Quatre jeunes migrants ont pu profiter d’un stage d’acclimatation à l’eau organisé du 31 juillet au 4 août 2023 dans les bassins de la piscine Aquasud, à Pont-l’Abbé (Finistère). Mise en place par l’association Le Temps Partagé, cette initiative doit permettre à ces mineurs isolés de surmonter des traumatismes vécus durant leur traversée de la Méditerranée et de retrouver de la sérénité au contact du milieu aquatique.
« Les quatre jours pour rejoindre l’Espagne ont été un enfer. La pirogue à ciel ouvert, sur laquelle j’avais pris place, était sans arrêt chahutée par le vent et les vagues. Nous n’avions que de l’eau, du pain et quelques biscuits. Trois nuits sans dormir. Je garde toujours en moi l’odeur de l’essence et la peur au ventre à l’idée de me noyer car je ne savais pas nager. »
Venu de Côte d’Ivoire il y a deux ans, Yaya a dû franchir la Méditerranée pour migrer en France, après avoir traversé le Mali puis la Mauritanie, laissant derrière lui ses parents et ses deux petits frères.
De cette traversée traumatisante, réalisée à l’âge de 15 ans, il garde une profonde crainte de l’eau. C’est pourquoi l’association quimpéroise Le Temps Partagé lui a permis de participer à un stage d’acclimatation à la piscine Aquasud de Pont-l’Abbé (Finistère), du lundi 31 juillet au vendredi 4 août 2023. Aux côtés de Yaya, Sékou, également ivoirien, Moujib et Mouhamad, d’Afghanistan, ont également pu profiter de l’initiative.
Retrouver de la sérénité dans l’eau
Le Temps Partagé réunit des bénévoles qui mettent en place et soutiennent des actions visant à accueillir, accompagner et aider ces mineurs isolés. « Les épauler, c’est les aider au niveau de leur hébergement, de leur scolarisation, le temps de faire reconnaître leur minorité auprès de la justice ou jusqu’à la fin de leur scolarité. C’est assurer le suivi médical, administratif, et leur apporter un peu de joie de vivre et d’espoir après le cauchemar que la plupart ont enduré », explique l’une des responsables de l’association.
Cette semaine, suite à une demande émanant de Gaël et Sylvie Vaillant, bénévoles, les quatre jeunes ont été accueillis par l’équipe d’Aquasud pour un stage animé par Christine Caummaud, cheffe de bassin. « L’objectif que nous avons défini ensemble, c’est d’aider ces jeunes à retrouver une certaine sérénité dans l’eau, d’y trouver du plaisir par le biais du jeu, de la relaxation et une ré acclimatation à un milieu qui a été source d’un énorme traumatisme », détaille-t-elle.
Des balades pour découvrir l’océan
Volontaire et engagé dans une formation de carreleur, Yaya prépare activement son CAP. « Tout ce que j’apprends me plaît. » Volontaire, il l’était aussi pour venir se confronter à l’eau. « La piscine me fait moins peur que l’océan ! », assure-t-il.
Récemment, il avait pris place avec d’autres jeunes sur le bateau de Gaël et Sylvie, ancré à l’Île-Tudy. Ils organisent tout au long de l’année des balades de deux heures pour habituer les jeunes migrants à l’environnement marin, qu’ils sont amenés à fréquenter. « Au début, c’est un peu compliqué pour eux, ne serait-ce que regarder la mer, et peu à peu les visages s’illuminent, ils respirent à fond et en redemandent ; on sait alors que c’est gagné ! » se réjouit Sylvie.
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