Nantes. La psychiatrie est en danger, alertent des soignants (OF.fr-7/05/23)

Une file symbolique pour dénoncer des délais d’attente « de plus en plus grands ». À droite, la pédopsychiatre Marion Haudy.

Par Isabelle MOREAU

Pas assez de moyens, a dénoncé, samedi 6 mai, Psychiatrie collectif 44, lors d’une manif à Nantes. Ils étaient environ 200 professionnels à dire leur inquiétude dans la rue.

« Je veux mourir. » « Ma fille ne mange plus et se scarifie. » « Mon enfant ne parle pas »… Samedi 6 mai, à Nantes, impossible de ne pas être remué devant les pancartes déployées par les manifestants, à l’appel de Psychiatrie collectif 44 (plus de 500 adhérents).Quelque 200 soignants du public ont dénoncé un système de soins psychiatrique à bout de souffle, faute de lits et de personnel. Pourtant, les troubles psy augmentent chez les mineurs. « Climat, Ukraine, Covid… La souffrance sociétale est en hausse. La psychiatrie a de plus en plus à répondre : les moyens ne sont pas là », martèle le collectif.

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Selon le degré d’urgence, les patients peuvent attendre des mois voire plusieurs années avant d’être pris en charge. « Il y a deux ans, quand un enfant de 8 ans avait fait une tentative de suicide, il était reçu le mois suivant. Aujourd’hui, il peut attendre jusqu’à huit mois », alerte Marion Haudy, 33 ans, pédopsychiatre dans un centre médico-psychologique nantais.« C’est pareil aux urgences psychiatriques, renchérit sa consœur Delphine Didelot, 41 ans. De nombreux jeunes suicidaires sont renvoyés chez eux par manque de place. Ou bien, quand c’est le seul moyen de les protéger, ils sont hospitalisés en psychiatrie adulte, ce qui n’est pas adapté. »Les deux médecins se disent atterrées par la situation « catastrophique » de la psychiatrie en France : « C’est terrible, on se retrouve à trier les patients. En psy, trier, ça veut dire danger de mort. »Faire de la prévention, « pourtant capitale », elles n’en ont plus le temps. Pareil pour le soin cousu main. « On est devenus maltraitants malgré nous. » Un comble pour des soignants.Dans le privé, assure Psychiatrie collectif 44, ce n’est pas mieux : « Le libéral est lui aussi saturé ou bien trop coûteux. » Mardi, à Paris, la délégation qui rencontrera le délégué à la santé mentale du ministère de la Santé aura beaucoup à dire.

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-la-psychiatrie-est-en-danger-alertent-des-soignants-967fbfb6-ecf6-11ed-9aa3-5466c0141a2c

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