Pérou: Pedro Castillo affronte son épreuve la plus dure.(resumenlatino-5/12/22)

Mercredi, 7 sera un jour décisif pour la présidence de Pedro Castillo, l’instituteur de campagne syndicaliste qui est arrivé au gouvernement avec le soutien de la gauche. Ce jour-là, le président devra se rendre à la session plénière du Congrès d’opposition pour présenter sa défense face à l’accusation d’incapacité morale et immédiatement sa destitution sera mise en débat et soumise au vote. Tout sera réglé en un jour. L’accusation d’incapacités morale reprend la plainte du procureur contre Castillo pour avoir bénéficié d’adjudications publiques, des faits qui sont l’objet d’une enquête.

La constitution ne le permettra pas

Ainsi, on cherche à accélérer la destitution de Castillo grâce à cette affaire en sautant le procès politique contre le président qui a déjà débuté au Congrès, une procédure remise en question parce que la Constitution ne permet pas d’accuser un président en exercice des délits que le procureur impute à Castillo. D’autres charges mettent en évidence que cette figure ambiguë de l’incapacité morale peut tout contenir. On accuse le président «d’accaparer et de démanteler l’État » avec la nomination de hauts fonctionnaires, qui peut être dans certains cas discutable mais fait partie de ses fonctions en tant que chef de l’État, et on parle « d’immoralité du président » pour le soi-disant plagiat de sa thèse universitaire, une dénonciation de journalistes sur laquelle les autorités judiciaires sont en train d’enquêter.

Le vote en faveur de la procédure de destitution du président de quatre députés de Pérou libre (PL), le parti qui aamené Castillo au pouvoir a surpris. Dans une explication confuse, le porte-parole parlementaire de PL, Flavio, Cruz, l’un des quatre députés qui ont soutenu l’ouverture de la procédure de destitution du président, a signalé qu’ils ont voté en ce sens pour protester contre le fait que le président ne respecte pas ses promesses, et parce qu’ils veulent qu’il y ait un débat sur la destitution du président, mais qu’ils voteraient contre la destitution. La relation de Castillo avec Pérou, libre, le parti dont il a été séparé, est tendue, entre critiques et négociations de quotas de pouvoir. Le groupe de PL comprenait 37 députés, mais a été réduit à 15 après une série de désertions de députés qui ont formé de nouveaux groupes qui soutiennent Castillo.

Sommes et restes

Dans un Congrès avec 13 groupes, plus d’une demie douzaine de députés sans parti, des députés qui passent d’un groupe à un autre et des groupes qui ont l’habitude de se diviser lors des votes, il est difficile de faire des pronostics. Les groupes qui soutiennent Castillo ont 42 voix. Ils ont besoin de seulement deux voix de plus pour bloquer la destitution du président. Ces 2 voix et même plus peuvent se trouver parmi les députés du centre-droite. Mais on ne peut pas écarter des désertion dans le bloc de plusieurs groupes qui soutiennent Castillo comme cela s’est déjà vu avec Pérou Libre lors du vote destiné à soutenir le processus de destitution. D’autres part, des porte-parole de la droite disent être certains d’obtenir les voix nécessaires pour chasser le président qu’ils veulent destituer depuis le premier jour de son gouvernement. Ils font pression, avec le soutien des médias, sur les députés du centre-droite qui se sont prononcés contre la destitution du président pour qu’ils changent de position. Il les accuse d’être corrompus s’ils ne votent pas pour la destitution de Castillo, et il visent une division dans les groupes qui soutiennent le président.

