Mayotte, modèle agricole : la Confédération paysanne fait entendre sa différence (H.fr-8/01/25)

Le cyclone Chido a mis l’agriculture mahoraise à genou. © David Lemor/ABACAPRESS.COM

La troisième organisation agricole en France, derrière la FNSEA et la Coordination rurale, a dévoilé son programme pour les élections aux chambres d’agriculture. Elle appelle aussi l’État à prendre conscience du désastre vécu par les paysans de Mayotte.

Par Stéphane GUERARD.

La colère paysanne n’est pas l’apanage de la Coordination rurale. Après les tentatives de blocage de sa consœur, la Confédération paysanne a à son tour fait entendre sa voix ce mercredi lors de mobilisations dans le Var et au cours d’une présentation, à son siège de Bobigny (93), de son programme pour les élections aux chambres d’agriculture.

L’organisation pour une agriculture paysanne a l’ambition de voir son poids dans l’agriculture française progresser à l’issue du scrutin qui débute mercredi 15 janvier et se clôt le 31 janvier. Son premier objectif d’être largement présente sur tout l’Hexagone et en Outre-mer est déjà atteint : 92 listes ont été déposées pour le collège 1, celui des « chefs d’exploitation et assimilés ».

« On veut des prix rémunérateurs »

La « Conf » aura aussi de « nombreuses listes » dans les collèges 2 (propriétaires et usufruitiers) et 4 (anciens exploitants et assimilés). « Le cap fixé par notre syndicat pour ce scrutin professionnel est de progresser partout : gagner la représentativité pour les uns, dépasser les 30 % ailleurs, gagner la Chambre d’agriculture dans d’autres territoires », explique-t-elle par voie de communiqué.

Ce mercredi, les militants du Var se sont fait fort de promouvoir les revendications de leur syndicat professionnel lors d’un blocage d’une importante plateforme logistique du groupe Leclerc. Arrivés peu avant 5 heures, plusieurs dizaines de manifestants venus des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse, se sont installés pendant plusieurs heures aux accès de la plateforme de frais de la centrale Lecasud située au Luc (Var) avec des tracteurs, camions et bottes de paille, afin de dénoncer « un système dont le seul gagnant est la grande distribution ».

« Tout paysan mérite revenu », « Plus de paysans, moins d’agrobusiness » : de grandes banderoles accrochées sur des tracteurs ou camions-bennes installés en travers de l’entrée et de la sortie du site, résument les leitmotivs de la Confédération. « On refuse les conditions de la grande distribution qui autorise les ventes à perte pour les paysans. On veut des prix rémunérateurs pour pouvoir payer nos charges, nos cotisations sociales et dégager un revenu », a expliqué à l’AFP

Vincent Arcusa, jeune paysan-boulanger à Tourves. La tête de liste dans le Var souligne que « contrairement aux autres syndicats, on ne réclame pas moins de charges parce qu’on veut cotiser. On ne veut pas moins de normes environnementales parce qu’on veut produire qualitativement. On ne veut pas pouvoir utiliser de produits interdits, on ne veut pas revenir en arrière ! »

De vraies aides pour les agriculteurs mahorais

Le syndicat agricole qui ne préside pour l’heure qu’une chambre d’agriculture, celle de Mayotte, a lancé un appel au gouvernement pour accentuer l’aide de l’État en faveur des paysans mahorais dont les terres et bâtis ont été dévastées par le cyclone Chido.

« La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, que nous avons rencontrée ce (mercredi) matin, évoquait une aide de 1 000 euros pour chaque ferme. Ce n’est pas assez pour relancer la production locale », a estimé Christophe Van Hoorne, référent pour l’outre-mer à la Confédération paysanne.

« Imaginez-vous qu’on dise à n’importe quel autre département français, dont toute l’agriculture aurait été détruite par un cyclone, qu’on leur donne juste 1 000 euros ? C’est indécent », s’est emportée Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, qui a défendu une prise en charge à 100 % par l’État de la reconstruction et de la remise en état des « 3 300 fermes locales ».

« Mayotte a besoin de plants, et elle ne pourra pas compter sur ceux de la métropole, inadaptés à la situation locale. Le gouvernement va devoir anticiper la production de plants dans les territoires alentour, et ne nous a pas rassurés sur ce point », a souligné Christophe Van Hoorne. Jugeant pour l’heure insuffisant le projet de loi pour la reconstruction de Mayotte présenté ce mercredi en Conseil des ministres, le militant de la confédération a exhorté la ministre Annie Genevard à se rendre « rapidement » à Mayotte pour mesurer l’étendue du désastre.

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Source; https://www.humanite.fr/social-et-economie/agriculture/mayotte-modele-agricole-la-confederation-paysanne-fait-entendre-sa-difference

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/mayotte-modele-agricole-la-confederation-paysanne-fait-entendre-sa-difference-h-fr-8-01-25/

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