Pêche. « Rester à terre ne va pas régler le problème » (OF.fr-27/09/23)

Le prix du gasoil représente une vraie menace pour les chalutiers du port de Lorient qui en consomment plus d’une tonne par jour de pêche.

Par Olivier CLERO

Depuis l’annonce de la suppression des aides au gasoil pour la pêche, une épée de Damoclès plane sur les pêcheurs de Lorient (Morbihan). Ils continuent de pêcher en attendant de voir s’ils pourront poursuivre leur activité après le 15 octobre 2023.

« On est sur le cul, mais on veut continuer de négocier avant la fin de la suppression de l’aide au gasoil pour pas que ça reparte en mouvement social. »

Depuis la mi-septembre, la question du coût du gasoil, dont le ministre de la Mer a annoncé la fin de l’aide de 20 centimes pour le 15 octobre 2023, est de toutes les conversations sur les quais du port de pêche de Lorient (Morbihan).

Du côté des chalutiers comme des ligneurs, fileyeurs et caseyeurs, l’inquiétude est la même : comment continuer d’aller en mer sans perdre d’argent avec un prix du gasoil qui les plombe et un prix du poisson trop faible pour les maintenir à flot ?

80 navires et 220 marins

Aujourd’hui, le port de Keroman compte une trentaine de chalutiers et une cinquantaine de ligneurs, fileyeurs et caseyeurs. Ils embarquent quelque 220 marins, d’un à cinq pour les bateaux côtiers, plus de cinq pour les hauturiers.

Quatre-vingts équipages basés à Lorient auxquels s’ajoutent quelque 170 bateaux qui viennent approvisionner plus ou moins régulièrement la criée de Lorient.

Des pêcheurs dont la profession a la particularité de participer aux frais de gasoil. À chaque sortie en mer, il faut payer le plein, et si la pêche du jour ne couvre pas la facture, ils en sont de leur poche.

« Au-dessus de 60 centimes le litre, nous ne sommes pas rentables », explique Éric Guygniec, président de l’Armement de la pêche artisanale de Keroman (Apak) qui compte six chalutiers à Lorient. Avec l’aide, le ministère de la Mer a calculé qu’ils l’avaient payé en moyenne 0,57 € sur les douze derniers mois.

Cette semaine, il tourne autour de 0,90 €. Un prix qu’Armorine, le fournisseur du port de pêche de Lorient, affiche tous les jours près des quais où il en distribue chaque année 10 000 m³, soit dix millions de litres. Car un bateau de pêche, ça consomme. Une tonne à une tonne et demie par jour pour un chalutier (1200 à 1 700 litres), 100 à 400 litres pour un fileyeur suivant sa taille et son lieu de pêche.

En regardant les consommations, on comprend que les chalutiers seront les premiers menacés, mais pour les professionnels, c’est bien toute la filière qui est menacée. Car s’ils sont moins nombreux que les fileyeurs, ligneurs et caseyeurs, ils apportent jusqu’à 80 % du poisson vendu comme le rappelle David Le Quintrec, patron d’un fileyeur. « Sans les chalutiers, on n’arrivera jamais à alimenter les ports de pêche et la filière, donc tout le système s’écroulera », prévient-il.

L’urgence de continuer

Pour éviter de nouveaux ports morts, organisations de producteurs, syndicats et comités continuent de chercher des solutions plus rapides que l’aide annoncée de 13 centimes pour le biocarburant en 2024. « Le biocarburant n’a jamais été testé sur un chalutier. C’est prévu, sur un de nos bateaux, l’Annytia mais pour février, prévient Éric Guygniec. Le biocarburant n’est pas encore disponible, pas encore validé et son prix sera plus cher. Ça va dans le bon sens, mais il faudra six mois à un an pour le valider. Ça ne répond pas à l’urgence de la situation.  »

Pour l’instant, l’urgence sur les quais, c’est de continuer de travailler. « On est en pleine pêche au thon, ce n’est pas en restant à terre que l’on va régler le problème », confirme le patron d’un chalutier.

Même état d’esprit sur les fileyeurs d’où était parti le mouvement des pêcheurs en colère cet hiver. « Tant qu’on peut pêcher, on pêche. Après… » Un sursis jusqu’au 15 octobre.

Source: https://www.ouest-france.fr/mer/peche/peche-rester-a-terre-ne-va-pas-regler-le-probleme-0783334c-5c77-11ee-8334-fe725d6dd7cc

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