La Banque alimentaire du Morbihan apporte une aide alimentaire indispensable à 3 500 familles. Mais elle doit s’adapter. Et lorgne notamment le surgelé ou les produits d’hygiène.
C’est un maillon essentiel de la solidarité envers les plus fragiles dans le département. Chaque jour, la Banque alimentaire du Morbihan dont le siège est à Vannes (Morbihan) permet de distribuer 8 000 repas à 3 500 familles via les structures partenaires (Centres communaux d’action sociale, associations…) qu’elle approvisionne, tel un grossiste. « Elles nous transmettent chaque trimestre leur nombre de bénéficiaires, les composantes familiales… On constate en cette année 2022 que la situation est stable », assure Eric Fouillaron, président de la Banque alimentaire du Morbihan.
Grande distribution en baisse, industriels en hausse
Si l’on compare à la situation d’il y a trois-quatre ans, ce chiffre de 8 000 repas quotidien serait même en légère diminution. L’explication ? Quelques structures ne se fournissent plus auprès de la Banque alimentaire, comme l’Association lorientaise de distribution alimentaire (Alda) passée sous statut d’épicerie sociale. Elle peut, de fait, récupérer en direct les dons des grandes surfaces de son secteur. « C’est bien, mais il faut avoir la logistique en mètres carrés », précise Eric Fouillaron.
Le président de la Banque alimentaire note une évolution dans la provenance des denrées avec un tonnage, là aussi, stable mais en diminution de la part de la grande distribution et en hausse pour les industriels. Conséquence de la loi Garot qui vise à lutter contre le gaspillage alimentaire et donne la priorité à la prévention, puis aux débouchés en alimentation humaine par le don ou la transformation. Eric Fouillaron analyse : « La grande distribution jette moins. À l’approche de la DLC (NDLR : Date limite de consommation), les aliments sont souvent mis dans des angles de rayonnages avec des étiquettes à – 30 %. Du coup, ce sont des produits que l’on ne voit plus. »
La Banque alimentaire mise aussi pour les dons sur la grande collecte nationale qui se déroulera les 25, 26 et 27 novembre 2022, et qui représente 17 à 18 % des tonnages reçus en Morbihan, soit 180 tonnes. « Ce sont 300 000 repas pour le département. » Sur ce point, l’année 2020 avait été fructueuse avec des donateurs généreux, tendance non confirmée en 2021. « On attend cette année pour voir. Mais l’esprit du don est bien ancré chez le Morbihannais. Ainsi, on reçoit de temps à autre des chèques qui nous aident à acheter de la marchandise qui n’est pas donnée, car nous travaillons en flux tendu. »
Ainsi, en Bretagne, pas question de beurre doux. Il faut donc, à la Banque alimentaire, acheter du beurre salé sur un marché déjà concurrentiel. C’est là que les dons financiers de particuliers ou d’entreprises servent en priorité. « D’ici la fin d’année, il nous faudra acheter 30 à 40 tonnes de produits, soit environ 60 000 € que nous n’avons pas, afin de pouvoir en distribuer. »
Dans cette optique de diversification des dons, l’association travaille avec une association solidaire de Lorient à la mise en place d’une filière de protéines (viande, poisson) surgelées. Une équipe de personnes en réinsertion récupérerait les poissons invendus pour les transformer en filets surgelés. Idem pour les fruits et légumes qui nécessitent une distribution rapide ce qui n’est pas toujours possible. Un travail est là aussi en cours. « Pourquoi pas des préparations de pommes de terre surgelées que l’on pourrait ainsi redistribuer ? »
Les produits d’hygiène, nouveau défi
Par ailleurs, s’appuyant sur sa devise « Ensemble, aidons l’homme à se restaurer », la Banque alimentaire Morbihan a pointé une vraie problématique autour de l’hygiène. Là aussi, un travail se fait afin de développer cette filière lancée l’an dernier autour de plusieurs items : hygiène masculine, féminine, enfant. « Il faudrait ainsi des dons de divers produits : brosses à dents, savon, protections féminines, mousse à raser, rasoir… Mais aussi autour de l’hygiène de la maison. Acheter du produit pour nettoyer son évier peut être dispendieux. » La Banque alimentaire s’adapte aux bénéficiaires et ne peut rester désormais dans l’aide alimentaire pure.
Patrick CROGUENNEC