Nantes-Dans les hôpitaux publics, un nouvel été au forceps (OF.fr-31/07/23)

Yoann Rouvière, secrétaire CGT au sein de l’hôpital Laennec à Saint-Herblain.

Par Yan GAUCHARD (Presse Océan)

Le CHU de Nantes compte actuellement moins de lits fermés que durant l’été 2022. Mais les arrêts maladie bondissent, notamment dans les Ehpad. La faute au manque d’effectifs. Souffrance à la clé.

Comment se porte l’hôpital public à l’heure du grand rush des vacances ? Les diagnostics sont partagés. La situation demeure assez catastrophique , à en croire Yoann Rouvière, secrétaire CGT à l’hôpital Laennec (Saint-Herblain). L’élu syndical dresse un tableau noir de la situation :  L’an passé, il y avait la volonté délibérée de fermer des lits pour préserver les vacances des personnels et faire baisser la pression. Là, la volonté est de maintenir au maximum le capacitaire. Sur le papier, c’est très bien. Sauf que, comme il n’y a toujours pas assez d’effectifs, le personnel se retrouve en souffrance. 

« Il n’y a toujours pas assez d’effectifs, le personnel se retrouve en souffrance »

La direction du CHU de Nantes livre une analyse plus réconfortante. Elle vante la campagne active de recrutements  orchestrée en amont  pour assurer une continuité d’activité et une qualité de prise en charge des patients . Et se réjouit effectivement de voir moins de lits fermés en cette période estivale  qu’à la même époque en 2022.

Sur un total de 2 440 lits,  seule une quarantaine de lits de médecine et chirurgie est fermée , contre 250 en MCO (médecine chirurgie obstétrique) en août 2022. Une cinquantaine de lits de réadaptation et de long séjour (dont des Ehpad) est également « gelée ».  À ce jour, moins de 4 % du capacitaire total  est ainsi touché.

Reste cet état de fait : dans les services, notamment les Ehpad, le rythme est infernal. Les arrêts maladie, qui avaient diminué, repartent dangereusement à la hausse depuis juin, selon la CGT, ce que ne conteste pas la direction du CHU, qui se garde de donner le moindre chiffre en la matière.

Les plannings des soignants font l’objet d’ajustements incessants, des repos hebdomadaires sont déplacés ou sautent pour tenter de compenser les manques. Avec à l’arrivée, cercle vicieux, des personnels essorés qui craquent, parfois, à leur tour.

À Laennec, le secteur de l’ordonnancement, en charge de la gestion des lits et de la programmation des patients, est  sous l’eau , selon le mot de Yoann Rouvière. Le seuil d’alerte du service, qui se situe autour de 300 patients en attente d’examen ou d’hospitalisation, aurait largement été dépassé en ce mois de juillet,  900 patients en attente ayant été recensés en début de mois .  Concrètement, cela signifie qu’avant même que l’on commence à traiter les patients il y a un goulot d’étranglement avec à la clé, inévitablement, des difficultés à prioriser les pathologies , soupire l’élu CGT. Interrogé sur ce point, le CHU reste muet.

Heures sup’qui s’envolent

La facture des heures supplémentaires du CHU a plus que doublé en un an (9,6 millions d’euros déboursés pour 310 000 heures supplémentaires effectuées en 2022). Effet ricochet ? Le nombre de démissions a bondi (121 en 2022, soit + 46). « On n’a pas les équipes dimensionnées pour la charge de boulot demandée alors qu’on est déjà dans un contexte d’épuisement professionnel généralisé, ainsi que l’a relevé le service de santé au travail , alerte Yoann Rouvière.

Le dernier rapport du service de santé au travail du CHU livre un diagnostic implacable.

Le rapport accablant de la médecine du travail

Dans son dernier rapport, le service de santé au travail du CHU de Nantes tire la sonnette d’alarme. Plus prégnants, les risques psychosociaux menaçant la santé des personnels sont qualifiés d’ extrêmement préoccupants . Ils  touchent toutes les catégories socioprofessionnelles, se traduisant par une augmentation des situations d’épuisement professionnel et de l’absentéisme maladie . Ainsi, 288 322 jours d’arrêt pour motifs médicaux ont été comptabilisés l’an passé hors médecins, contre 259 466 jours en 2021. Soit 28,91 jours d’absence par agent.

Les professionnels  font état d’une majoration de la charge de travail en lien avec le sous-effectif important et chronique mais aussi de dysfonctionnements organisationnels et d’une instabilité des équipes .

En parallèle,  la perte de sens au travail, la perte de confiance dans l’institution et les conflits de valeur s’exacerbent, avec le sentiment de non-écoute des alertes émanant des équipes comme des encadrants .

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/dans-les-hopitaux-publics-un-nouvel-ete-au-forceps-31092616-2583-11ee-bf48-f73cfda37352

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/nantes-dans-les-hopitaux-publics-un-nouvel-ete-au-forceps-of-fr-31-07-23/

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