« On craint la casse » : la construction de logements neufs chute en Bretagne, le secteur s’inquiète (OF.fr-9/06/23)

Avec 26 700 logements (individuels et collectifs) autorisés en mars 2023, la Bretagne compte 10 100 permis de construire en moins qu’à la même période il y a un an.

Par Laetitia JACQ-GALDEANO & Olivier MELENNEC

Avec 26 300 logements (individuels et collectifs) autorisés en avril 2023, la Bretagne compte 10 100 permis de construire en moins qu’à la même période il y a un an. Les mises en chantier de logements neufs ont elles aussi reculé de 21,7 %. De quoi alarmer les grands groupes et les artisans.

Après deux années de croissance insolente, le secteur du bâtiment breton (8 milliards de chiffre d’affaires, 60 000 salariés) affronte un retournement du marché dans le neuf, avec la chute des permis de construire depuis un an. Avec 26 300 logements (individuels et collectifs) autorisés en avril 2023, la Bretagne compte 10 500 permis de construire en moins qu’à la même période il y a un an (36 800, un record). Les mises en chantier de logements neufs ont elles aussi reculé de 21,7 % par rapport à la même période en 2022. De quoi alarmer les grands groupes et les artisans.

« Les derniers chiffres en matière de permis de construire nous inquiètent, confie Stéphane Le Teuff, président régional de la Fédération française du bâtiment (3 500 entreprises), où la rénovation a représenté 52 % du chiffre d’affaires des entreprises en 2022. Depuis un mois et demi, nous sommes dans le rouge. Il y a une crise de l’accès au crédit qui s’ajoute à l’inflation sur tous les produits, à la hausse du coût de l’énergie, à la pénurie de certains matériaux – le bois en particulier – et au manque de foncier disponible. Des promoteurs voient leurs demandes de prêts refusées. Beaucoup de primo-accédants ne peuvent plus se permettre d’investir dans une maison. »

Lire aussi : Achat, location, emprunt… Pourquoi la crise du marché immobilier se poursuit-elle ?

Selon la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), le marché de la rénovation et de l’entretien a permis de maintenir l’activité des artisans bretons.

Une croissance en trompe-l’œil

Même inquiétude dans l’artisanat du bâtiment (près de 9 200 entreprises). La dernière enquête de conjoncture de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) montre une progression de 2 % en volume au cours du premier trimestre 2023, un chiffre largement supérieur à la moyenne nationale (+0,5 %).

Toutefois, cette croissance est en trompe-l’œil si l’on en juge par la dégradation de tous les indicateurs clés : marges et niveaux de trésorerie en baisse depuis un an et demi, durée moyenne des carnets de commandes (5,1 mois) en recul par rapport à janvier 2022 (5,7 mois), érosion des effectifs de 3 points.

Même le nombre d’entreprises en surcharge de travail a chuté de 10 points en un an : elles ne sont plus que 37 % contre 48 % il y a un an. Et ce, malgré les tensions qui restent grandes pour celles du Morbihan et des Côtes-d’Armor (40 %) et pour certains métiers (plomberie chauffage, couverture et métiers de la pierre).

« On sent bien que les artisans commencent à être inquiets, fait-on valoir à la Capeb. C’est la première fois que le solde de réponses est négatif pour ce qui concerne le marché de la rénovation et de l’entretien qui a, jusqu’ici, permis de maintenir le niveau d’activité global, malgré la baisse de la construction. »

Pour les professionnels du bâtiment, le marché de la rénovation énergétique représente un important potentiel pour rebondir.

Lire aussi : Bretagne. Les réservations de logements neufs en forte baisse au premier trimestre 2023

« Un point de bascule »

Ce qui inquiète les artisans ? « L’effet ciseaux entre la baisse des commandes et les prix des matériaux qui continuent à augmenter, indique le président de la Capeb, Andréas Millet. Nous sommes à un point de bascule. Il y a encore de la demande mais le neuf s’écroule. » Selon le responsable du syndicat patronal, les artisans sont d’autant plus « prudents » qu’ils « doivent rembourser le Prêt garanti par l’État (PGE) consenti pendant la crise sanitaire » et que « le bouclier tarifaire va s’arrêter. Les ménages commencent donc à réfléchir à deux fois avant d’engager des travaux ».

Comment rebondir ? Aux yeux des professionnels, le marché de la rénovation énergétique représente un important potentiel « sur le papier », nuance Andréas Millet, qui s’interroge : « Les classes moyennes vont-elles pouvoir financer ? Sur ce nouveau marché, les artisans vont-ils pouvoir résister à la concurrence des géants du bâtiment. On craint la casse. »

Source: https://www.ouest-france.fr/economie/construction-btp/on-craint-la-casse-la-construction-de-logements-neufs-chute-en-bretagne-le-secteur-sinquiete-9837b08c-fbc6-11ed-abcd-efa42af71e3f

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/on-craint-la-casse-la-construction-de-logements-neufs-chute-en-bretagne-le-secteur-sinquiete-of-fr-9-06-23/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *