« On est en train de crever » : avec la fermeture, les ostréiculteurs autour de Crac’h menacent. ( OF.fr – 09/01/23 )

Depuis jeudi dernier, les huîtres de la rivière de Crac’h sont interdites de commercialisation.
Depuis jeudi dernier, les huîtres de la rivière de Crac’h sont interdites de commercialisation.

Sous le coup d’un arrêté pris le 6 janvier 2023, interdisant la pêche et la commercialisation des coquillages de la rivière de Crac’h (Morbihan) à cause des norovirus, les ostréiculteurs de la zone veulent des réponses claires et rapides.


« C’est notre 7e fermeture en six ans. C’est devenu invivable. Invivable. » Sur la rivière de Crac’h (Morbihan), les 25 ostréiculteurs « n’en peuvent plus ». Le 6 janvier dernier en effet, à la suite de la contamination d’huîtres par les norovirus dans des zones de production de la rivière de Crac’h Les Presses, le préfet du Morbihan a pris un arrêté interdisant la « pêche, le ramassage, […], la commercialisation et la mise à la consommation humaine de tous les coquillages » provenant de la zone de production.

« Nous voilà une nouvelle fois fermés, sans doute pour un mois, indique un ostréiculteur. On ne peut plus l’accepter. On est en train de crever, ni plus ni moins. » Pour lui, la perte occasionnée par ces sept fermetures en six ans « dépasse le million d’euros. Le sujet est grave. Car demain, c’est tout une profession qui risque de disparaître. » Vingt-cinq exploitations sont concernées.

« On n’est pas respectés ni entendus »

Pointé du doigt, le réseau d’assainissement d’Auray Quiberon terre atlantique, responsable de débordements lors, notamment, de fortes pluies… et affectant directement la qualité des eaux. Depuis la grande crise du norovirus survenue lors des fêtes de fin d’année de 2019, la communauté de communes d’Aqta a lancé un grand plan Marshall de 50 millions d’euros pour réhabiliter le réseau d’assainissement.

Mais pour les professionnels de la conchyliculture, l’enveloppe est insuffisante. Par-dessus tout, ils dénoncent « un manque de considération », voire « des mensonges», de la part des services de l’État, ou encore d’Aqta, sur le sujet. Dernier exemple en date : « Nous avons montré les dents cet été, en essayant d’alerter » sur le déversement de 240 m3 d’eaux usées, en provenance de la station d’épuration de Kergouellec, à Carnac (Morbihan) dans la mer. Selon eux, « depuis, les services de l’État et Aqta refusent de nous informer des débordements et des analyses de la qualité des eaux. Comment voulez-vous qu’on puisse gérer, anticiper les choses si on ne nous donne pas l’information ?»

« Être indemnisés des pertes subies »

De guerre lasse, ils veulent aujourd’hui pousser la menace d’un cran, «menacer », s’ils ne sont pas écoutés. Une réunion est prévue ce lundi 9 janvier, entre les services de l’État et le Comité régional de conchyliculture de Bretagne Sud. Mais ils n’en attendent pas grand-chose. « Ce que nous demandons, c’est d’être indemnisés des pertes subies, en tant que pollués ; mais également d’être équipés de bassins de purifications, pour contrer ces pollutions. Enfin, nous demandons que les émissaires des stations d’épuration ne se déversent plus dans les zones ostréicoles et sur les plages. »

Et s’ils ne s’estiment pas écoutés, ils le disent : « Dans les prochains jours, nous boucherons les sorties des stations d’épuration, les rues et les maisons seront inondées par les remontées. Et nous ferons également tout ce qu’il faut pour déclarer les plages insalubres l’été prochain. Nous en avons assez d’être les victimes de ce système opaque. Et le problème est que si on ne fait pas un coup d’éclat, on n’est pas respecté ni entendu. »

Auteur : Sibylle LAURENT.

Source : « On est en train de crever » : avec la fermeture, les ostréiculteurs autour de Crac’h menacent (ouest-france.fr)

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