« On nous a vite oubliés » : Barbara, infirmière libérale expérimentée, et noire de colère. ( OF.fr – 08/05/23)

Barbara Mesmoudi est infirmière libérale dans la périphérie rennaise depuis 25 ans. Et se pose de plus en plus de questions sur son avenir.
Barbara Mesmoudi est infirmière libérale dans la périphérie rennaise depuis 25 ans. Et se pose de plus en plus de questions sur son avenir. | OUEST-FRANCE

Elle aime son métier. Depuis 25 ans, Barbara Mesmoudi exerce comme infirmière libérale dans le sud de Rennes. Mais elle s’interroge de plus en plus sur son avenir. L’absence de reconnaissance, le poids d’une administration qu’elle juge oppressante, des journées à rallonge… Vendredi 12 mai 2023, à Rennes, elle criera sa colère avec ses collègues.

« C’est une question lancinante que je me pose régulièrement. Est-ce que je vais continuer d’être d’infirmière libérale dans les années à venir ? », confie Barbara Mesmoudi, 50 ans, qui exerce, avec trois autres collègues, dans un cabinet à Noyal-Châtillon. « Oui, j’aime toujours ce métier qui me passionne et qui a du sens. Mais les conditions d’exercice, la pression administrative de plus en plus forte, la complexité de la nomenclature de nos actes, la non-reconnaissance par nos tutelles de ce que l’on réalise vraiment pèsent de plus en plus lourd. »

En colère et dans la rue vendredi

Le vendredi 12 mai 2023, elle tombera sa blouse blanche pour une tenue noire. « Celle de la colère. On va manifester, à Rennes, avec, j’espère, un grand nombre d’infirmières et d’infirmiers libéraux entre le siège de l’agence régionale de santé de Bretagne, au Colombier, jusqu’à la caisse primaire d’assurance maladie cours des Alliés. Symboliquement, on aura avec nous un grand cercueil ». Une initiative du mouvement des infirmiers libéraux en colère qui compte 15 000 membres en France et qui veut se faire entendre.

Vingt à vingt-cinq patients par jour et des journées à rallonge

Alors Barbara continue à se poser des questions. Ses journées, elle les commence en général vers 7 h 30 et c’est rare qu’elles se finissent avant 20 h 30 ou 21 h. De très longues journées avec, en moyenne, une centaine de kilomètres parcourus par jour pour aller voir ses patients. Elle ne compte plus les repas du midi pris le plus souvent après 15 h, une fois sa première tournée terminée.

« Je fais entre 20 à 25 visites par jour. Je pense que l’on est les derniers à se déplacer autant à domicile. Des patients de tous les âges et de toutes les conditions. Pour des petits problèmes de santé, pour des enfants, pour des soins après une opération, pour des personnes âgées ou en fin de vie. » Liste loin d’être exhaustive.

Elle, comme ses collègues, représente un maillon essentiel de la santé sur les territoires et ce sont les éléments indispensables de la politique « hors les murs » prônée par les autorités de santé. Favoriser le maintien à domicile plutôt que l’hospitalisation.

« Après le Covid, on a été oublié »

« Je dois aussi consacrer deux à trois heures par jour à remplir des papiers et aux tâches administratives, constate-t-elle. Ça devient de plus en plus complexe et c’est un temps que je préférerais mettre à profit pour mes patients. » Elle peste aussi contre les nouvelles mesures prises, en décembre 2022, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. « Elle précise que nous serons sanctionnées en cas d’erreur de facturation ! Quand on sait que la nouvelle nomenclature compte près d’une centaine d’actes. » Un écueil de plus qui érode sa motivation.

« Nous avons également été au premier rang dans la crise sanitaire du Covid et pourtant vite oubliés puisque l’on nous a exclus du Ségur de la santé. » Là encore, pas de reconnaissance ni de réévaluation du tarif des actes qui n’a pas bougé depuis une dizaine d’années. « Si je fais le ratio temps de travail – salaire je suis sous le Smic horaire. Et cerise sur le gâteau, ma retraite à taux plein ça sera à 67 ans. »

Alors Barbara Mesmoudi continue à se poser des questions sur son avenir…

Auteur : Samuel NOHRA.

Source : « On nous a vite oubliés » : Barbara, infirmière libérale expérimentée, et noire de colère (ouest-france.fr)

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