Étudiants et salariés font front commun contre la réforme des retraites. Ils commencent à s’organiser pour renforcer, ensemble, le mouvement. Une première assemblée générale commune a eu lieu ce jeudi 9 mars, campus Tertre.
Accrochée devant la table de la tribune, une grande banderole : « Gare aux étudiants en colère ». Des drapeaux que l’on ne voit pas habituellement sur le campus flottent dans le hall du bâtiment Censive, à Nantes. Plusieurs cheminots ont quitté la gare pour la fac. Des postiers, des agents territoriaux, des enseignants, des étudiants infirmières, des lycéens… sont là aussi. Au total, quelque 300 personnes pour une assemblée générale (AG) interpro et étudiants. De quoi donner un regain d’énergie aux étudiants mobilisés qui peinaient, ces derniers jours, à rassembler un peu plus d’une centaine de personnes. On a connu foule nettement plus dense que ce jeudi 9 mars lors d’AG étudiante. Mais la mobilisation massive de mardi 7 mars contre la réforme des retraites a filé le moral à tout le monde. Tout comme ce rapprochement entre les travailleurs et la jeunesse. « Un truc de Ouf », se réjouit un étudiant. Le début, disent-ils, d’une convergence qui ne peut que renforcer le mouvement.
« Il faut se coordonner, faire des liens. Aujourd’hui, c’est un premier pas », lance un enseignant-chercheur en socio. Comment ? En allant sur les piquets de grève des uns et des autres, en se projetant ensemble sur les jours à venir, énumère-t-il. Applaudissements dans l’assemblée et vigueur dans les prises de parole.
« Il faut que chaque secteur vienne appuyer les autres avec des moments forts, dit aussi Gaëtan Papillon, co-secrétaire départemental de CGT Éducation. Ça commence à se structurer. Avec les jeunes, ça peut faire la bascule. »
« Quand vous êtes là, on gagne »
Un cheminot liste leurs revendications qui vont au-delà de la réforme des retraites : augmentation des salaires, égalité des salaires hommes-femmes… Et rappelle que lors de l’AG du matin, ils ont reconduit la grève pour 24 heures. Du côté de l’éducation, outre la manifestation intersyndicale de samedi, « on a décidé de se mobiliser les 14,15 et 16 mars », indique Bernard Valin, de la FSU.
La suite ? Jeunes et plus âgés, tous sont d’accord. « Il faut qu’on accélère. » « Les journées de grève sont fortes, puissantes, mais ça ne suffit pas, estime un postier syndiqué chez Sud. Le 15 mars, on va prévoir des blocages. Il faut que le mouvement étudiant fasse pareil. Qu’il bloque, puis vienne en manif. »
Des délégations d’étudiants se constituent pour se rendre aux différentes assemblées générales des secteurs. Une liste où inscrire son nom et son numéro de téléphone circule dans les rangs, pour que représentants étudiants et salariés se tiennent au courant des actions menées. Dès ce vendredi matin, des étudiants devraient se rendre en soutien sur des piquets de grève.
« Quand vous êtes là, on gagne, lance Mathilde Perrache, porte-parole de Sud Solidaires. Rappelez-vous, on a gagné contre le CPE. Ça peut vous sembler loin la retraite, mais il faut que vous vous empariez pleinement de cette lutte et que vous soyez nombreux dans la rue. »
Galvanisée, une partie de l’assemblée, étudiants et salariés, est partie débrayer les amphis. « La jeunesse est très importante dans un tel mouvement, souligne la porte-parole de Sud Solidaires. L’avenir, c’est eux. Et ils sont aussi concernés. Ils apportent leur soutien aux différents secteurs où ils ne vont pas tarder à postuler. Le couperet de la retraite et des conditions de travail, ils y seront confrontés. » Une autre assemblée générale interpro et jeunesse est prévue mardi 14 mars, à midi.
Yasmine TIGOÉ.
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