Nantes-Handicap à l’école : « Je soutiens la grève des accompagnants à 100 % » (OF.fr-3/10/23)

Juliette, 9 ans, avec sa mère, Marjolaine Jouin. En CM2 à l’école de la Mutualité, à Nantes, la fillette malvoyante devrait bénéficier de la présence d’une accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) neuf heures par semaine. Elle n’en a que six pour le moment.

Par Stéphanie BAZYLAK

Marjolaine Jouin est la mère de Juliette, 9 ans, et Lucien, 6 ans. Malvoyants tous les deux, ils bénéficient d’un accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) à l’école. Ce mardi 3 octobre, un appel national à la grève est lancé pour soutenir la profession malmenée.

C’est la première fois qu’elle fait la démarche de contacter une rédaction. « J’en ai marre de voir que rien ne change pour les AESH, je les soutiens à 100 % dans leur grève », lâche Marjolaine Jouin. Les accompagnants d’élèves en situation de handicap, cette mère de deux enfants malvoyants les connaît bien.

Sa fille Juliette, 9 ans, vient d’entrer en CM2 à l’école de la Mutualité, quartier Chantenay, à Nantes. Depuis 2019, elle bénéficie de six heures d’aide humaine mutualisée par semaine, ce qui signifie qu’elle partage une AESH avec d’autres enfants porteurs de handicaps de l’école.

De précieuses heures durant lesquelles une personne retranscrit toutes les informations auxquelles la fillette, qui ne voit pas au-delà d’un mètre, n’a pas accès. Des indications notées au tableau par la maîtresse aux signes que peuvent lui faire ses camarades. C’est elle également qui l’accompagne dans le nouvel apprentissage de l’ordinateur qu’elle devra utiliser au collège l’année prochaine.

« C’est la roulette russe »

Cette année, Juliette a dû attendre trois semaines avant de bénéficier de cette assistance. « Et encore, elle n’a toujours pas toutes ses heures (elle devrait en avoir neuf, NDLR). Les AESH, c’est la roulette russe : on ne sait pas qui on va avoir, si on va en avoir ni combien d’heures », résume Marjolaine Jouin. Pour Lucien, 6 ans, le petit dernier de la famille, les heures ont été affectées dès le premier jour de son entrée en CP, dans la même école que sa sœur. « On est bien loti parce que son handicap n’est pas discutable, on ne peut pas dire que ça va aller mieux », glisse sa mère.

Son handicap étant plus lourd, il bénéficie d’une AESH à plein temps, 24 heures par semaine. « Mais quatre personnes se sont relayées pendant trois semaines avant qu’une AESH lui soit dédiée, précise Marjolaine Jouin. La rentrée, c’est déjà stressant mais pour un enfant handicapé, le stress est double, c’est très inconfortable. »

« Si peu considérées et mal payées »

Comme tous les élèves de CP, Lucien apprend à lire et à écrire. La différence, c’est qu’il le fait en braille, le système d’écriture à points saillants pour personnes aveugles. Il bénéficie donc d’une aide supplémentaire, deux fois par semaine, d’une enseignante spécialisée. « C’est auprès d’elle que son AESH s’est formée au braille l’année dernière, précise Marjolaine Jouin. Nos AESH n’ont jamais été formées et découvraient le handicap de nos enfants le jour de la rentrée. C’est violent d’arriver auprès de quelqu’un pour l’aider sans savoir comment faire. »

Pour éviter cet écueil, la famille avait demandé pour la rentrée 2023 la même accompagnante que l’an passé pour Lucien. « Elle aussi a fait la même demande. » En vain. « Sans que l’on sache pourquoi ce n’est pas elle », déplore Marjolaine Jouin. La mère de famille espère que le mouvement de grève pourra alerter sur les conditions « déplorables » dans lesquelles les AESH travaillent. « Pas étonnant qu’on ait du mal à recruter des gens sur ce poste, elles sont si peu considérées et si mal payées. Elles sont pourtant la condition sine qua non à l’inclusion ».

L’école de la Mutualité du quartier Chantenay, à Nantes, compte huit AESH pour 29 enfants reconnus par la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) sur 347 élèves. Douze suivent leur scolarité en classe Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire), les dix-sept autres dans un cursus classique, avec l’aide d’une AESH individuelle ou collective (sauf un qui n’a pas besoin d’assistance). Depuis ce lundi 2 octobre, tous en ont une.

« Le nombre d’AESH est en constante augmentation, 180 postes ont été créés pour la rentrée 2023 », se félicite le rectorat. « Le problème c’est que l’État n’arrive pas à recruter, déplore Annabel Cattoni, secrétaire Snuipp-FSU. Les AESH sont mal payées (un peu plus de 800 € net par mois pour un contrat de 24 heures) et font face à des enfants aux problématiques de plus en plus compliquées, il y a beaucoup de souffrance ». Plusieurs syndicats, dont CGT éduc’action, FO, FSU, Snalc, SNCL, Sud éducation, appellent à une journée de mobilisation, ce mardi 3 octobre. « C’est un mouvement national destiné à cette profession, souvent invisibilisée lorsqu’il s’agit d’un mouvement de grève général », précise Annabel Cattoni.

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/handicap-a-lecole-je-soutiens-la-greve-des-accompagnants-a-100-pourcent-d4035be0-6104-11ee-a34c-eb9c49c0487f

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/nantes-handicap-a-lecole-je-soutiens-la-greve-des-accompagnants-a-100-of-fr-3-10-23/

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