Morbihan : « Le milieu aquatique n’est pas la variable d’ajustement pour l’eau potable »(OF.fr-26/09/22-7h01)

La Fédération du Morbihan pour la pêche et la protection du milieu aquatique a organisé, en lien avec l’AAPPMA du Loc’h, une demi-journée annuelle d’entretien des rivières qui s’est déroulée samedi à Locmaria-Grand-Champ. Une action d’autant plus importante que cette rivière est le château d’eau de tous les habitants du secteur, de Locqueltas jusqu’à Quiberon.

Des cours d’eau à sec, des rivières sollicitées pour l’eau potable… La Fédération départementale de pêche du Morbihan tire la sonnette d’alarme dans un contexte de déficit pluviométrique durable.

« Le fait marquant, c’est de voir cet affluent de la rivière du Loc’h qui est à sec », note Mathieu Le Levier, coordinateur à la Fédération départementale de pêche Morbihan. En ce samedi 24 septembre 2022, près de deux cents pêcheurs sont au rendez-vous fixé par leur fédération et les vingt-cinq Associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA) dont celle du Loc’h, hôte du jour.

Sur un kilomètre, la rivière du Loc’h a fait l’objet de toutes les attentions de la part des bénévoles ce samedi 24 septembre 2022.
Nettoyées, les berges de la rivière du Loc’h, dévoilent une tout autre apparence.
C’est un travail d’envergure qu’ont accompli les 200 bénévoles.
Près de 200 bénévoles étaient mobilisés pour cette opération de nettoyage des berges de la rivière du Loc’h à Locmaria-Grand-Champ. Habitués à ce genre d’intervention, ils débitent les arbres et réalisent des tas de bûches pour l’agriculteur qui met ses terres à disposition.

Au programme de cette opération d’entretien des rivières qui a lieu une fois par an depuis quarante ans, le nettoyage d’un kilomètre de berges sur la rivière du Loc’h à Locmaria-Grand-Champ (Morbihan) mais aussi du ruisseau de Coët-Candec qui est, lui, à sec. Cet affluent de trois mètres de large voit habituellement couler en son lit, qui serpente dans la campagne locmarienne sur six kilomètres, l’eau sur une profondeur de 60 cm. « C’est la première année qu’il est ainsi. On n’a jamais vu ça ! », se lamente Pierrick Courjal, président de la Fédération départementale de pê che Morbihan.

Le Coët-Candec, un affluent de la rivière du Loc’h est à sec. C’est la première fois qu’une telle situation est enregistrée.
Les pêcheurs ont réalisé une passerelle pour passer au-dessus du Coët-Candec. Un affluent dont, pour l’heure, le lit est totalement à sec sur 6 km.

La conséquence concrète d’un hiver dernier avec une insuffisance pluviométrique et d’un début d’année 2022 où l’on a enregistré 40 % de déficit hydraulique. « Puis, nous avons eu les épisodes caniculaires qui ont mis le milieu aquatique en tension de juin jusqu’à maintenant », précise Robert Holder, directeur de la Fédération de pêche. Qui poursuit : « Et, actuellement, les pluies ne sont pas suffisantes. » Un cocktail météorologique qui inquiète donc pour le futur des 5 000 km de cours d’eau dans le département.

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« On a frôlé la catastrophe à plusieurs reprises »

Corollaire de cette sécheresse sur le milieu aquatique, la Fédération a dû prendre des mesures drastiques. Ainsi, la pêche en première catégorie a été interdite dès le mois d’août dernier pour préserver les saumons et truites surtout dans l’Ouest du département (affluents du Blavet, du Ellé…). Ce manque de débit a débouché sur une augmentation de la température de l’eau et une baisse de l’oxygénation entraînant une surmortalité des espèces salmonicoles.

Pierrick Courjal (au centre), président de la Fédération départementale de pêche du Morbihan, explique l’opération en cours aux différents partenaires.

Dans le même temps, avec une saison touristique exceptionnelle, la consommation d’eau a été supérieure de 9 %. « Cela n’a jamais été aussi fort », souligne Robert Holder. Du coup, ce sont les rivières qui ont été sollicitées pour répondre aux besoins. « On a frôlé la catastrophe à plusieurs reprises notamment les 14, 15 et 16 août. Il aurait suffi d’une journée de plus et nos rivières n’auraient pas supporté cela. Heureusement qu’il y a eu les précipitations. »

La Fédération qui représente les 16 000 pêcheurs morbihannais n’a donc pas manqué de faire entendre sa voix au comité sécheresse en préfecture. « Le préfet a donné la priorité à l’eau potable. On peut le comprendre. Mais ce que l’on déplore en tant que pêcheurs, c’est qu’il n’y a pas eu pour sensibiliser les Morbihannais, de baisse de pression, voire de coupures. Pour nous, il est clair que le milieu aquatique ne peut être la variable d’ajustement pour l’eau potable », prévient le président Pierrick Courjal.

Objectifs atteints puisque des dérogations qui semblaient acquises ont été décalées. Les pêcheurs, dont un sur trois à moins de 25 ans, se veulent constructifs. Et ils rappellent qu’ils sont aussi là pour entretenir la biodiversité, à travers par exemple des actions de nettoyage comme celle menée à Locmaria-Grand-Champ. Ce qui fait dire à Robert Holder : « Les pêcheurs ne sont pas des consommateurs de rivière mais bien des acteurs. »

Patrick CROGUENNEC

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/en-images-morbihan-le-milieu-aquatique-n-est-pas-la-variable-d-ajustement-pour-l-eau-potable-99e9678e-3c01-11ed-96be-e8064f8bb07a

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