Appelés à lancer « un avertissement » au gouvernement, les personnels de l’école ont répondu assez fortement, ce jeudi, à Brest. Un bon millier de personnes a défilé dans les rues pour exprimer leur colère.
Par Pierre CHAPIN.
« C’est une bonne manif ». À l’instar de ses collègues de l’intersyndicale, Florent Martinie, pour FSU, se montrait satisfait de la mobilisation du jour, ce jeudi 1er février 2024, estimée entre 800 (par les autorités) et 1 200 personnes (par les syndicats) dans les rues du centre-ville brestois. « À Brest, 90 % des cantines sont fermées, et il y a des taux de grévistes, côtés enseignants, de l’ordre de 50 % dans de nombreux établissements », se félicitait également Fabienne Bodin (CGT).
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La ministre fait l’unanimité…
Faiblesse des salaires, suppressions de postes, conditions de travail en berne et réformes « à marche forcée » : tels seraient les maux de l’école, selon l’intersyndicale. Avec un visage pour incarner le « mépris » affiché par le gouvernement : celui de la ministre Amélie Oudéa-Castéra, contre qui enseignants, agents territoriaux spécialisés, accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ou lycéens ont scandé des slogans peu amènes tout au long du défilé.
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« Notre ministre de l’Éducation nationale s’est embourbée dès sa nomination, en critiquant l’école publique. Et depuis, elle empire son cas chaque jour », persifle ainsi Alwena, lycéenne à l’Harteloire, à Brest, venue dénoncer le manque de moyens pour les lycées publics.
« Une honte », confirment Christiane ou Annie, deux octogénaires brestoises, qui manifestent du même pas, « pour nos enfants ». « Ma fille est prof, et ma petite-fille aimerait l’être », dit la première. « Elle n’a pas eu de remplacements cette année, alors qu’on nous dit qu’il y a plein de profs absents partout ». « Moi, ma fille est prof à Saint-Brieuc », prolonge la copine. « Bah ça fait dix ans qu’elle essaie de revenir ici, dix ans qu’on lui refuse. En attendant, c’est une piaule louée là-bas, les frais de route chaque week-end, etc. ».
« Les groupes par niveaux ? Le seul résultat, c’est que ça stigmatise les élèves, et fout le bazar dans les organisations, enlève toute possibilité d’oxygène par les options »
« Mal payés et maltraités »
« Les profs, en début de carrière, sont mal payés, mais aussi maltraités, trimballés, confirme Laurence, prof de lettres. Et combien paient eux-mêmes les photocopies couleurs, du petit matériel, la plastification de documents ? On met de notre poche, on fait de notre mieux, et derrière, on nous méprise ».
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Le projet de création de groupes par niveaux au collège, à la rentrée 2024, emporte ici l’unanimité contre lui. « Moi je l’ai connu quand j’étais élève : le seul résultat, c’est que ça stigmatise les élèves, et fout le bazar dans les organisations, enlève toute possibilité d’oxygène par les options, s’emporte Annick, prof de physique-chimie à Lannilis. On veut des meilleurs résultats à l’école ? Qu’on arrête avec les classes de 30 ou 32 élèves, et on verra ».
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