Manifestation anti-bassines : frappée par un CRS, la députée dénonce « une violence programmée » (OF.fr-30/10/22)

Lisa Belucco, les mains levées et son écharpe tricolore en bandoulière, face aux gendarmes avant de se faire molester.

Présente à la mobilisation anti-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), Lisa Belluco, députée (Nupes) de la Vienne, a été frappée aux jambes par un gendarme mobile alors qu’elle portait son écharpe tricolore.

Ce dimanche matin, le bruit assourdissant des grenades et les nuages de fumée de gaz lacrymogène de Sainte-Soline ont laissé place aux gazouillis des oiseaux de Ménigoute. L’ambiance est plus calme qu’hier. Au moins ici, je suis sûre de ne pas me faire frapper par un CRS », lâche Lisa Belucco, députée (Nupes) de la 1re circonscription de la Vienne, encore marquée par les coups reçus à la cuisse et au tibia la veille lors de la manifestation des anti-bassines dans le sud Deux-Sèvres.

« Je leur ai simplement demandé de me laisser passer »

Qu’est-ce qui vous est arrivé exactement ?

Lisa Belucco. « J’étais dans le cortège blanc avec tous les élus et aussi des citoyens de tous âges [il y avait deux autres groupes, N.D.L.R.]. Quand on a pris la route vers la méga-bassine, on s’est rapidement retrouvé face à un premier cordon de sécurité. Je me suis avancée vers des gendarmes, les mains levées en signe pacifique et avec mon écharpe tricolore en bandoulière. Je leur ai simplement demandé de me laisser passer. Mais l’un d’eux m’a bousculée avant de me frapper aux jambes avec une matraque. Les personnes qui étaient avec moi m’ont aidée à me relever et elles ont également été molestées. J’ai réussi à poursuivre jusqu’à la zone de chantier mais je suis restée en retrait. J’ai bien fait quand on a vu l’arsenal utilisé et les lanceurs de balles de défense. Ces armes n’avaient pas leur place ici. »

Allez-vous porter plainte ?

« Je n’ai pas encore décidé de la suite à donner. Pour l’instant, je n’ai pas envie de rentrer dans une forme d’escalade. »

« Jamais, nous n’avions atteint un tel degré de violence »

C’est pourtant ce qui s’est passé ce week-end ?

« J’ai ce sentiment. J’avais déjà participé à deux rassemblements similaires à Mauzé-sur-le-Mignon mais jamais, nous n’avions atteint un tel degré de violence de la part de l’État. C’est même la première fois que je ressens cette insécurité lors d’une mobilisation. A côté de moi, j’ai vu une femme âgée se faire taper alors qu’elle ne présentait aucune menace. Les consignes de Gérald Darmanin étaient claires : il fallait que la situation dégénère. Tout était programmé. C’est un comportement irresponsable. La guerre de l’eau, c’est le gouvernement qui l’a déclarée. »

Des militants cagoulés se sont également signalés par leurs jets de projectiles, leurs tirs de mortiers d’artifice et de cocktails Molotov ?

« Je ne peux pas cautionner ces agissements, c’est évident. Mais c’est bien le gouvernement qui, par son absence de dialogue, a fait germer cette colère et généré ces affrontements. Déployer 1 600 gendarmes et plusieurs hélicoptères pour défendre un trou vide protégé par des grilles, c’est totalement inapproprié et disproportionné. Que craignait la préfecture ? Que nous rebouchions ce cratère de seize hectares avec nos petites mains ? »

« Construire un vrai projet de territoire citoyen »

Mais comment sortir de cette impasse ?

« En construisant un vrai projet de territoire citoyen autour de la question de tous les usages de l’eau. C’est ce travail que devrait conduire l’État au lieu d’avancer à marche forcée dans le mur. Si les bassines crispent autant, c’est parce que ces ouvrages sont synonymes de l’accaparement d’un bien commun au profit d’une minorité d’agriculteurs inféodés à un système agro-industriel qui n’a plus d’avenir. Ils ne vont en rien sécuriser l’accès à l’eau mais au contraire aggraver les tensions autour de l’état de la ressource. Il est urgent de cesser cette folie. »

Julien RENON (Le Courrier de l’Ouest)

source: https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/sainte-soline-79120/manifestation-anti-bassines-frappee-par-un-crs-la-deputee-denonce-une-violence-programmee-cb77fcc0-5844-11ed-bf17-f967f8b93bfc

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