En attendant la reconstruction de Brest après la Seconde Guerre mondiale, des milliers d’habitants devenus sans-abri ont trouvé leur salut dans les baraques, ces logements provisoires qui s’étendaient à perte de vue.
Par Laure Le FUR.
Des rangées de logements provisoires à perte de vue… Voilà à quoi ressemble Brest dans les années 50. Puisque la ville se reconstruit, il faut en attendant reloger tous les Brestois sans-abri, revenus en nombre à la fin de la guerre. En 1949, la ville compte 5 000 baraques, divisées en 28 cités. En voyant ces vastes quartiers géométriques, on s’imagine des logements miteux et des conditions de vie à la limite de l’acceptable. Et pourtant… nombreux sont ceux qui, avec ces baraques, ont un meilleur logement qu’avant-guerre.
Jusque dans les années 70
Même si la vie n’est pas rose tous les jours, l’ambiance dans ces cités est joyeuse, conviviale, festive. De quoi rappeler l’atmosphère des quartiers populaires de l’ancien Brest, que tout le monde croyait disparue avec la guerre. Pas étonnant, donc, que femmes, hommes et enfants s’attachent à cette vie provisoire. D’autant plus que les baraques, solution temporaire au relogement des Brestois, vont avoir une certaine longévité : des cités vont perdurer dans les années 60 et même dans les années 70. De cette époque révolue, ne restent aujourd’hui plus que les souvenirs et photographies de ceux qui l’ont vécue.
Vive la mixité !
Comme ces deux adolescents assis sur le coffre d’une voiture, ils sont nombreux à passer par les baraques brestoises. Beaucoup aiment y vivre pour le sentiment d’égalité qui y règne : qu’on soit ouvrier, ingénieur, professeur ou médecin, tout le monde est logé à la même enseigne. Une mixité sociale et une promiscuité qui favorisent l’échange et l’entraide.
À chacun sa baraque
Construites en panneaux de bois et feutre bitumé, les baraques donnent l’impression de toutes se ressembler. C’est sans compter sur les habitants qui se les approprient et les personnalisent. À l’intérieur, ils refont les peintures, la tapisserie ou abattent des cloisons. Les plus bricoleurs construisent des extensions (garage…) et creusent même des caves.
Intérieur presque tout confort
Dans la cuisine de sa baraque du Bergot, cette femme s’adonne au tricot. À choisir entre les baraques françaises et américaines, les Brestois préfèrent celles d’outre-Atlantique. Plus grandes et mieux équipées avec leur parquet de chêne, leurs nombreux placards, leurs baies vitrées mais surtout… leur baignoire. « Commode pour la toilette, elle était surtout appréciée par les mères de famille qui pouvaient y faire la lessive sans sortir de chez elles », témoigne un ancien habitant des baraques brestoises sur le site Nos souvenirs d’hier.
Carré de terre contre balcon de pierre
Autour des logements provisoires, des jardinets prennent vie comme ici, derrière cette baraque du Bergot. Rarement d’agrément, ces espaces de verdure sont surtout utilisés comme potager. On y ajoute des cabanons de jardin, des clapiers pour lapins ou des poulaillers. Un cadre de vie que ne proposent pas les appartements neufs.
La cité comme terrain de jeu
La vie en baraques, c’est aussi une très grande liberté pour les enfants. Les cités deviennent des terrains de jeu à ciel ouvert pour ces gamins qui passent leur temps dehors. Dans l’immédiat après-guerre, les jeux en extérieur étaient parfois dangereux. Comme le rappelle Roger Faligot dans son livre « Brest l’insoumise », des projectiles ou des bombes non explosées ont provoqué de graves accidents alors que des minots s’amusaient avec.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/mixite-sociale-confort-convivialite-dans-les-annees-50-a-quoi-ressemblait-la-vie-dans-les-baraques-brestoises-lt-fr-27-10-24/