Mobilisation victorieuse des candidats au concours de professeur des écoles dans l’académie de Toulouse (IO.fr-12/09/24)

Rassemblement des candidats au concours de professeur des écoles placés sur « liste complémentaires », au rectorat de Toulouse le 5 septembre, avec les syndicats. Députés présents (de gauche à droite) : Arnaud Simion (PS) ; Antoine Maurice, collaborateur de Christine Arrighi (Ecologie) ; Anne Stambach-Terrenoir, Adrien Clouet, François Piquemal (LFI).(Photo correspondant)

La mobilisation a payé ! Dans l’académie de Toulouse, la totalité des candidats placés sur la « liste complémentaire », après le concours de professeur des écoles, sera finalement recrutée. Notre journal a recueilli les réactions et les explications de plusieurs candidates.

Par la rédaction d’IO.

Au terme des concours de recrutement de professeurs (qui ont lieu au printemps), il est établi une « liste complémentaire » de candidats qui, bien que non admis à l’issue du concours, sont susceptibles d’être finalement admis en cas, par exemple, de la démission, avant le 1er octobre, de candidats admis au concours.

Mais l’enjeu, chaque année, vu le manque de professeurs dans les écoles, est d’exiger l’embauche de tous les candidats présents sur la liste complémentaire. C’est le combat qui a été mené cette rentrée avec succès, dans l’académie de Toulouse, comme nous l’ont raconté des candidates finalement admises à l’issue de cette mobilisation victorieuse. Voici leur interview recueillie par notre correspondant local.

Le recteur a souhaité vous appeler ce matin en tant que représentantes des candidats sur liste complémentaire (LC). Qu’avait-il à vous dire ?

Il nous a annoncé qu’il recrutait toute la liste complémentaire au 1er octobre, faisant le choix personnel de recruter des fonctionnaires plutôt que des contractuels. Il a reconnu un problème de remplacement.

Il n’a pas manqué de louer notre motivation et notre niveau de recrutement et s’est excusé pour les dernières semaines que nous avons vécues, le stress, l’incertitude…

Certains vous ont dit que c’était mort, que le rectorat ne vous recruterait pas. Après cette belle victoire, quel bilan en tirez-vous ?

La leçon à retenir, même pour la vie entière d’ailleurs, c’est que même quand on croit que tout est fini, qu’il n’y a plus d’espoir, il faut se battre, il faut se donner les moyens et tous unis, ça paye.

Toutes nos actions, la pression que nous avons mise et les soutiens que nous avons gagnés ont vraiment fait pencher la balance.

Une belle date ce 12 septembre 2024 ! Nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont aidés et soutenus.

Pourquoi le recrutement de toute la LC était-il indispensable ?

Parmi nous, beaucoup ont un master des métiers de l’enseignement. Nous sommes formés, motivés, passionnés. Nous avons passé un concours exigeant avec une moyenne avoisinant ou dépassant 12/20.

Le recteur fixe un nombre de LC systématiquement insuffisant. Il en profite pour embaucher des CDD (400 en 2023-2024) qui n’ont pas forcément notre formation et qu’il jette à la fin de l’année.

En plus, cette année, le recteur ne voulait recruter que la moitié de la LC, prétextant une « enveloppe budgétaire épuisée » pendant qu’il en était déjà à 160 CDD ! Nous recruter c’est lutter contre la précarisation du métier d’enseignant et assurer la qualité de l’enseignement avec un statut à la hauteur de nos compétences.

Les syndicats mobilisent contre les classes surchargées, les remplacements pour congés maladie non assurés et les classes sans enseignant.

Par sa politique, le gouvernement sacrifie la qualité de l’enseignement et de l’école publique et les élèves sont traités de façon inégalitaire ce qui est contraire aux principes de la République.

Vous êtes mobilisés depuis fin juin. Racontez-nous comment vous vous êtes organisés pour gagner.

Nous avons mené beaucoup d’actions : participé à des réunions syndicales pour nous informer, créé une « conversation de groupe », un fichier commun, une adresse mail, envoyé des mails au rectorat, aux députés de l’académie, aux syndicats, à la FCPE 31, au ministère, aux médias et aux écoles. Nous échangeons avec des LC de toutes les académies.

Dix médias et de nombreux passages radio ont relayé notre message. Nous avons rencontré près de la moitié des députés de l’académie.

Avec l’aide des syndicats, nous avons fait signer une pétition (2 100 signatures), diffusé une lettre à la ministre, avons organisé 3 rassemblements et nous sommes soutenus par 11 députés dont 9 NFP.

Au dernier rassemblement le 5 septembre, 4 députés étaient présents. Le rectorat nous a reçus avec 2 représentants syndicaux et 2 députés : une première, selon un délégué syndical. On a senti qu’il commençait à fléchir. Il a bien compris qu’on ne lâcherait rien.

Vous avez appelé les participants du rassemblement au rectorat à participer au 7 septembre. Quelle importance attachiez-vous à cette manifestation (qui a réuni à Toulouse 10 000 personnes) ?

D’abord nous y avons fait signer le plus de manifestants possible ; nombre d’entre eux étaient informés et avaient déjà signé.

Et puis notre lutte est très liée à la situation politique. Les programmes politiques déterminent les budgets des services publics. Précariser le métier d’enseignant est un choix politique. Il y a 6 ans il n’y avait pas de contractuels dans le 1er degré.

Il faut lutter pour un gouvernement qui applique un programme de défense des services publics et de l’école publique.

Un mot pour conclure ?

Une belle leçon de vie, ensemble on peut gagner !

Propos recueillis par J-C Tarroux, le 12 septembre 2024

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/09/12/mobilisation-victorieuse-des-candidats-au-concours-de-professeur-des-ecoles-dans-lacademie-de-toulouse/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/mobilisation-victorieuse-des-candidats-au-concours-de-professeur-des-ecoles-dans-lacademie-de-toulouse-io-fr-12-09-24/

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