Demande de destitution

La demande de destitution du président a gagné à cette occasion le soutien de députés qui, auparavant, s’y étaient opposés mais craignent, à présent, de perdre leur siège si le Gouvernement décide d’utiliser l’outil constitutionnel de dissolution du Congrès pour convoquer des élections législatives anticipées. Cela peut arriver si le Congrès refuse deux fois la confiance à un cabinet ministériel. Le Gouvernement a présenté il y a quelques jours une demande de motion de confiance que le Parlement a refusé de débattre et a dit qu’il prend cela comme un, un premier refus de confiance qui dejando al Congreso en capilla. Cela a aiguisé les craintes des députés. Le congrès a refusé, a nié que ce premier refus de la confiance ait eu lieu. C’est le tribunal constitutionnel qui doit régler cette controverse. « Tuer ou mourir », crient des députés d’extrême-droite pour faire pression sur leurs collègues pour qu’ils votent contre Castillo « avant qu’on dissolve ce Congrès. » « Faites vos bagages pour rentrez chez vous, » si on ne destitue pas Castillo, a dit le député et général à la retraite Roberto Chiabra à des députés du parti au pouvoir sur ce ton de racisme et de classisme que la droite ne peut pas cacher. Le Gouvernement nie avoir l’intention de forcer un autre refus de la confiance pour pouvoir  dissoudre le Congrès.

L’extrême droite a déjà échoué dans deux tentatives précédentes pour destituer Castillo pour incapacité morale. En décembre de l’année dernière, quand le Gouvernement était installé depuis à peine quatre mois, il y a eu une première tentative pour chasser Castillo, mais elle n’a obtenu que 46 voix. Il. y a eu une nouvelle tentative en mars dernier. Cette fois, ils ont réussi à ajouter d’autres député mais avec 55v voix, ils sont restés loin de 87 nécessaires. Le putschisme parlementaire a aussi essayé de destituer Castillo  grâce à une absurde accusation de trahison envers la patrie pour des déclarations à un journaliste favorables à la demande de la Bolivie, d’avoir une issue sur la mer. Cette tentative a échoué quand, il y a quelques jours, le tribunal constitutionnel a ordonné d’annuler cette procédure sans fondement. Le complot putschiste de l’extrême-droite a commencé dès que Castillo a gagné les élections contre Keiko Fujimori, en cherchant à empêcher qu’il assume la présidentielle en dénonçant une fraude électorale inexistante.

Le Congrès a décidé de lancer la troisième accusation d’incapacité morale en seulement 16 mois de gouvernement quelques heures après qu’une commission de l’Organisation des Etats Américains (OEA) qui était au Pérou, il y a quelques jours, pour analyser la crise politique ait publié un rapport dans lequel elle indique que la démocratie péruvienne est en danger, remet en question, « l’utilisation excessive et indiscriminée » d’outils comme les motions de destitution du président pour incapacité morale et lance un appel au pouvoir législatif et au Gouvernement pour qu’ils fassent une trêve qui ouvre un espace de dialogue. Castillo et ses ministres ont fait leur la demande d’une trêve et d’un dialogue, mais l’extrême-droite qui influence l’ordre du jour du Congrès, un bloc dans lequel le fujimorisme joue un rôle clé, a rapidement dynamité cette possibilité.  Elle vise uniquement  la destitution de Castillo.

Si cette nouvelle tentative de destitution du président pour « incapacité morale permanente », échoue, l’extrême-droite a un plan B : suspendre Castillo de l’exercice de sa charge en alléguant une « incapacité temporaire. » Pour cela, il y a quelques jours, le Congrès a approuvé le fait que la suspension du président qui serait une destitution cachée, soit approuvée par seulement 66 voix au lieu des 87 requises pour sa destitution. La Constitution contient la suspension du président pour « incapacité temporaire », mais lie cela à un problème de santé ou à un autre problème qui lui rend impossible temporairement d’exercer sa charge. Grâce a une interprétation insolite de la Constitution sortie du chapeau du putschisme , la droite, cherche à dévaloriser cette figure constitutionnelle pour suspendre Castillo de la présidence sous prétexte qu’il y a des enquêtes pour corruption ouvertes contre lui. Les constitutionnaliste, même ceux qui sont proches de la droite, sont d’accord sur le fait qu’une suspension du président pour cette raison serait anticonstitutionnelle. Le putschisme parlementaire qu’encourage l’extrême-droite, et qui a maintenant du soutien dans d’autres secteurs de la droite, a plusieurs fronts. L’un d’entre se définit ce mercredi 7.

Source en espagnol : https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/12/05/peru-pedro-castillo-enfrenta-su-prueba-mas-dura/

Source en français (traduction de Françoise Lopez ) http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/12/perou-pedro-castillo-affronte-son-epreuve-la-plus-dure.html

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