Par Louise RONDEL-LE NINAN.
Dix jours avant la fin des fouilles sur le site archéologique au nord de Plouay (Morbihan), Daniel Tanguy et son équipe nous dévoilent leur trouvaille : un bûcher à crémation unique datant de l’époque des Gaulois.
Au nord de Plouay (Morbihan), Daniel Tanguy, archéologue, et son équipe n’en reviennent toujours pas. Après plusieurs semaines de fouilles, étalées sur trois ans, les huit archéologues viennent de mettre au jour une importante trouvaille : un bûcher gaulois, datant de l’âge du Fer.
Découvrir ce bûcher gaulois, c’était inespéré. C’est une donnée majeure, car la présence attestée de bûcher en France est très rare, et est peut-être même unique en Bretagne. D’autant qu’il est très bien conservé
, explique Daniel Tanguy, le responsable de l’opération.
Un site de grande valeur
Accompagné d’Astrid Suaud-Préault, spécialisée en archéologie funéraire, d’Anne Villard-Le Tiec, spécialiste du funéraire dans l’âge du Fer, ainsi que de plusieurs bénévoles, comme Alexandre, Thierry ou encore Bertrand, Daniel Tanguy n’en est pas à sa première opération. J’ai passé 24 ans à diriger le site de recherches de Kerven Teignouse à Inguiniel. Tout ce qui est gaulois, ça me connaît !
À l’origine, c’est la découverte de trois petites stèles hémisphériques en granit, non loin du site, qui a provoqué le début des fouilles, avec la réalisation d’un premier sondage en 2021. Cette première exploration partielle a permis de mettre en évidence la base d’un monument circulaire de 7,6 m de diamètre. Construit en pierres, et très bien conservé, ce tumulus, abritait un caveau dans lequel se trouvaient deux urnes cinéraires. Leurs formes et décors ont permis de les dater aux alentours de 450 à 500 av. J.-C. Tous ces éléments indiquaient donc bel et bien la présence d’une nécropole.
Ce premier sondage a montré tout l’intérêt scientifique de l’opération
, précise Daniel Tanguy. Il s’agit donc d’une fouille dite « programmée », gérée et financée par l’État, le ministère de la Culture, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), et le service régional de l’archéologie. C’est l’association Scorff et Patrimoine, de Plouay, qui en est le support administratif.
Un apport scientifique important
L’approfondissement des fouilles a permis de dévoiler six urnes cinéraires supplémentaires, situées à quelques mètres. Elles sont en cours d’étude par Astrid Suaud-Préault. Certaines ont déjà fait l’objet de radiographies, qui ont permis de déterminer la présence d’ossements d’enfants et d’adolescents.
Le bûcher lui, destiné à récupérer les cendres des défunts avant qu’elles soient déposées dans les urnes, a été mis au jour dans la semaine du 17 juillet 2023. On sait que ce bûcher a été utilisé en trois temps, et qu’il a été utilisé avant la création du monument. Cela donne de bonnes pistes pour des interprétations possibles, c’est génial
, précise Astrid Suaud-Préault.
À la fin du mois, les fouilles s’arrêteront, et marqueront le début de la retraite pour Daniel Tanguy, 67 ans. Une belle façon pour lui de terminer sa carrière d’archéologue.
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