Alors que l’été approche (période toujours délicate dans les hôpitaux), les trois syndicats du centre hospitalier de Cornouaille Quimper-Concarneau tirent la sonnette d’alarme ce jeudi 25 avril. Dans le collimateur de la CFDT, de la CGT et de Sud ? L’absentéisme.
Par Sophie BENOIT.
La scène est relativement rare. Elle reflète à elle seule l’importance du sujet. Ce jeudi 25 avril 2024, au matin, les trois syndicats du centre hospitalier de Cornouaille Quimper-Concarneau ont décidé de parler d’une seule voix. Pour dénoncer l’absentéisme qui frappe l’établissement de santé.
« De la maltraitance institutionnelle »
Pascale Jacq (Sud), prend d’emblée un exemple « très inquiétant » : « En chirurgie, il y avait sept infirmiers en arrêt la semaine dernière. Ce sont des arrêts prévisibles (maternité, accident de travail long…) qui auraient donc pu être anticipés. Mais on s’aperçoit que ce n’est pas le cas ». Elle ajoute : « Sur quatre services, il y avait déjà pratiquement 20 arrêts infirmiers. C’est énorme ». Cet absentéisme touche aussi les aides-soignants.
Jusqu’à 7 % d’arrêts, l’hôpital peut tenir correctement. Au-delà, c’est un peu la Bérézina
Au centre hospitalier, aucun étage n’est épargné. Les Ehpad gérés par l’établissement de santé en font aussi les frais. Ce qui pousse les syndicats à parler d’un fonctionnement « en mode dégradé ». « Ce n’est pas acceptable, c’est de la maltraitance institutionnelle pour les patients et le personnel », assène Pascale Jacq. À la CGT, Loïc Le Houarner ne dit pas autre chose : « On flirte avec les 9 ou 10 % d’absentéisme dans l’établissement. Jusqu’à 7 % d’arrêts, l’hôpital peut tenir correctement. Au-delà, c’est un peu la Bérézina ».
« Le soignant n’est pas une variable d’ajustement »
Le sujet n’est pas nouveau à Quimper. Mais le manque de personnel se ressent d’autant plus aujourd’hui qu’en face, « l’activité ne cesse d’augmenter », pointe Sud. Avec les conséquences que cela entraîne. À la CFDT, Isabelle Tingaud dénonce « l’auto-remplacement » régulier. Avec des heures supplémentaires qui s’accumulent pour certains agents. « Sauf que le soignant n’est ni [un pansement], ni une variable d’ajustement », lâche-t-elle. « Tout cela use le personnel », ajoute Pascale Jacq. « Le risque, c’est d’assister à une fuite des agents », intervient Kevin Nabat (CGT). « Aujourd’hui, on exige des actes. Mais tout de suite. Sinon, ça va craquer », prédit Isabelle Tingaud.
Ceux qui restent aiment leur métier et tiennent la barre. Mais jusqu’à quand ? Et à quel prix ?
Sachant leurs moyens d’action limités, les trois syndicats multiplient les signaux d’alerte envoyés à la direction. Ils réclament que des recrutements pérennes soient menés et que les agents en arrêt soient remplacés. À plus grande échelle, ils exigent des salaires « qui permettraient d’attirer ». Des étapes selon eux indispensables pour renforcer les équipes et soulager les agents en poste. « Ceux qui restent aiment leur métier et tiennent la barre », appuie Christine Faucheux (Sud). « Mais jusqu’à quand ? Et à quel prix ? »
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