« On est abandonnés par l’État » : le maire de Saint-Brévin revient sur l’incendie de sa maison (OF.fr-24/09/23)

Le maire de Saint-Brévin, Yannick Morez, a été victime d’un incendie criminel à son domicile en mars 2023

Par Loeiza ALLE (Le magazine Bretons)

Après un incendie criminel ciblant ses voitures et sa maison, le maire de Saint-Brévin-les-Pins a donné sa démission en mai, déplorant « l’absence de soutien de l’État ». Six mois plus tard, il revient sur cet épisode pour le magazine « Bretons ». L’occasion de faire le point sur les difficultés à exercer le mandat de maire aujourd’hui.

Il nous attend de pied ferme dans le hall de la mairie de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), comme si rien n’avait changé. Yannick Morez a beau ne plus être maire depuis sa démission en mai, il n’a pas encore totalement « décroché ». Quand l’automne arrivera, il larguera les amarres pour une retraite anticipée – un tour du monde en voilier.

Il serait bien resté, mais voilà, l’image du pignon de leur maison et de leurs voitures en flammes hante toujours sa famille. Lui-même, qui se dit « pas anxieux », admet avoir « pris un bon coup sur la tête » après l’incendie criminel du 22 mars. « D’assister à ça… On était dans la maison, on aurait pu être intoxiqués », souffle-t-il sous sa barbe poivre et sel.

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Des violences venues de l’extrême-droite

Les intimidations, l’ex-maire vit avec depuis septembre 2022 et l’annonce du transfert d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) qui existait depuis 2016. Un collectif d’opposants s’est monté et les manifestations ont rassemblé des groupuscules d’extrême droite, souvent venus de l’extérieur.

« Ma femme allait voir sur le site Riposte laïque, où on était mis en pâture. Je lui disais : mais arrête d’aller voir ça ! », rembobine le sexagénaire au regard clair. « J’ai reçu : « Ce sera pas une tarte à la crème mais une tarte au plomb », des choses comme ça. » Yannick Morez trouve aussi deux tracts insultants dans sa boîte aux lettres personnelle, assimilant le Cada à un « centre de viols ».

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« Un #MeToo des élus locaux »

Se rendant alors à la gendarmerie pour déposer plainte, il s’entend répondre : « Liberté d’expression ». L’élu demande à faire surveiller sa maison, en vain. Le sous-préfet, lui, ne vient pas voir le site concerné par le transfert. « On s’est dit : on est abandonnés, seuls à se débrouiller sur un projet de l’État. Ils ne sont jamais venus l’expliquer ! », tempête l’ancien maire.

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Le 10 mai, après l’annonce de sa démission, Yannick Morez se retrouve pris dans un tourbillon médiatique auquel il « ne s’attendait pas du tout ». Élisabeth Borne et le Washington Post le contactent, la gendarmerie se met à l’appeler pour lui faire signer des plaintes, l’enquête portant sur les tracts devient « prioritaire », et il reçoit même une réponse à son courrier à la procureure de la République… antidatée d’un mois.

L’ancien élu est également destinataire « d’un nombre incroyable de courriers de maires qui me racontent leur histoire ! » Évoquant en souriant un « #MeToo des élus locaux », Yannick Morez égrène les cas d’élus du coin eux aussi ciblés par des violences, à Saint-Viaud, Paimbœuf, Saint-Père, Vue, Le Pouliguen« Maintenant, on s’aperçoit que, pour le moindre petit truc, les polémiques montent sur les réseaux, des groupes attisent la haine… », s’inquiète-t-il.

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En juin, les enfants de la nouvelle maire de Saint-Brévin ont vu les services de déminage débarquer dans leur maison, pour cause d’alerte à la bombe. L’élue est désormais accompagnée en permanence par un chauffeur et un garde du corps.

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-brevin-les-pins-44250/on-est-abandonnes-par-letat-le-maire-de-saint-brevin-revient-sur-lincendie-de-sa-maison-2d958c8e-579e-11ee-8e17-c0c2a8a6f053

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/on-est-abandonnes-par-letat-le-maire-de-saint-brevin-revient-sur-lincendie-de-sa-maison-of-fr-24-09-23/

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