« On en est réduits à faire du tri » : à Brest, Léo, atteint d’une mononucléose, a attendu cinq jours pour être hospitalisé(LT.fr-20/12/22)

Ballottée de l’Hôpital des Armées à la Cavale Blanche, en passant par Morvan, cette famille a angoissé pendant cinq jours pour faire hospitaliser son fils au bord de la détresse respiratoire.
Un jeune Brestois de 16 ans, atteint d’une mononucléose sévère, a attendu cinq jours avant d’être hospitalisé à l’hôpital Morvan. Le témoignage de ses parents illustre l’état de saturation actuelle des hôpitaux brestois.

Il a souffert le martyre et ses parents, trimballés d’un hôpital à l’autre, se sont fait un sang d’encre pendant cinq jours. Sans acrimonie vis-à-vis du personnel soignant, les parents de Léo, 16 ans, racontent la semaine horrible qu’ils viennent de passer. Tout démarre par une consultation chez le médecin traitant, le vendredi 2 décembre 2022. Celui-ci diagnostique une rhinopharyngite et une grosse bronchite. Il lui prescrit un antalgique.

Pas admis en pédiatrie à Morvan

Le week-end passe, mais l’état de Léo, qui ne peut plus boire ni manger, se dégrade à vitesse grand V. Le lundi 5 décembre, sa famille le conduit en pédiatrie à l’hôpital Morvan. Ayant dépassé les 15 ans et trois mois, il est orienté vers d’autres structures hospitalières à Brest. Sa famille opte pour l’Hôpital des Armées (HIA), qui diagnostique une mononucléose sévère. Mais, faute de place, l’ado doit donc rentrer chez lui, avec pour seule prescription un antalgique codéiné. Le mercredi 7 décembre, son état a encore empiré. Léo a très mal à la gorge. Il vomit, a perdu du poids et ne tient plus debout tout seul. Retour à l’HIA, où sa famille s’entend dire que « ça finira par passer ».

La mère pleure, les soignants aussi

Arrive la nuit du jeudi 8 au vendredi 9. Vers 1 h, Léo, dont la fièvre tutoie les 40 °C, est conduit aux urgences à la Cavale Blanche. Après une perfusion de morphine et une nouvelle prise de sang, sa mère pense qu’il va enfin être hospitalisé. Nouvelle désillusion. La maman craque. « On n’a pas un seul lit de libre, et on manque aussi de personnel. On sait que l’on devrait prendre votre fils, mais on ne peut pas. On en est réduits à faire du tri », s’excusent les infirmières, au bord des larmes. La maman repart avec son fils qui ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant, tellement il souffre.

On sait que l’on devrait prendre votre fils. On en est réduits à faire du tri.

Proche de la détresse respiratoire

Ce n’est que le vendredi 9, à 14 h, que Léo est enfin admis au service ORL à Morvan. La nasofibroscopie révèle qu’il est proche de la détresse respiratoire. Hospitalisé sous morphine, réhydraté et médicamenté en intraveineuse, l’ado se requinque rapidement. Le samedi soir, en soirée, il peut libérer la place.

Le week-end est passé. Léo remange un peu, et peut enfin s’hydrater tout seul. Soulagés, ses parents n’oublieront pas cette semaine, où ils ont été confrontés à un système de santé « à bout de souffle, qui craque de partout, malgré des personnels adorables qui font ce qu’ils peuvent ».

Sollicité par le Télégramme, l’HIA n’a pas donné suite. De son côté, le CHRU reconnaît « la saturation actuelle des lits d’hospitalisation.» Dans ce contexte, « les équipes hospitalières mettent tout en œuvre pour trouver les solutions individuelles les plus adaptées. Nous comprenons la légitime inquiétude qui a été celle de la famille », ajoute l’hôpital, en assurant que « le patient a été hospitalisé en ORL dès que cela a été possible ».

Jean-Luc PADELLEC

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/on-en-est-reduits-a-faire-du-tri-a-brest-leo-atteint-d-une-mononucleose-a-attendu-cinq-jours-pour-etre-hospitalise-20-12-2022-13246257.php

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