Moratoire sur la pêche au lieu jaune : le cri d’alerte des ligneurs de Bretagne (OF.fr-1/12/23)

Les Ligneurs de Bretagne attendent avec appréhension la future décision européenne sur les quotas de lieu jaune pour l’année 2024. L’espèce est menacée en Manche et dans le golfe de Gascogne.

Mi-décembre 2023, l’Union européenne actera de nouveaux quotas de pêche pour le lieu jaune. Les ligneurs de Bretagne, qui veulent préserver cette espèce menacée tout en continuant à vivre de sa capture, redoutent cette échéance. Ils plaident pour un moratoire avec des dérogations.

Par Julia TOUSSAINT

« Pour le lieu jaune, c’est l’année ou jamais. Il faut écouter les scientifiques et que les choses bougent », plaide Ken Kawahara lors d’une réunion des Ligneurs de la pointe de Bretagne, association dont il est le secrétaire général, ce vendredi 1er décembre 2023 au Conquet (Finistère). Face à lui, une trentaine de professionnels locaux acquiescent.

Beaucoup dépendent exclusivement de ce poisson à la chaire très appréciée pour maintenir leur activité à flot, mais tous constatent une chute drastique des stocks : « Depuis dix ans, la baisse est considérable. Les plaisanciers viennent nous demander où est passé le lieu jaune », décrit Ondine Morin, marin-pêcheuse à Ouessant. « Avant on débarquait 450 tonnes entre février et mars, aujourd’hui c’est à peine 90 tonnes », ajoute un ligneur basé à Audierne.

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Des quotas incohérents

Les pêcheurs à la ligne, qui sont entre 300 et 400 sur la façade nord Atlantique, alertent sur la surpêche de lieu jaune depuis des années. Mais faute de données scientifiques, les quotas demeurent anormalement hauts : 8 000 tonnes autorisées en 2022, alors que les prises plafonnent à 1 558 tonnes…

Le 30 juin dernier, le Conseil international pour l’exploration des mers (CIEM), organe qui émet les avis scientifiques pour la Commission Européenne, a jugé qu’« il ne devrait y avoir aucune capture » de lieu jaune en Manche et mer Celtique en 2024. Autrement dit, un moratoire.

Cette préconisation radicale n’est pas sans rappeler l’interdiction brutale de la pêche au bar, en 2016. Malgré ça, l’espèce n’est toujours pas rétablie. « C’est quand le stock se porte bien qu’il faut prendre des mesures. Mais on attend toujours d’être dos au mur », regrette Ken Kawahara.

Moratoire… avec exceptions

Si les ligneurs bretons s’expriment aujourd’hui, c’est qu’une échéance politique approche : autour du 12 décembre, les ministres de la pêche des États membres de l’Union européenne se réuniront pour décider des quotas alloués en 2024. Ils plaident pour un moratoire, mais avec une dérogation accordée à leur activité : « Cela peut paraître égoïste, mais si on nous interdit le lieu jaune, on ne vit plus. C’est 70 % à 100 % de nos prises. Alors que pour les fileyeurs et les chalutiers, c’est qu’une petite partie de leur activité ».

Réguler « sans étrangler la profession »

Présent à cette réunion, le député finistérien Didier le Gac (Renaissance) tempère : « La pêche va tellement mal, il ne faut pas monter les gens les uns contre les autres ». Même ressenti chez l’eurodéputé brestois Pierre Karleskind (Renew), qui estime que l’Union européenne devrait proposer une régulation forte, mais « sans étrangler la profession ».

Au-delà des quotas, les ligneurs plaident pour deux autres mesures phares : un repos biologique (interdiction totale de pêcher) durant la période de reproduction de février à mars, et l’augmentation de la taille minimale autorisée pour débarquer du lieu jaune, de 30 à 40 cm.

Source: https://www.ouest-france.fr/mer/peche/moratoire-sur-la-peche-au-lieu-jaune-le-cri-dalerte-des-ligneurs-de-bretagne-252b8d94-9053-11ee-8602-1e868188f4e2

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/moratoire-sur-la-peche-au-lieu-jaune-le-cri-dalerte-des-ligneurs-de-bretagne-of-fr-1-12-23/

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