Pour plus de 60 % des habitants de Rennes Métropole, il est difficile de s’y loger. ( LT.fr – 12/12/22 – 06h30 )

Il faudrait construire davantage pour réussir à loger toute la population de Rennes Métropole, une solution qui n’a pas que des alliés sur le territoire.
Il faudrait construire davantage pour réussir à loger toute la population de Rennes Métropole, une solution qui n’a pas que des alliés sur le territoire. (Vincent Michel/Le Mensuel)

Prix inaccessibles, manque de place, logements mal isolés… Les habitants de Rennes Métropole comptent sur le programme local de l’habitat de 2023 à 2028 pour améliorer leur qualité de vie.

Depuis le début de l’été, à Gévezé comme à Chantepie, les habitants de Rennes Métropole ont retrouvé Nathalie Appéré pour parler logement. Plus de 140 personnes par soirée sont venues partager leurs vécus, dans une métropole qui grossit et semble parfois inaccessible. Leurs témoignages font écho aux chiffres de l’enquête quantitative sur les attentes et besoins en termes de logements menée à l’automne dernier, en préparation du plan local de l’habitat (PLH) de 2023-2028.

Des 3 357 personnes interrogées sur la métropole, 67 % signalait la difficulté de s’y loger. Les prix sur le territoire vont, pour 71 % d’entre eux, de peu abordables à inaccessibles. Seulement, Rennes Métropole n’est pas considérée comme une zone tendue. Impossible, par conséquent, d’encadrer les loyers sur les communes de la métropole. Des 1227 suggestions déposées par les habitants, pourtant, 26 % y voyaient la solution.

3 000 logements étudiants d’ici 2026

Les habitants restent plein d’idées : soutenir les baux de trois ans, limiter la spéculation, améliorer les services et la mobilité sur la métropole, ou proposer des logements intergénérationnels. « Je n’y avais jamais pensé avant de venir à ces réunions », admet une étudiante enthousiaste. Inscrite à l’université à Rennes, elle fait le trajet en car, chaque jour, depuis Fougères. Ils sont nombreux à espérer une vie étudiante plus accessible grâce au futur PLH, notant que 3 000 logements supplémentaires doivent déjà être proposés d’ici 2026.

Nathalie Appéré partage l’expérience d’un jeune adulte, ayant dû refuser un master à Rennes, faute de logement. Dans la salle pendant la restitution, il témoigne : « J’ai le sentiment d’avoir été entendu, et si c’est trop tard pour moi, je pense qu’on peut faire la différence pour les prochains ». Une situation inacceptable, selon la maire de Rennes qui plaide pour une métropole où les gens auraient la liberté de choisir où habiter, à des prix raisonnables, et dans un logement sain.

Meublés touristiques et passoires thermiques

Pour 39 % des métropolitains qui souhaitent déménager, la qualité de l’isolation thermique, par exemple, est un critère principal. Une priorité émanant surtout des habitants en location, de foyers au revenu inférieur à 1 500 € ou des séniors. Une population d’autant plus fragilisée par l’inflation et la crise énergétique. L’Audiar recensait, en juillet 2022, 28 000 biens énergivores dans Rennes Métropole. S’ils logent dans le centre-ville, gare à la facture : 70 % des logements du centre ancien de Rennes sont des passoires énergétiques, classées E. Avec la loi climat et résilience, ils devraient être retirés du parc locatif tant qu’ils ne sont pas rénovés… sauf s’ils basculent en meublé touristique.

Les Airbnb aux quatre coins de Rennes, – à l’instar des logements vacants -, agacent déjà les habitants, qui appellent à lutter contre la spéculation. Certains, parce que l’accès au logement est déjà trop compliqué pour que des biens soient dédiés aux touristes. C’est le cas de cette mère seule, qui témoigne, voix tremblante : « Je voudrais savoir ce qu’on peut faire pour ces mères séparées, en difficulté, qui se rendent en agence immobilière et où on leur dit non, parce qu’il faut gagner trois fois le montant du loyer, et qui vivent dans leur voiture, dans des yourtes… Ce n’est pas tenable ».

Deux fois plus de logements attendus

Pour Appéré, construire semble inévitable. 5 000 logements par an doivent être produits, avec 10 % à remobiliser dans l’existant. « C’est parce qu’on y propose des logements et des services que des personnes rejoignent les métropoles », argumente le collectif Alternatiba Rennes. Seulement, les habitants de la métropole vivent plus longtemps seul, vivent plus vieux, se séparent davantage… « Il faut accepter collectivement qu’il faille deux fois plus de logements aujourd’hui pour une population équivalente à celle des années 60 », explique la maire de Rennes.

Seuls 34 % des répondants estimaient que de nouveaux logements changeraient la donne. Noisette, mère d’une petite fille partage son appréhension : « On veut d’une Rennes Métropole forte, pas une mégalopole 
». Comme ceux présents à la restitution, mardi 6 décembre, Noisette attend de voir ce que le PLH va changer. Il y a des demandes de concertations citoyennes comme de plateformes de suivi. Nathalie Appéré le souligne : « J’ai bien entendu que vous ne nous donniez pas quitus sur discours, mais que vous jugerez sur pièce ». Les premiers résultats ne seront pas immédiats, la version finale du PLH devant être présentée en décembre 2023.

Auteur : Elissa Abou Merhi 

Source : Pour plus de 60 % des habitants de Rennes Métropole, il est difficile de s’y loger – Logement : le casse-tête des Rennais – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *