« Polluants éternels » : 37 sites bretons contaminés par les Pfas et 36 autres suspectés de l’être (LT.fr-23/02/2023-20h42)

Les aéroports et les bases militaires figurent dans la liste des sites suspectés d’être contaminés aux Pfas, présents dans la mousse-incendie stockée et utilisée par ces infrastructures pour éteindre
Les aéroports et les bases militaires figurent dans la liste des sites suspectés d’être contaminés aux Pfas, présents dans la mousse-incendie stockée et utilisée par ces infrastructures pour éteindre les feux d’hydrocarbures, expliquent nos confrères du Monde. (Photo Lionel Le Saux/Le Télégramme)
Dix-sept médias ont établi une carte d’Europe des sites contaminés aux Pfas, composés ultra-toxiques dits « polluants éternels ». En Bretagne, le document faisait apparaître, ce jeudi soir, 37 sites contaminés et 36 suspectés de l’être.

On les appelle des Pfas (prononcez Pi-fasses), acronyme presque aussi barbare que le nom des composés per et polyfluoroalkylés qu’il désigne. Des milliers, voire des millions de substances chimiques de synthèse, largement utilisées, depuis le sortir de la Deuxième Guerre mondiale, pour leurs propriétés anti-adhésives, anti-taches, anti-imperméabilisantes. Présents dans de très nombreux accessoires du quotidien (poêles de cuisine revêtues de Teflon, fil dentaire, implants médicaux, tapis, emballages, batteries automobiles, semi-conducteurs, etc.), ces agents à tout faire ont une autre caractéristique bien moins reluisante : réputés quasi indestructibles, ils polluent donc les sols, les eaux et les organismes vivants pour des siècles, voire des millénaires. Ce, parfois très loin de leur zone d’émission.

17 000 sites contaminés en Europe

Dix-sept médias, dont Le Monde et The Guardian, ont croisé les données existantes, les observations vues du ciel et « des milliers de prélèvements environnementaux » pour recenser et cartographier, de manière inédite, les sites contaminés et ceux suspectés de l’être en Europe. Cette titanesque enquête, dont les résultats ont été dévoilés, jeudi 23 février, par Le Monde, leur a permis de localiser 20 usines de production de Pfas, dont cinq en France (celles d’Arkema et de Daikin au sud de Lyon, de Chemours dans l’Oise, de Solvay à Tavaux dans le Jura et de Salindres dans le Gard). Mais aussi, à proximité comme à bonne distance de ces unités, 17 000 sites contaminés – prélèvements à l’appui – et 21 500 autres suspectés de l’être.

Des concentrations à plus de 100 ng/l sur cinq sites bretons

En zoomant sur la Bretagne, la carte interactive publiée dans Le Monde faisait apparaître, jeudi soir à 20 h, 37 points rouges, soit 37 sites dont l’analyse d’échantillons a révélé un taux de concentration de Pfas supérieur à dix nanogrammes par litre. Des lieux contaminés, donc, dont certains dépassent les 100 ng/l, seuil au-delà duquel les experts estiment qu’il y a danger pour la santé, et que 2 100 sites dépassent en Europe. Un taux de 690 ng/l a ainsi été relevé dans les eaux de surface de l’Aber-Benoît, à Plabennec (29), en 2020 ; de 223 ng/l, dans les eaux de surface de Gravières-de-la-Piblais, à Saint-Jacques-de-la-Lande (35), en 2021 ; et de 175 ng/l dans l’Oust, à Pleugriffet (56), en 2020. Une concentration de 117 ng/l a également été mesurée dans la Sarre, à Melrand (56), en 2021, et de 120 ng/kg, dans les sédiments du Pont-du-Roc’h, à Nostang (56), en 2021.

« Polluants éternels » : 37 sites bretons contaminés par les Pfas et 36 autres suspectés de l’être

Aéroports et bases navales

À ces 37 contaminations détectées, s’ajoutent 36 sites bretons « suspectés d’être contaminés », selon nos confrères. Sont concernés l’ensemble des aéroports de la région (Brest, Morlaix, Quimper, Lorient, Vannes, Lannion, Saint-Brieuc, Rennes, et Dinard), l’arsenal de Brest et les bases navales de Landivisiau, Lanvéoc-Poulmic (29) et Lann-Bihoué (56), plusieurs stations d’épuration et une dizaine d’unités de traitement et de valorisation des déchets de la région. En cause, selon nos confrères : les mousses anti-incendie AFFF, utilisées dans les aéroports et les bases militaires pour éteindre les feux d’hydrocarbures et qui, après usage, s’infiltrent dans les sols jusqu’aux nappes souterraines. C’est comme ça que les Pfas, soupçonnés, entre autres effets, de faire baisser la fertilité et d’accroître les risques de maladies cardio-vasculaires et de cancer du sein, du rein ou des testicules, arrivent dans l’eau du robinet.

La carte pointe, par ailleurs, un certain nombre de sites industriels spécialisés, notamment, dans le traitement et le revêtement de métaux – l’usine Michelin à Vannes (56), Chatal à Redon (35), Cadecap industrie à Grand-Fougeray (35) et la fabrication de papier – Glatfelter à Scaër et PDM Industrie à Quimperlé (29).

Auteur : Valérie Cudennec-Riou

source : https://www.letelegramme.fr/economie/quatre-sites-bretons-contamines-aux-polluants-eternels-et-36-autres-suspectes-de-l-etre-selon-une-enquete-collaborative-23-02-2023-13284608.php

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