Par Anaëlle BERRE
À quelques jours des annonces du secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville, les professionnels bretons de la pêche au chalut alertent sur leur situation. « On va dans le mur » lancent-ils face aux difficultés induites par le prix du carburant, qui menace gravement leur rentabilité.
« La priorité, c’est de survivre ! » Ce sont les mots d’Éric Guygniec, armateur à Lorient (Morbihan), vendredi 15 septembre 2023, lors d’une réunion à l’organisation de producteurs (OP) Pêcheurs de Bretagne, à Quimper (Finistère). Les marins-pêcheurs font toujours face à la flambée des prix du gazole et à l’inflation sur le coût du matériel. « On veut montrer l’urgence de la situation avant les annonces du ministre. Il faut alerter les politiques, car d’ici quelques semaines, toute l’économie de la pêche au chalut risque de s’effondrer », assure Yves Foëzon, directeur de l’OP.
Christophe Collin, directeur de l’armement bigouden, au Guilvinec, illustre le propos : « Ce matin, l’un de nos bateaux vendait sa pêche, après 14 jours de mer. Le chiffre d’affaires était de 43 000 €. Il en faudra 23 000 € rien que pour le carburant. » L’aide du gouvernement de 20 centimes au litre est sur le point de s’arrêter, sauf nouvelle prolongation. Les professionnels du chalut réclament une « véritable politique publique » afin de garantir un avenir à cette « industrie nourricière ».
Souveraineté alimentaire
Les armateurs regrettent qu’aucun mécanisme de compensation avec les grandes et moyennes surfaces n’ait vu le jour pour trouver « des solutions pérennes à la crise ». Les professionnels pestent : « On parle de souveraineté alimentaire… Mais la pêche au chalut représente 80 % de la pêche dans les criées bretonnes et là, elle va dans le mur ! Que veut-on ? Importer du poisson bien moins durable ?», interroge Yves Foëzon.
De pied ferme, ces armateurs attendent donc les annonces d’Hervé Berville, secrétaire d’État, à Nice, lors des assises de la pêche les 21 et 22 septembre 2023. Mais si aucune solution ne leur est apportée, « il faut proposer un nouveau plan de sortie de flotte ouvert à tous les chalutiers ! À ce prix-là, il n’y aura plus de bateaux dans un mois ! », lâche Stéphane Pochic, armateur bigouden.
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