« Notre père avait le cœur sur la main » : à Brest, un hommage au résistant Carlo De Bortoli. ( OF.fr – 21/08/22 – 18h34 )

Le carré militaire du cimetière de Kerfautras à Brest où reposent 1 547 militaires tombés lors des deux dernières guerres mondiales.
Le carré militaire du cimetière de Kerfautras à Brest où reposent 1 547 militaires tombés lors des deux dernières guerres mondiales.

Il y a 80 ans, le résistant communiste Carlo De Bortoli est mort à 33 ans, fusillé par les Allemands, durant la Seconde Guerre mondiale. Lundi 22 août 2022, un hommage lui sera rendu au cimetière de Kerfautras, à Brest (Finistère). Ses deux enfants, Sonia Fraquet et Edgard De Bortoli, seront présents. Ils témoignent.

Témoignage

« Mon père avait le cœur sur la main, sa générosité n’avait pas d’égale, lâche Sonia Fraquet. La guerre m’a privée d’un père irremplaçable ». Son père, Carlo De Bortoli, a été fusillé par l’occupant Allemand, il y a 80 ans, le 22 août 1942. À l’âge de 33 ans. Il laisse derrière lui, une femme et deux enfants.

Quatre mois plus tôt, le 28 avril 1942, avec trois autres résistants du parti communiste français (PCF), Carlo De Bortoli, ouvrier dans le bâtiment, sillonne les rues de Brest pour se rendre à une réunion clandestine : il faut organiser la résistance. Il gère notamment un groupe de l’Organisation spéciale (OS) du Parti communiste, qui effectue des sabotages sur les chantiers.

L’arrestation à Brest

Mais sur leur route, les quatre résistants tombent nez à nez avec deux policiers et sont arrêtés. Ce soir-là, Carlo De Bortoli tient une valise. L’objet est réquisitionné par la police qui y découvre du papier blanc.

« Ils comptaient en faire des tracts pour la Résistance, raconte Gildas Priol, spécialiste des mouvements de résistance dans le pays de Brest. Mais dans les faits, le policier ne trouve aucune preuve réelle pour accuser Carlo De Bortoli. »

« Les policiers écrivent une fausse déclaration »

Malgré tout, le jeune émigré italien, dont la famille a fui le fascisme de Mussolini en 1925, est arrêté pour détention de matériel de résistance. « Les policiers écrivent une fausse déclaration qui accable Carlo De Bortoli, indique Gildas Priol. Ses amis résistants brestois menacent le policier qui a rédigé la fausse déclaration pour qu’il se rétracte. Mais le policier ne change pas d’avis. Il sera la cible de deux tentatives d’assassinats, auxquelles il survivra. »

Pour Carlo De Bortoli, le procès tourne mal. Le 15 mai 1942, il est condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Brest pour propagande anti-allemande, sabotages dans une base navale, et actes de franc-tireur.

« Vous direz à maman qu’il y a de l’espoir »

Sonia Fraquet, fille aînée de Carlo et Aline De Bortoli, avait à peine huit ans quand son père a été arrêté. « Avec ma mère et mon frère, nous sommes allés à la prison de Quimper, se souvient-elle. On arrivait à Quimper avant midi et en début d’après-midi, on pouvait le voir. Maman ne pouvait pas l’approcher mais il nous disait : « Vous direz à maman que tout va bien, qu’il y a de l’espoir. »

Son petit frère, Edgard De Bortoli, avait trois ans. « Je n’ai pas de souvenirs de lui, c’est ma mère, résistante elle aussi, qui m’a raconté », explique-t-il. Pupille de la nation, il a été dispensé de la guerre d’Algérie mais a tout de même fait son service militaire. « J’ai décidé de le faire en Allemagne… »

« Indemniser tous les orphelins de guerre »

Plus tard, devenu professeur, Edgard De Bortoli s’investit en parallèle dans une association pour orphelins, en Bretagne.

« Le 13 juillet 2000, le gouvernement de Lionel Jospin a promulgué un décret instituant une mesure de réparation pour les orphelins dont les parents avaient été victimes des persécutions antisémites de la barbarie nazie. Mais quid de tous les autres ?, interroge Edgard De Bortoli. J’ai milité pour un nouveau décret qui indemniserait tous les orphelins de guerre, sans distinctions. »

Le 27 juillet 2004, un nouveau décret prévoit l’indemnisation des orphelins pouvant apporter la preuve irréfutable que l’un de leurs parents est mort en déportation ou a été fusillé ou massacré pour des actes de résistance ou pour des faits politiques.

Un hommage au cimetière de Kerfautras, à Brest

Ce lundi 22 août, avec le comité du Finistère de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR), les enfants De Bortoli rendent hommage à ce grand résistant.

Un temps de recueillement sous la forme d’une cérémonie publique est organisé devant la sépulture des époux De Bortoli, au cimetière de Kerfautras lundi 22 août 2022 à 11 heures.

Source : « Notre père avait le cœur sur la main » : à Brest, un hommage au résistant Carlo De Bortoli (ouest-france.fr)

Auteur : Amandine CREFF

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