Compensant les déficits de la sécheresse, l’usine de Pont-ar-Bled (Plouédern) joue à fond son rôle de super producteur d‘eau potable du pays de Brest. La sobriété des usagers l’aidera à tenir.
De passage, le jeudi 4 août 2022, à l’usine Eau du Ponant de Pont-ar-Bled, Stéphane Roudaut, vice-président de Brest métropole, s’est réjoui de « la solidarité territoriale » et a exhorté à « la responsabilisation de tous à la préservation de la ressource ». Une double mise en avant du maire de Gouesnou qui souligne l’exceptionnelle tension en cours, sur la distribution d’eau potable dans le pays de Brest, placé, depuis le 16 juillet, comme tout le Finistère, en alerte renforcée sécheresse.
L’eau pompée dans l’Élorn et potabilisée par l’équipement plouédernéen n’arrose plus seulement les 230 000 usagers réguliers de Brest métropole et de l’agglo du pays de Landerneau. Depuis le 26 juillet, l’infrastructure pilotée par Eau du Ponant compense aussi la baisse de rendement de l’unité de Kernilis, au bord d’un aber Wrac’h rarement paru si raplapla.
Appel à une vraie prise de conscience citoyenne
« Le syndicat du Bas Léon a sollicité l’interconnexion à notre réseau. Une première depuis la mise en place de ce dispositif, en 1995 », relève Arnaud Bechennec, directeur d’exploitation et de maintenance à Eau du Ponant. Grâce à cette entraide, 120 000 habitants des Abers, du pays d’Iroise ou de Lesneven-Côté des Légendes continuent de recevoir de l’eau potable. En parallèle, la société publique locale doit gérer des coups de mou sur ses propres infrastructures. À Bohars, l’usine de Kerleguer est quasiment à l’arrêt.
À défaut de précipitations tant attendues mais encore bien aléatoires, avant la fin du mois, les responsables d’Eau du Ponant et les élus y siégeant comptent moins sur la pluie que sur la sagesse des usagers pour éviter les coupures d’approvisionnement. « Si nous voulons éviter que la pré-crise devienne une crise, en septembre, il faut vraiment que tout le monde prenne conscience, maintenant, de la situation », insiste Jean-François Ménez, directeur technique chez Eau du Ponant.
Même à plein régime
Si tous les autres sites se mettent à l’arrêt – il ne reste plus que quinze jours de réserve d’eau à l’unité de Kermorvan, en pays d’Iroise – car la précieuse ressource n’a pas été suffisamment préservée, l’usine de Plouédern pourra difficilement couvrir à elle seule tous les besoins. Même si le réservoir du Drennec (aménagé après la sécheresse de 1976) contient encore un niveau confortable d’eau à lui fournir.
Elle tourne à sa production maximale de 43 000 m3 par jour. Mais, pour 300 000 habitants (soit, approximativement, l’ensemble des collectivités qu’Eau du Ponant peut soutenir), il faut distribuer 60 000 m3 par jour. En temps normal ».
En complément
Particuliers, collectivités, industriels, agriculteurs… Tous concernés
L’appel à l’économie d’eau concerne les particuliers et les collectivités, comme les industriels et les exploitants agricoles, qui se détournent de leurs propres forages (parfois asséchés) pour s’en remettre au réseau public. « Nous recevons des demandes de connexion de maraîchers », signale Jean-François Ménez, directeur technique chez Eau du Ponant.
Les plus gros clients industriels ou agriculteurs, ceux qui utilisent plus de 6 000 m3 d’eau par an, ont été appelés par la SPL « pour qu’ils fassent attention, qu’ils limitent leur consommation ». La situation d’alerte renforcée sécheresse, en vigueur, oblige les industriels à réduire leur consommation d’eau, a minima de 25 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Si la situation empire et le niveau d’alerte passe à l’échelon de crise (le plus élevé), le préfet peut décider l’arrêt total des prélèvements.
Auteur : Yann Le Gall