Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Le niveau de stress monte au sein de l’axe occidental-atlantiste. La peur de voir la Chine avec ses alliés prendre position en ignorant les plateformes où les voix de l’Occident se font un peu trop entendre – en est une des principales raisons. Cette perspective renforcera évidemment l’isolement des régimes nostalgiques de l’unipolarité.
Avec la déception occidentale quant au bilan du récent Sommet du G20 en Inde, la réalité semble effectivement rattraper l’establishment politico-médiatique de l’Ouest qui ne cache plus sa peur quant au positionnement actuel et à venir de la République populaire de Chine. Et pendant que certains responsables et analystes occidentaux pensaient voir une «opportunité» pour l’axe pro-unipolaire dans l’absence des leaders chinois et russe durant ledit sommet, d’autres au contraire n’ont pas caché leur vive inquiétude.
«L’absence de Xi Jinping au G20 pourrait faire partie d’un plan visant à remodeler la gouvernance mondiale», titrait le média étasunien de CNN. En notant que l’absence du président chinois à cet événement arrive pour la première fois depuis dix ans.
The Wall Street Journal indiquait de son côté que l’absence du leader chinois au G20 témoigne d’un fossé croisant sur le leadership mondial et que la Chine évite désormais les forums dominés par les Etats-Unis et se concentre sur les blocs prioritaires, comme celui des BRICS.
En termes de perspectives, ce que fait réellement peur aujourd’hui à cet axe de l’extrême minorité mondiale étant précisément que les grandes puissances non-occidentales et leurs alliés, en d’autres termes – la grande majorité de l’humanité – se désengagent progressivement des forums et événements où les Occidentaux ont leur habitude d’aboiement. Plus particulièrement en matière à donner des leçons au reste de la planète, tout en mettant en avant des dossiers qui représentent une priorité pour l’axe occidental-atlantiste – mais précisément pas pour les puissances et nations non-occidentales.
Et lorsque cela arrivera – il ne restera aux représentants de ces régimes de l’Occident à ne pouvoir aboyer qu’entre eux. Pas la meilleure des perspectives pour eux – il faut bien le reconnaitre. Il est d’ailleurs aujourd’hui particulièrement intéressant comment ces mêmes Occidentaux, dont une fois encore la voix de propagande US de CNN, tentent de s’accrocher à des organisations comme le G20, en faisant désormais beaucoup moins référence au club dépassé du G7.
Ainsi comme le média étasunien le notait dans un autre de ses articles, «le G20 représente 85% de la production économique mondiale, 75% du commerce mondial et abrite les deux tiers de la population mondiale. Tandis qu’en revanche les BRICS+ ne représentent que 36% du PIB mondial et moins de la moitié de la population mondiale».
En oubliant comme à l’accoutumé chez les Occidentaux de rappeler plusieurs points essentiels. Comme le fait que la population combinée de l’alliance des BRICS représente aujourd’hui pratiquement la moitié de la population terrestre (45% plus exactement). Et représentera encore plus suite aux prochaines étapes d’élargissement. Que les BRICS avant même le récent élargissement et uniquement sur la base des cinq premiers membres que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – ont dépassé en termes de PIB combiné les sept régimes du fameux club occidental + Japon du G7.
Qu’au sein du G20 – les régimes occidentaux représentent moins de la moitié des Etats-membres. Et que surtout à la différence du G20 où les divisions ne cessent de s’exacerber entre les membres non-occidentaux et la minorité planétaire occidentale, comme l’a d’ailleurs parfaitement démontré le dernier sommet en Inde – les BRICS, comme par ailleurs l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), ou encore l’Union économique eurasiatique, représentent des structures internationales où les membres partagent des valeurs communes, ou bien souvent très proches. Y compris sur l’avenir de la gouvernance mondiale.
Quant aux regroupements destinés normalement à échanger ensemble en vue d’une coopération internationale inclusive, y compris le G20, si ce n’est que pour écouter les gesticulations des régimes occidentaux – il n’y a effectivement aucun intérêt majeur pour la Chine et la Russie à y accorder une grande attention. Et fort certainement bientôt pour d’autres nations issues de la majorité mondiale et soutenant l’ordre planétaire multipolaire. Encore une fois – fort probablement un monde post-occidental.
D’autant plus que l’absence des dirigeants chinois et russe à des forums où sont présents de nombreux représentants occidentaux – n’empêche aucunement le blocage de l’agenda de ces mêmes régimes occidentaux. Une fois encore – le récent sommet en terre indienne l’a parfaitement démontré. Et cela est déjà très positif et important.
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Source : Positionnement de la Chine et la montée de l’inquiétude du camp occidental. Observateur Continental
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/positionnement-de-la-chine-et-la-montee-de-linquietude-du-camp-occidental-observateur-continental-14-09-23/