Morbihan. Zones humides : « On a payé pour détruire, maintenant on paye pour réparer »(OF.fr-16/03/23)

La Fondation des pêcheurs, une structure reconnue d’intérêt publique vient d’acquérir un terrain à Languidic (Morbihan) pour lui restituer son caractère de zone humide. Ici son président François Le Sager devant la rivière du Rion, un affluent de la ria d’Étel qui va être reméandrer

La Fondation des pêcheurs, une structure reconnue d’intérêt publique et présidée par le Morbihannais François Le Sager, vient d’acquérir un terrain à Languidic (Morbihan) pour lui restituer son caractère de zone humide. Avec la volonté de faire de ce « chantier assez exceptionnel » un exemple.

Un cas d’école. Dans la commune de Languidic (Morbihan), un peu à l’écart du centre-ville, la rivière du Rion, un affluent de la ria d’Étel, tranche le sol d’une ligne qu’on dirait tracée à la règle sur environ 600 m.  Ça ressemble à un boulevard ​, commente aigre-doux François Le Sager.

Ancien haut responsable de la Fédération nationale de la pêche, l’actuel patron de l’Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA) du pays de Lorient préside aussi la Fondation des pêcheurs, qui vient d’acquérir la parcelle.

Méconnue, cette structure reconnue d’utilité publique depuis 2016 –  c’est mon bébé ​, sourit-il – achète des terrains (onze à ce jour) un peu partout en France  dans un souci de préservation des milieux aquatiques ​. Et, accessoirement, pour offrir de nouveaux espaces coins de pêche aux titulaires de la carte.

« L’eau gênait »

Le site de Pont-Kerran, une parcelle de 8 ha, est symptomatique des politiques publiques des années 1970, qui facilitaient les remembrements de terres agricoles. Des redécoupages pensés pour faciliter le passage d’engins de plus en plus volumineux.

 L’eau gênait dans les champs, il fallait l’évacuer ​, continue François Le Sager. Le petit cours sinueux est donc redessiné et, dans le rôle d’éponge, des peupliers sont plantés par l’ancien propriétaire, un agriculteur aujourd’hui à la retraite, avec la bénédiction de l’État. Comme attendu, la zone humide s’assèche.

 Le monde a changé, on a payé pour détruire, maintenant on est en train de payer pour réparer ces erreurs du passé ​, résume François Le Sager. Concrètement, à Pont-Kerran, il s’agit de reméandrer le Rion, c’est-à-dire lui rendre son tracé d’origine.  À cette échelle, c’est un chantier assez exceptionnel ​, assure-t-il.

« En faire un exemple »

Les travaux, démarrés il y a quelques semaines, doivent s’achever à l’automne. Rivière à salmonidés, le Rion devrait retrouver ses truites et saumons, ne plus être à sec à la première contrariété météorologique, redonner aussi de la vie à l’aval, etc. Le coût estimé de l’opération dépasse les 100 000 €, financés principalement par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne aidée par quelques collectivités.

 On veut en faire un exemple, on ne sera pas jaloux que d’autres le fassent ​, lance François Le Sager. Car si la contribution financière de sa fondation apparaît modeste (30 000 € pour l’achat de la parcelle, sur un budget annuel de 350 000 €), rien n’aurait pu se faire sans elle.  Les collectivités sont en train de revoir leur stratégie foncière,​informe celui qui se dit fier de la contribution des pêcheurs à l’intérêt général. Mais, pour le moment, ce n’est pas vraiment dans leurs attributions, c’est un frein. 

Maxime LAVENANT

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/languidic-56440/morbihan-zones-humides-on-a-paye-pour-detruire-maintenant-on-paye-pour-reparer-002f4bec-c28c-11ed-88ce-5eefbb0a1a52

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