Par Charlotte HEYMELOT.
Une soixantaine de retraités ont manifesté à Rennes, mardi 24 octobre 2023. La mobilisation, nationale, vise à demander une revalorisation des pensions.
« De l’argent pour les pensions, pas pour les canons ! » Pas de mégaphones ni de foule en masse, ce mardi 24 octobre 2023, dans le centre-ville de Rennes.
Comparé aux affluences records de la mobilisation contre la réforme des retraites au début de l’année, le groupe d’une soixantaine de personnes qui défilent sous le soleil d’automne est modeste.
Mais la colère est bien là. Répondant à l’appel national de l’intersyndicale, des dizaines de retraités sont venus crier leur ras-le-bol de voir leur pouvoir d’achat dégringoler. « Nous demandons une revalorisation des pensions de 10 % et 300 € immédiatement », détaille Didier Timouy, secrétaire de l’union syndicale des retraités de la CGT d’Ille-et-Vilaine.
« Qu’on arrête de nous prendre pour des nantis »
« Aujourd’hui, les pensions ne permettent pas de vivre décemment. Les retraités veulent pouvoir vivre, pas survivre », s’agace l’ancien cheminot. L’inflation galopante, toutes et tous la ressentent au quotidien. « 4,95 € le kilo de tomates, vous vous rendez compte ? » s’indigne Christiane.
Retraitée des services financiers de la Poste, la septuagénaire scrute chacune de ses dépenses. « Moi aussi », témoignent en chœur Muriel et Yolande. La lumière à la maison ? « Seulement quand il fait nuit ». Le chauffage ? « À 18 ou 19 degrés grand maximum. » Le transport ? « Le bus, plusieurs fois par semaine. Mais à 1,70 € le ticket, ça fait vite cher. » Le loyer ? « Il va augmenter de 3,5 % en janvier », soupire cette locataire…
Quant aux dîners au restaurant, ils sont devenus bien rares. « Il faut qu’on arrête de nous prendre pour des nantis », dénonce Didier Timouy. « Les retraités précaires, on en voit de plus en plus. Certains n’ont pas d’autre choix que de demander de l’aide aux Restos du cœur », constate René.
« De l’argent, il y en a »
Lui regrette une « absence d’empathie de ceux qui nous gouvernent ». « Comment pensent-ils qu’on peut vivre avec une pension de 800 € par mois ? On en parle peu, mais beaucoup de retraités sont concernés. »
« Exclus » et « méprisés », les retraités bretilliens rappellent le rôle crucial qu’ils occupent dans la société. « On fait tourner l’économie. Et les associations ! » pointe Yolande, animée par un sentiment « d’injustice ». « On n’a jamais vu autant de dividendes distribués, autant de millionnaires. De l’argent, il y en a. »
Reçue en Préfecture en fin de matinée, une délégation a remis une pétition de 1 400 signatures récoltées en une semaine pour demander une revalorisation des pensions. « Il faut absolument continuer d’exprimer cette colère », invite Fabrice Lerestif, secrétaire général de Force Ouvrière en Ille-et-Vilaine, présent pour soutenir les retraités.
À La Poste, les avantages des retraités supprimés
C’est un simple courrier, qui a stupéfié ses destinataires. En juin dernier, les retraités de la Poste détenant un compte à la Banque postale ont été informés que leurs avantages seront supprimés au 1er janvier 2024.
Taux de découvert préférentiel, cotisation gratuite, points offerts, prime de fidélité annuelle… Terminés, les avantages bancaires historiquement accordés aux retraités. En cause, selon la Poste, une « charge financière devenue trop lourde » face aux « effets de la crise économique et la perte de chiffre d’affaires liée au recul constant du courrier ».
« Ça nous fait bondir », déplore Bernard Eliot, secrétaire de la section des retraités à la CGT FAPT. « Il n’y a aucune reconnaissance pour les postiers qui ont travaillé 30 ou 40 ans, et permis à la Poste d’être ce qu’elle est aujourd’hui. »
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/on-veut-pouvoir-vivre-pas-survivre-les-retraites-manifestent-a-rennes-of-fr-24-10-23/