Porcherie de Landunvez : le commissaire-enquêteur favorable à la régularisation. ( LT.fr – 15/07/22 – 19h45 ) 

L’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, est soumise à autorisation préfectorale. Le commissaire-enquêteur a rendu un avis favorable, avec une réserve et une recommandation.
L’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, est soumise à autorisation préfectorale. Le commissaire-enquêteur a rendu un avis favorable, avec une réserve et une recommandation. (Photo d’archives, Le Télégramme/David Cormier)

Une enquête publique a eu lieu au printemps 2022 pour régulariser l’extension de la porcherie Avel Vor à Landunvez. Le commissaire enquêteur y est favorable, ajoutant une réserve et une recommandation. Le préfet va sans doute embrayer.

Cette fois, c’est oui. L?e commissaire enquêteur chargé d’évaluer le dossier d’extension de l’activité (de 675 à 850 truies) de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, a rendu son rapport le 28 mai 2022. Il est consultable sur internet. Il est favorable, contrairement à son prédécesseur, en 2016. Le préfet de l’époque l’avait pourtant validé. Il était alors question de produire 12 000 porcs deux fois l’an.

Attaquée devant le tribunal administratif par des associations de défense de l’environnement, l’autorisation préfectorale d’extension avait été annulée, en mai 2019, pour insuffisance de l’étude d’impact soumise à l’enquête publique. Même chose en appel, en novembre 2021. Le préfet avait alors accordé une dérogation provisoire, et enjoint l’exploitant, Philippe Bizien, à demander une nouvelle autorisation, soulignant que « l’extension réalisée a permis d’améliorer la sécurisation du site s’agissant des risques de pollution au lisier et de limiter les dégagements gazeux grâce à la couverture de trois fosses extérieures ». Une nouvelle enquête publique a donc eu lieu pour régulariser les travaux déjà réalisés.

Il manque un talus de protection

Au terme des 28 pages qui égrènent les différents aspects et points de vue, le commissaire-enquêteur émet « un avis favorable à la poursuite de la procédure de demande d’autorisation environnementale ». Avec toutefois une réserve : la visite du site lui a permis de « constater, à hauteur du pont-bascule, une insuffisance de talus de protection des risques d’écoulement des eaux pluviales (pouvant être polluées) ou d’un accident d’écoulement des cuves à lisiers sises à proximité vers la lagune en contrebas ».

« Le porteur de projet », poursuit-il, « reconnaît qu’un risque éventuel persiste au niveau du pont-bascule. Le talus est en projet et il s’engage à être réalisé dans les meilleurs délais et au plus tard avant la fin de l’année 2022 ». Nous avons sollicité cette semaine Philippe Bizien. Il indique que les travaux ont commencé et vont se terminer dans quelques semaines. « Nous l’avions déjà prévu après un diagnostic de risques, il y a quelques mois ».

Il est conseillé de communiquer

Par ailleurs, le commissaire-enquêteur formule une recommandation. « Dans la population, des interrogations demeurent, sur les suivis qui seront menés en cours d’exploitation, pour la sécurité, la protection de l’environnement et de la population (analyse d’ammoniac rejeté, taux de phosphore dans le captage d’eau potable d’alimentation de l’élevage, qualité des eaux du ruisseau bordant l’élevage, communication publique des résultats des analyses, fréquence des analyses). Il appartient au porteur de projet de mettre en place un moyen de communication au public des résultats des mesures et analyses réalisées, en particulier sur les taux de phosphore dans le captage d’eau potable d’alimentation des animaux », conclut-il.

Sollicité, l’exploitant indique que « des choses existent déjà de la part de l’administration » mais qu’il va voir avec elle ce qui pourrait être mis en place.

En complément

Des associations outrées de l’avis favorable pour la grande porcherie de Landunvez

Plusieurs associations estiment que l’enquête publique concernant la régularisation de l’extension de la porcherie Avel Vor à Landunvez n’est pas équitable.

« Une enquête publique qui viole la justice et la démocratie ». Les mots sont forts. Les associations qui s’opposent à ce qu’ils appellent « l’usine à cochons » sont en colère. Le commissaire-enquêteur en charge de l’enquête publique du printemps 2022 a émis un avis favorable à la régularisation de l’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez.

Constatant des manques importants dans l’information du public sur l’impact du projet, la justice avait annulé (et confirmé en appel) l’extension accordée par l’ancien préfet du Finistère, en 2016, malgré l’avis défavorable du commissaire-enquêteur de l’époque.? Le préfet actuel va sans doute suivre cet avis positif, après la nouvelle enquête publique et accepter la régularisation, les travaux ayant déjà été effectués depuis et des améliorations ayant été apportées.

Les associations attirent « l’attention sur les insuffisances de cette enquête publique manifestement conduite avec l’objectif de ne retenir que les éléments et les rares avis favorables au projet. Les associations saisissent la justice, la justice condamne, l’État régularise, les installations polluantes perdurent », fustigent-elles. Elles estiment que le commissaire-enquêteur a balayé d’un revers de main plus de 3 000 avis négatifs déposés sur une pétition en ligne, qui lui ont été transmis.

De nouveau devant la justice ?

Les associations (notamment AEPI, Avenir et environnement en Pays d’Iroise et APPCL, Association pour la protection et la promotion de la Côte-des-Légendes et Eau et Rivières de Bretagne) jugent que ces enquêtes publiques ne servent à rien d’autre qu’à valider les projets. Elles réfléchissent à porter de nouveau l’affaire devant la justice.

« Vu les antécédents judiciaires, c’est un dossier sensible et c’est sans doute un commissaire-enquêteur expérimenté qui a été nommé », estime un observateur avisé de ces procédures. De fait, l’ancien officier de gendarmerie Jacques Soubigou a déjà œuvré, entre autres, sur la centrale au gaz de Landivisiau. Il fait d’ailleurs mention rapide à plusieurs reprises, dans son rapport, des milliers d’avis négatifs observés, fait part des inquiétudes et demande à l’exploitant, Philippe Bizien, de mieux informer le public.

L’exploitant y voit du harcèlement

Contacté, l’exploitant voit dans le comportement des associations « un harcèlement. C’est très pénible, surtout pour les salariés qui pensent, comme moi, qu’on fait bien notre métier ! Personne n’avait compris l’avis négatif du premier commissaire-enquêteur », assure-t-il. « Je préférerais qu’il y ait du dialogue ».

Auteur : David Cormier

Source : Porcherie de Landunvez : le commissaire-enquêteur favorable à la régularisation – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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