« Non Roussel, tu n’es pas un camarade » (IO.fr-21/09/23)

Edouard Philippe et Fabien Roussel

Par Daniel SHAPIRA

Les cris scandés par ces milliers de jeunes ont quasiment fait oublier les rodomontades de Fabien Roussel, largement relayées par les médias complaisants, lorsqu’il a appelé à « envahir les préfectures ».

En effet, personne n’a cru une seconde au sérieux de ces appels multipliés depuis le mercredi 13 septembre.

Et pour cause ! Car cet appel de Roussel faisait suite à son appel commun dans une tribune de Libération avec Sacha Houlié, le président macroniste de la commission des lois de l’Assemblée nationale, et de nombreux autres députés Modem, PS, EELV à régulariser des immigrés travaillant dans des métiers en tension.

Roussel d’accord avec une aile de la macronie

Cette tribune signée par Roussel visait à venir au secours de Macron en proie aux plus grandes difficultés sur son projet de loi immigration.

« Envahir les préfectures » après avoir passé un accord avec une aile de la macronie, qui pourrait y croire ? Roussel, qui ne cesse de dire que « la Nupes est dépassée » et qui se prononce contre une liste d’union de la Nupes aux élections européennes, préfère un programme commun avec Houlié et une aile de la macronie.

On comprend le cri des milliers de jeunes « Non, Roussel, tu n’es pas un camarade ». D’ailleurs, il n’y a pas eu que ces jeunes.

Dès le début de la fête de l’Humanité, des jeunes de la Nupes (jeunes socialistes, EELV et Insoumis) ont interpellé Fabien Roussel sur son choix de refuser une liste commune Nupes aux élections européennes. Répondant à cette interpellation, Fabien Roussel leur a déclaré : « Nous n’avons pas les mêmes priorités pour la France. » C’est sûr que les priorités de Roussel sont plutôt tournées vers l’accord avec Sacha Houlié de la macronie.

Mais cette interpellation, lors du déjeuner de presse à la fête de l’Humanité, a néanmoins perturbé Fabien Roussel qui a bougonné : « Ça s’appelle un kidnapping de conférence de presse ».

Mais durant cette fête de l’Humanité, journal qui n’est plus depuis 1999 l’organe du Parti communiste français, il n’y a pas eu que les jeunes de la Nupes ou les jeunes du concert du samedi soir pour critiquer Fabien Roussel, secrétaire général du PCF.

En compagnie de « l’éborgneur » Édouard Philippe…

En effet, la présidente du groupe PC au Sénat, Éliane Assasi, a condamné les déclarations de Fabien Roussel en disant : « L’appel de Fabien Roussel à envahir les préfectures, c’est non ».

Et elle a ajouté son désaccord avec la tribune commune signée avec Sacha Houlié : « Non, je ne l’aurais pas signée. (…) J’ai toujours milité en faveur de la régularisation de tous les sans-papiers, qu’ils travaillent ou pas. J’ajoute que, dans le fameux article 3 qui comprend le volet sur les métiers en tension, il est prévu qu’ils obtiennent une carte de séjour valable un an. C’est insuffisant. Ça peut même être contreproductif. »

Et au début du débat de Fabien Roussel avec Édouard Philippe, un jeune, a pris le micro. Il a crié : « Édouard Philippe a sévi durant le mouvement des Gilets jaunes ; il a fait couler le sang ; il n’a rien à faire ici. C’est un éborgneur ! », avant d’être chassé manu militari par le service d’ordre.

Décidément, on ne peut pas dire que Fabien Roussel ait recueilli un large assentiment à l’occasion de cette fête de l’Humanité. Dès lors, on peut s’interroger : pourquoi cet appel de Fabien Roussel à « envahir les préfectures » ?

… et Darmanin

Un autre passage de Fabien Roussel lors d’une émission de Franceinfo du jeudi 14 septembre, donne la réponse. Avant d’appeler à envahir les préfectures, il a déclaré : « Je ne participerai pas à la manifestation du 23 septembre. Je n’ai pas envie de manifester en entendant autour de moi ce slogan “tout le monde déteste la police”. Ce n’est pas vrai, je ne partage pas ce slogan. »

La radicalité de l’appel de Roussel à envahir les préfectures se dégonfle comme une baudruche. Depuis la manifestation de mai 2021 avec les syndicats de police et Darmanin, Fabien Roussel n’a jamais caché son soutien aux forces de police. Qu’elles tuent et mutilent des jeunes ne le dérange pas. Mais l’appel à manifester le 23 septembre, que combat Fabien Roussel, a été signé par plus de 100 organisations, dont notamment la CGT et LFI, ce que ne peut supporter Fabien Roussel. Ce qui explique sa rage contre la manifestation du 23 septembre.

Il n’en reste pas moins que malgré Fabien Roussel, plus de 100 organisations appellent à manifester le 23 septembre.

Et comme ont dit des milliers de jeunes : « Non, Roussel, tu n’es pas un camarade ».

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/09/21/non-roussel-tu-nes-pas-un-camarade/

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