tous les engagements pris il y a deux ans ont été tenus », la direction de la Caisse primaire d’assurance maladie des Bouches-du-Rhône (CPAM 13) a annoncé il y a moins de deux semaines la fermeture de l’agence de Saint-Louis, qui frapperait les populations les plus précaires des quartiers nord de Marseille. Huit écoles doivent également fermer à la rentrée prochaine, toujours dans les quartiers nord.

La colère et la révolte suscitées par la situation, dans la continuité de la bagarre contre la « réforme » des retraites, sont palpables. En témoignent les nombreuses interventions qui ont « pilonné » le chef de l’État au cours du « débat » organisé dans le gymnase situé dans la cité Busserine du 14e arrondissement de Marseille.

« Tour de France du mépris »

Parmi les rares soutiens de Macron, le maire de Marseille « divers gauche », Benoît Payan. À l’issue d’un entretien à l’hôtel de ville, l’édile de la cité phocéenne affirmera que « cela a été un entretien constructif », ajoutant même en s’agaçant : « On dirait que cela dérange que je m’entende très bien avec le président de la République. »

Rappelons que lors du congrès du Parti socialiste en janvier dernier – auquel le maire de Marseille n’a pas participé du fait qu’il n’est plus adhérent, Benoît Payan avait malgré tout pris position pour Olivier Faure, qui l’avait remercié dans un tweet : « Merci de ton soutien de toujours @BenoitPayan. Je n’oublie pas comment tu as su construire le rassemblement ici pour changer Marseille. »

Pour sa part, le député LFI de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, qui a caractérisé le déplacement du chef de l’État comme le « tour de France du mépris », a raison de mettre au centre la question des salaires et du pouvoir d’achat, mais aussi des moyens pour les services publics et notamment pour l’École, pour permettre de répondre aux problèmes de la cité phocéenne et, au-delà, de tout le pays.

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« Vous voulez qu’on parle de la situation de l’éducation dans les quartiers nord de Marseille ? » Extraits de l’interview de Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône (4e circonscription), sur Sud Radio (27 juin) « Les Marseillaises et les Marseillais ont besoin que les salaires augmentent, ils ont besoin que les difficultés liées au pouvoir d’achat se réduisent (…). Les difficultés aujourd’hui des Marseillaises et des Marseillais, c’est des difficultés liées au pouvoir d’achat, c’est les difficultés liées aux assassinats qui se multiplient. Il y a, je crois, 23 personnes qui sont décédées depuis le début de l’année (…). Il y a une étude qui est sortie hier du FMI (Fonds monétaire international, Ndlr), ce n’est pas La France insoumise, c’est le FMI, qui dit que les trois quarts à peu près de l’inflation sont dus à l’augmentation des marges des grandes entreprises, à l’augmentation des profits. Que fait le gouvernement pour bloquer les prix ? Il ne fait rien. (…) Moi, je voudrais un petit peu moins d’effets d’annonce, un petit peu moins de communication et un petit peu plus d’actes concrets pour répondre aux problématiques que les gens rencontrent au quotidien. (À propos de l’ouverture des collèges jusqu’à 18 heures.) Là aussi, excusez-moi mais c’est une plaisanterie (…). Vous voulez qu’on parle de la situation de l’éducation dans les quartiers nord de Marseille ? Il y a 8 écoles qui vont fermer à la rentrée. (…) Donc le collège de 8 heures à 18 heures, très bien, mais alors embauchez les profs pour le faire, faites en sorte qu’il n’y ait pas de problème de remplacement, ne commencez pas par fermer les écoles des quartiers nord de Marseille parce que tout le monde comprendra que quand on ferme une école, c’est des gamins en moins à qui on peut permettre d’accéder à une éducation de qualité. (…) » Le député LFI Sébastien Delogu à Macron : « Il ne faut pas fermer les classes » Mardi 27 juin, alors qu’il visite une école des quartiers nord de Marseille à la Castellane, Macron est interpellé par le député LFI de Marseille Sébastien Delogu : « Il faut vraiment reculer sur la fermeture des classes, ce n’est pas bon. » En embuscade derrière Macron, le ministre Ndiaye lance : « 0 fermeture de classe ici. » Et Delogu de renchérir sans lâcher la main de Macron : « Il ne faut pas fermer de classe. Je vous le dis, Monsieur le Président, c’est très important, c’est dramatique si on fait ça. » « Là, ici, y’a zéro fermeture de classe », assure fébrilement Macron en regardant son ministre. « Mais dans le 15e et le 16e, à la Bricarde ? », insiste Delogu. « Il y a éventuellement… On va faire le point… » bredouille Ndiaye. « Non, il ne faut pas, Monsieur le Ministre. Je vous demande une seule chose : reculer sur les fermetures de classe. » Derrière Macron, Benoît Payan, le maire de Marseille, se pince les lèvres, les bras croisés. Il y a ceux qui s’opposent à Macron et il y a les autres…

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/06/28/macron-a-marseille-face-a-lui-le-rejet/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/macron-a-marseille-face-a-lui-le-rejet-io-fr-28-06-23/

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