Manifestation contre la réforme des retraites à Quimper : « On finira par aller travailler en déambulateur » ( LT.fr-31/01/23-17h48)

Plusieurs salariés de l’ADMR Le Guilvinec – Treffiagat ont gonflé les rangs de la manifestation quimpéroise, ce mardi matin.
Nouvelle démonstration de force, ce mardi 31 janvier, à Quimper. Entre 12 000 et 13 000 manifestants sont venus dire non à la réforme des retraites. Non, au report de l’âge de départ de 62 à 64 ans.

Deux années à l’échelle d’une vie ? Sans doute pas grand-chose, pourraient dire certains. Pour ces milliers de manifestants opposés à la réforme des retraites, et rassemblés pour la deuxième fois en moins de quinze jours à Quimper, elles ont pourtant un air d’éternité. « On finira par aller travailler en déambulateur », soupire Danielle, 63 ans. La remarque fait sourire dans les rangs.

Le ciel bleu en plus, les parapluies en moins… Mais une image quasi identique à celle du 19 janvier : une place de la Résistance noire de monde, ce mardi matin, à Quimper.
Le ciel bleu en plus, les parapluies en moins… Mais une image quasi identique à celle du 19 janvier : une place de la Résistance noire de monde, ce mardi matin, à Quimper.

La Guilviniste n’a pourtant pas envie de rire. Salariée de l’ADMR depuis une dizaine d’années, elle sait que son parcours personnel va l’obliger à travailler jusqu’à 65 ans. Difficile à encaisser. « Car c’est un métier très pénible et physique. Pour les épaules, pour le corps… Il y a énormément de personnes handicapées qu’il faut lever, coucher, habiller… Et le métier n’est pas du tout reconnu par rapport à ce que l’on fait ».

Dans le cortège, de nombreux participants sont venus manifester « par solidarité ». Notamment, pour tous ceux qui exercent un métier pénible et physique.
Dans le cortège, de nombreux participants sont venus manifester « par solidarité ». Notamment, pour tous ceux qui exercent un métier pénible et physique.

« 64 ans, dans le bâtiment, c’est beaucoup trop »

Une usure que Fernand, venu de Châteauneuf-du-Faou, évoque aussi. Maçon, il a commencé à travailler à l’âge de 16 ans. Alors « 64 ans, dans le bâtiment, c’est beaucoup trop ! ». « Moi, j’ai 56 ans, et je suis déjà presque au bout… On a mal partout ! Au dos, aux épaules, aux genoux ».

Pour la deuxième fois en moins de quinze jours, des milliers de manifestants ont battu le pavé quimpérois pour s’opposer à la réforme des retraites. Pour eux, « 64 ans, c’est niet ». Ils veulent faire
Pour la deuxième fois en moins de quinze jours, des milliers de manifestants ont battu le pavé quimpérois pour s’opposer à la réforme des retraites. Pour eux, « 64 ans, c’est niet ». Ils veulent faire reculer le gouvernement et « profiter de la retraite en bonne santé ».

Ces douleurs, Dominique les connaît bien, lui aussi. Posté sur la rampe du Frugy, il domine ce mardi matin une place de la Résistance noire de monde, quelques minutes avant que le cortège ne se mette en marche. À 47 ans, l’électricien parle de ses problèmes de dos. Des postures qu’il ne peut déjà plus prendre au travail. Un constat qui le pousse à envisager l’avenir différemment. En changeant de voie. « J’aime mon métier… Mais je n’aurai pas le choix », souffle-t-il.

Certains considèrent que la retraite devrait être prise à 60 ans.
Certains considèrent que la retraite devrait être prise à 60 ans.

« Un défi compliqué à relever »

Un peu plus loin, Marielle, 55 ans. Infirmière en Ehpad, elle a commencé à travailler à l’âge de 19 ans. Pour la Quimpéroise, ces deux années supplémentaires s’apparentent à « un défi compliqué à relever ». Elle parle des « journées très difficiles », « 10, 12 heures parfois », des week-ends où elle est seule en poste…

Hommes, femmes, retraités, actifs du privé et du public, lycéens… Un cortège multiple, ce mardi matin, a défilé le long des quais et dans le centre historique, au départ de la place de la Résistance.
Hommes, femmes, retraités, actifs du privé et du public, lycéens… Un cortège multiple, ce mardi matin, a défilé le long des quais et dans le centre historique, au départ de la place de la Résistance. Parmi les slogans diffusés au haut-parleur : « 60 ans, ça suffit ! 64, non merci ». Certains appelaient aussi à la « grève générale ».

« Il faut être en forme, lâche-t-elle. Déjà, aujourd’hui, c’est costaud ! Alors j’essaie de me projeter : est-ce que dans cinq ans, je serai encore capable de faire ce que je fais aujourd’hui ? ».

À Quimper, les manifestants ont refusé de battre en retraite. Ils étaient encore très nombreux, ce mardi, pour le 2e round qui les oppose au gouvernement. « C’est 64 ans aujourd’hui. Ça sera quoi dema
À Quimper, les manifestants ont refusé de battre en retraite. Ils étaient encore très nombreux, ce mardi, pour le 2e round qui les oppose au gouvernement. « C’est 64 ans aujourd’hui. Ça sera quoi demain ? », s’interroge notamment une manifestante.

« On est usé par notre métier »

« Comment je serai à 64 ans ? » C’est aussi ce que se demande Denis ; un chauffeur livreur de 53 ans qui parle avant tout de la fatigue dans son métier. Salarié d’une société de service informatique, David, 47 ans, ne dit pas vraiment autre chose. Lui, le commercial qui fait « pas mal de route ». Pas loin de 50 000 km par an. « Et on sait pertinemment que plus on avance dans l’âge, plus c’est difficile de conduire ».

Les femmes et les mères de famille étaient nombreuses, dans le cortège, à dénoncer l’injustice de cette réforme qui pourrait les pénaliser.
Les femmes et les mères de famille étaient nombreuses, dans le cortège, à dénoncer l’injustice de cette réforme qui pourrait les pénaliser. (Le Télégramme/Sophie Benoit)

« Deux ans de plus, on est contre ! », martèle à son tour Anne, 58 ans, professeur dans un lycée agricole. Ses collègues, Valérie, 56 ans, et Hélène, 59 ans, confirment d’un signe de tête. « On est usé par notre métier, poursuit-elle. Je n’ai pas envie de continuer, continuer, jusqu’à être complètement abîmée ».

13000 le 19 janvier à Quimper. Ils semblent encore plus nombreux ce mardi 31 à manifester contre la réforme des retraites #greve31janvier #quimper pic.twitter.com/SgNYl3XtaR— LeTélégramme Quimper (@TLGQuimper) January 31, 2023

Cette manifestante avait un message pour le président de la République.
Cette manifestante avait un message pour le président de la République.

Sophie BENOIT

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