« On ressent du dégoût » : à Quimper, les salariées de Camaïeu abattues (LT.fr-29/09/22-16h52)

Dans les magasins Camaïeu de Quimper, ici celui implanté rue Kéréon, les salariées sont atterrées par la décision judiciaire de mercredi : « On nous avait fait croire que l’entreprise resterait à flot. Finalement, ils étaient complètement dans les choux ».
À Quimper, les quelques larmes ont laissé place à l’abattement chez les salariées des trois magasins Camaïeu, contraints de tirer le rideau suite à l’annonce de la liquidation judiciaire du groupe, mercredi.

« N’oubliez pas, vous avez jusqu’à ce samedi pour acheter le pantalon ! » Ambiance de liquidation, ce jeudi 29 septembre, dans l’un des trois magasins Camaïeu de Quimper. Il y a foule. Sauf que, cette fois, liquidation ne rime pas uniquement avec déstockage. Les mines usées des commerçantes en témoignent : la veille, elles ont appris avec « dégoût » le placement en liquidation judiciaire du groupe de l’habillement par le tribunal de commerce de Lille. Conséquence : leur boutique va devoir tirer le rideau comme 510 autres en France, entraînant 2 600 salariés vers la case chômage d’ici la fin octobre.

Mercredi, la clientèle avait abordé la question auprès des commerçantes. La décision judiciaire faisant le tour des plateaux télés. « C’est atroce de l’entendre par voie de presse, relève l’une d’elles, les yeux encore embués. Tous ces courriels envoyés par la direction pour rappeler que tout allait bien… Alors qu’on voyait nos chiffres d’affaires dégringoler ». Du côté de la galerie commerciale en périphérie de Quimper, même sentiment : celui de s’être fait berner. « Là-haut, ils savaient vers où ils allaient ».

Quand une cliente te dit qu’à ton âge, tu seras mise au rebut, forcément, ça met un coup

Dire « au revoir » aux clients

Les neuf salariées, réparties en trois boutiques, ne digèrent pas les « choix douteux » entrepris depuis la reprise, en 2020, par Hermione People and Brands (HPB), filiale du groupe Financière immobilière bordelaise (FIB). Une évolution vers des gammes de vêtements, moins intemporelles, moins basiques, cherchant à conquérir les « jeunes ». La crise covid et la concurrence féroce de l’e-commerce ont aussi eu leur part de responsabilité. Mais quoi qu’il en soit, les plus fidèles clientèles se sont, au fur et à mesure, détournées des boutiques. « Avant cela, la nôtre était rentable », insiste une vendeuse, rue Kéréon, qui tient à relever que malgré cela, « l’ambiance a toujours été excellente au travail ».

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Ce samedi, les boutiques fermeront pour de bon. À 19 h 30 dans la galerie du Géant, à 20 h dans les deux autres. En attendant, les clients se pressent, se montrent compatissants. Certains s’inquiètent : « Où trouverai-je mes affaires ? » se demande l’une. « Ce n’est que du chiffon, ce n’est pas l’essentiel, relève la vendeuse. Au moins, on a tout le temps de dire ‘‘au revoir’’ aux clients. Ce que l’on n’avait pas pu faire lors de la fermeture du quatrième magasin à Carrefour en 2020. Il faut dire qu’on nous l’avait annoncé le midi pour le soir… »

« Qui va me recruter en étant enceinte ? »

Une réunion à l’échelle du groupe, jeudi matin, devait acter les contours du licenciement économique à venir. Une perspective attendue par la plupart des salariées quimpéroises : « Qui va me recruter en étant enceinte ? » demande l’une d’elles, âgée de 25 ans. Quant à celles qui cumulent plus de trois décennies d’ancienneté chez Camaïeu, on envisage d’opérer des remplacements ailleurs. Mais avec toujours autant de questions sur l’avenir : « Quand une cliente te dit qu’à ton âge, tu seras mise au rebut, forcément, ça met un coup ».

Alexis SOUHARD

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/on-ressent-du-degout-a-quimper-les-salariees-de-camaieu-abattues-29-09-2022-13189555.php

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