Par Jean-Marc CORNUAILLE
Ségolène Amiot, députée LFI de la 3e circonscription de Loire-Atlantique, s’est rendue au centre de détention de Nantes, vendredi 16 juin 2023. L’occasion de rencontrer des détenus et de s’intéresser aux problématiques des droits des personnes détenues.
« Bonjour, je suis députée et je viens exercer mon droit de visite. » Il est 15 heures, vendredi 16 juin 2023, quand la parlementaire LFI de la 3e circonscription de Loire-Atlantique se présente au centre de détention, où sont incarcérés les condamnés dits définitifs et les longues peines. Carte de députée à la main, Ségolène Amiot demande à être reçue par la direction. Il peut y avoir quelques minutes de panique quand on arrive
, sourit celle qui essaye de programmer une visite par mois »,
et qui était accompagnée ce jour-là, d’une journaliste de l’Observatoire international des prisons (OIP). Nous ne sommes pas nombreux à avoir cette possibilité et c’est un sujet qui me tient à cœur
, explique l’élue.
« Balancer en prison, c’est signer son arrêt de mort », glisse un détenu
L’objet de la visite du jour, le respect du droit des personnes détenues de correspondre avec les élues pour les alerter sur les conditions réelles de détention ».
Durant une incarcération, il est en effet possible d’écrire à n’importe quel député en envoyant un courrier qui ne sera ni lu ni affranchi
, précise-t-elle. Le sujet est abordé avec un membre de la direction dès les premiers échanges. À ma connaissance, c’est bien rodé. Quand il y a un problème, le parquet nous saisit de toute façon et là on n’est pas au courant.
Cette venue est aussi l’occasion de jeter un œil aux conditions de détention sans protocole ni comité d’accueil. La députée peut d’ailleurs aller où bon lui semble. J’aimerais me rendre dans le bâtiment D
, indique-t-elle. Il s’agit d’une aile dans laquelle toutes les cellules sont ouvertes. Les détenus peuvent se promener jusqu’à un patio. Il faut avoir montré patte blanche pour être à cet endroit
, souffle un homme incarcéré. À l’écart, un homme évoque ses difficultés. C’est une honte de devoir faire appel à vous mais j’ai été frappé. J’ai perdu 17 dents.
Nous n’en dirons pas plus pour lui éviter d’autres soucis. Balancer en prison, c’est signer son arrêt de mort
, explique-t-il.
Un peu plus loin, au détour d’un couloir, il est question de nourriture. Franchement, la gamelle, c’est immangeable ici
, formule l’homme qui travaille 155 heures par mois pour un salaire de 330 €. Pour un autre, c’est la facture de téléphone qui ne finit plus de grimper. J’en ai pour 200 € par semaine
, peste-t-il. Les détenus peuvent en effet utiliser un téléphone à certaines conditions. Les numéros des lignes à contacter sont enregistrés et
des justificatifs doivent être fournis.
Le tarif est assez exorbitant et Ségolène Amiot réfléchit à des solutions.
Un bâtiment mal isolé
L’isolation pose également souci. L’été dernier, il faisait jusqu’à 42 degrés. L’hiver c’est l’inverse
, et les problèmes d’électricité le week-end sont plus difficilement résolus. Les frigos et la télévision restent donc éteints en attendant l’intervention. Autre sujet, autre aparté, la circulation des personnes à mobilité réduite. Un détenu en fauteuil ne peut pas aller à toutes les activités ni jusqu’aux équipements sportifs dans la cour, à cause des graviers. Je suis preneur des infos sur les prochains travaux prévus, savoir s’ils ont été budgétés
, demande l’élue, au moment de quitter les lieux.
Preuve que même « en retrait » de la société, les problématiques sont identiques.
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