Plan de sortie de flotte. En Sud-Finistère, il y aura bientôt deux fois moins de hauturiers (OF.fr-24/02/23)

Dans les ports de Cornouaille (en Sud-Finistère), comme ici au Guilvinec, il y aura bientôt moitié moins de bateaux hauturiers.

Samedi 25 février 2023, une manifestation est prévue à Pont-l’Abbé, en Pays bigouden en Finistère-Sud, afin de soutenir la filière pêche. Car le nombre de bateaux hauturiers sera bientôt divisé par deux. Pour la Chambre de commerce et d’industrie, la filière doit « à tout prix être soutenue ».

Pourquoi le plan de sortie de flotte post-Brexit secoue-t-il tant le Sud-Finistère ?

Le Pays bigouden est le territoire le plus impacté. Vingt-six bateaux vont y partir à la casse avec ce plan de sortie de flotte. « Nous avons confirmation pour vingt-deux bateaux : dix-huit au Guilvinec et quatre à Loctudy », indique Christophe Hamel, directeur des criées de Cornouaille à la Chambre de commerce et d’industrie (1). Avec cette perspective, il resterait « environ vingt-trois hauturiers en activité, contre quarante-sept aujourd’hui. »

Pour autant, rappelle Jean-François Garrec, président de la délégation cornouaillaise de la CCIMBO, « ce plan de sortie de flotte était nécessaire pour rééquilibrer financièrement certaines entreprises. » D’autant que le coût du gasoil plombe toujours les trésoreries des armateurs. En soutien à la filière, Jean-François Garrec manifestera ce samedi 25 février 2023, à 11 h, à Pont-l’Abbé.

Jean-François Garrec, président de la délégation cornouaillaise de la CCIMBO (Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Bretagne Ouest).

Moins de bateaux… donc moins de poisson ?

Les hauturiers de Cornouaille pêchent en haute mer la lotte, l’églefin, le cabillaud… Ces bateaux représentent « 43 % du tonnage et 45 % la valeur » de ce qui est débarqué dans les six criées de Cornouaille (32 702 tonnes en 2022 pour 125 millions d’euros). Ces tonnages débarqués sous criée diminuent petit à petit chaque année.

Cela va s’accentuer avec le plan de sortie de flotte avec encore « 4 500-5 000 tonnes en moins », selon les premières estimations. Ce qui se traduirait par environ 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en moins. Un coup dur pour la filière : 150 entreprises travaillent dans les ports de pêche de Cornouaille. Dont 39 mareyeurs qui achètent 70 % des poissons débarqués ici.

Quelle est l’urgence ?

Obtenir « l’indispensable soutien financier de l’État et de l’Europe pour compenser les pertes liées au plan de sortie de flotte et pour restructurer », plaide Jean-François Garrec. Combien ? Aucun chiffre n’est annoncé. Il regrette que la filière « ne l’ait pas assez été », ces dernières années pour moderniser les bateaux, pour que des jeunes s’installent…

La priorité, désormais, est « de travailler tous ensemble, avec Maël de Calan (président du Conseil départemental), le syndicat mixte des ports de Cornouaille, Philippe Mahé (le préfet du Finistère), les professionnels… » afin de faire émerger des solutions.

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Comment rebondir ?

Les criées (130 agents contre 250 il y a quinze ans) vont être amenées à se réorganiser « autour d’un nouveau modèle économique à inventer ». La CCIMBO y a investi « plus de 100 millions d’euros en quinze ans » afin d’avoir des équipements performants et moins énergivores. « Nous avons la plus belle criée de France. C’est aussi la mieux organisée en termes de logistique », assure Jean-François Garrec. Parmi les hypothèses qui seront étudiées : davantage d’imports (5 % de ce qui est débarqué à ce jour) ? De nouvelles activités (hors pêche) ? Du tourisme ? Sans oublier pêche côtière, qui ne manque pas de dynamisme. La Cornouaille, leader en France en termes de pêche fraîche, a vocation « à rester une place de marché forte », martèle Jean-François Garrec.

(1) 90 bateaux vont être détruits au niveau national, dont 45 en Bretagne. Parmi eux, 34 en Finistère dont 26 en Pays bigouden (22 ont donc confirmé, quatre n’ont pas encore répondu).

Rose-Marie DUGUEN

source: https://www.ouest-france.fr/mer/peche/plan-de-sortie-de-flotte-en-sud-finistere-il-y-aura-bientot-deux-fois-moins-de-hauturiers-c95cc8f8-b429-11ed-8127-8d65520e914f

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