Pour Fabien Roussel, le problème c’est Mélenchon ou c’est Macron ? (IO.fr – 13/07/23)

Fabien Roussel à l’Assemblée nationale, le 7 juin (Photo AFP)

La semaine passée, le dirigeant du PCF n’a pas raté pas une occasion d’en appeler à la répression et de dénoncer La France insoumise, tout en refusant ostensiblement de rejoindre l’appel “Notre pays est en deuil et en colère” lancé pour les manifestations du 8 juillet.

Mercredi 5 juillet, un appel intitulé « Notre pays est en deuil et en colère » est publié, signé par des organisations syndicales dont la CGT, Solidaires, la FSU, l’Unef, des associations, des collectifs, des partis politiques dont La France insoumise, EELV, Génération.s, le POI…

Un appel qui se place sur le terrain politique, celui de la dénonciation du gouvernement et de sa responsabilité, de la défense des libertés publiques et individuelles, de la liberté de manifester.

Ce texte appelle, dans sa conclusion, « à rejoindre tous les rassemblements et marches, autour de ces revendications, partout dans le pays à partir du mercredi 5 juillet, à l’exemple de la marche organisée par le comité Vérité et Justice pour Adama le 8 juillet à Beaumont-sur-Oise ».

Parmi les partis politiques de la Nupes, deux absents notables : le Parti communiste français et le Parti socialiste.

Alors que cet appel constitue un indéniable point d’appui pour tous ceux qui veulent diriger leur colère contre les responsables politiques de la violence de la situation, Macron et son gouvernement en tête, ces deux formations politiques refusent de s’y associer.

Concernant le PCF, rien d’étonnant quand on lit ce tweet de Léon Deffontaines, son porte-parole et chef de file aux européennes, cautionnant la répression du gouvernement : « Les casseurs doivent être sanctionnés. » 

Cette prise de position a provoqué des remous dans le PCF. Dans une assemblée Nupes réunie à Sète le 6 juillet dernier, un militant PCF s’interroge : « Lorsque nous avons vu que le PCF était non signataire, nous nous sommes interrogés avec les camarades. Le national, que nous avons interrogé, nous a dit en substance : signer un appel aussi rapidement ce n’est pas démocratique par rapport au parti. De plus, il y a trois, quatre points avec lesquels nous ne sommes pas d’accord. Mais après s’être concertés en interne, nous avons décidé de soutenir cet appel et l’avons fait savoir localement à la Nupes. Sachez aussi que beaucoup de fédérations au niveau départemental sont sur cette ligne. Nous espérons ainsi faire bouger les lignes sur le plan national. C’est un combat interne. Nous serons présents à la réunion du 11 juillet pour organiser le rassemblement le 15 juillet. »

DES REMOUS DANS LE PCF

Dans le Bas-Rhin (67), la fédération du PCF décide d’appeler au rassemblement le 8 juillet. Près de 500 militants étaient présents à Strasbourg ce jour-là.

Tout cela se déroule avec en toile de fond l’offensive de dénonciation de La France insoumise, menée par Macron, les macronistes et leurs alliés, de la droite à l’extrême-droite. Dans les derniers jours, elle a franchi de nouveau un cran puisque La France insoumise est carrément considérée comme ne faisant pas partie de « l’arc républicain ».

Invité des « Quatre Vérités » sur France 2 le 4 juillet, Fabien Roussel s’engouffre dans la brèche : « Je me désolidarise totalement des propos de Jean-Luc Mélenchon et des députés qui refusent d’appeler au calme et qui ont légitimé cette violence en disant que c’est une révolte. C’est dangereux. Au contraire, nous avons besoin d’appeler tous ensemble au calme. » 

Donc selon Roussel, le problème ce sont les propos de Jean-Luc Mélenchon et pas les actes de Macron ?

Le même jour, le secrétaire du PCF avait également répondu favorablement à la provocation de Macron qui déclarait devant 200 maires réunis à l’Elysée « ne pas exclure de couper les réseaux sociaux » en cas de crise en se fendant sur Twitter d’un « Je préfère un couvre-feu sur les réseaux sociaux qu’un couvre-feu sur la population ». Voilà où mène le principal défenseur de la « ligne de moindre résistance » qui finit par couvrir la politique de Macron.

Au même moment, il faut noter que le Parti socialiste, qui avait commencé par lui aussi, hurler avec les loups, a fini par se raviser, vu l’ampleur de l’offensive contre La France insoumise : « Elisabeth Borne commet une faute en cherchant à sortir LFI de l’arc républicain tout en blanchissant le RN. Les désaccords sont légitimes. C’est la démocratie. Mais les valeurs portées par la gauche radicale s’inscrivent dans la tradition républicaine, pas le RN. » (Olivier Faure sur Twitter.)

Répondant directement à Fabien Roussel, Jérôme Guedj fustige « le Mélenchon-bashing devenu sport national »« Pour la droite et les macronistes, c’est bassement tactique. Mais que certains à gauche s’y engouffrent, c’est désolant. Les désaccords à gauche existent et doivent se régler dans le cadre unitaire. » (Twitter.)

Auteur : Rosalie Albani

Source : Pour Fabien Roussel, le problème c’est Mélenchon ou c’est Macron ? (infos-ouvrieres.fr)

URL de cet article : Pour Fabien Roussel, le problème c’est Mélenchon ou c’est Macron ? (IO.fr – 13/07/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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