« Pourquoi a-t-on ouvert autant de Biocoop ? » : face à la crise, les adhérents veulent comprendre. ( OF.fr – 11/01/23 )

Après la fermeture de trois magasins Scarabée Biocoop en décembre, celui du Blosne devrait être le prochain.
Après la fermeture de trois magasins Scarabée Biocoop en décembre, celui du Blosne devrait être le prochain. 

Fermeture de magasins, conditions salariales et chute des ventes : lors d’une réunion réservée aux adhérents, mardi 10 janvier 2023, les clients ont fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis des magasins du réseau Scarabée Biocoop, de la métropole rennaise (Ille-et-Vilaine).


« Aujourd’hui, nos Biocoop traversent une situation préoccupante. »
 Voilà le constat dressé, par l’association des Coopacteurs de Scarabée Biocoop à Rennes (Ille-et-Vilaine), lors de la réunion réservée aux 60 000 adhérents, mardi 10 janvier 2023.

Et la salle était comble. Parmi la soixantaine de personnes, de nombreux clients inquiets. Depuis plus d’un an, l’entreprise fait face à d’importantes difficultés financières. Ce qui a mené à son redressement judiciaire en octobre 2022. Ainsi qu’à la fermeture de trois magasins rennais de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), le 3 décembre.

« Problème structurel »

Rapidement les questions fusent. « Comment et pourquoi le réseau en est-il arrivé là ? », se questionnent les consommateurs. Car si le bio est en crise « le problème n’est pas que conjoncturel mais aussi structurel », indique-t-on. Certains s’interrogent sur la stratégie d’implantation de petits magasins dans la métropole. « Pourquoi a-t-on ouvert autant de magasins ? »

Entre janvier et septembre 2022, les ventes dans le secteur du bio ont baisé de 7 %. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

En douze mois, quatre nouvelles boutiques sont sorties de terre. Sur la place de Bretagne, rue de Lorient, rue de Saint-Malo et une autre au Blosne. « Une technique de la terre brûlée », selon un client, qui mènerait selon lui à la perte du réseau. Les trois premières viennent en effet de fermer. Et la dernière est en sursis.

Fermeture du magasin du Blosne ?

Lors de l’annonce des fermetures en décembre dernier, Scarabée Biocoop avait indiqué qu’un quatrième magasin pourrait fermer si les comptes de l’entreprise ne s’amélioraient pas. Dans l’assemblée on annonce que « la décision a été prise ». Il s’agirait de la Biocoop Scarabée Le Triangle, située au Blosne, au rez-de-chaussée d’un immeuble dédié à l’économie sociale et solidaire.
Un véritable crève-cœur pour ses clients. « Cet emplacement, dans un quartier populaire, était symbolique en termes d’accessibilité du bio pour le grand public. » Pour le moment, la direction de Biocoop n’a pas confirmé cette fermeture.

Des conditions salariales dégradées

Des fermetures en série et une situation économique qui impactent fortement les conditions salariales des employés. « Nous souhaitons leur apporter notre soutien. Il faut qu’on leur redonne confiance », insiste le bureau de l’association des consommateurs.

« Morosité »« turn-over »« employés à bout » etc. Les consommateurs s’inquiètent de leurs conditions de travail. « Dans une société coopérative comme Biocoop, d’un point de vue éthique, on ne peut pas se désintéresser du bien-être des salariés », martèle cette cliente fidèle depuis plus de trente ans.

« Remettre de l’humain dans le réseau »

Beaucoup de questions donc mais finalement peu de réponses… « Alors que nous sommes une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), nous avons très peu d’informations de la part de la direction », constate l’auditoire. La solution : « Remettre de l’humain au cœur du réseau. » Notamment en renforçant la présence des adhérents dans le conseil de surveillance de la SCIC pour peser sur la prise de décisions. Certains sont plus pessimistes quant à l’avenir de la coopérative.

Cette réunion était aussi l’occasion pour l’association de tenter de comprendre la désaffection du réseau par une partie des adhérents. Avant même les questions d’inflation, la fréquentation des magasins était en baisse. Le chiffre d’affaires a pu baisser jusqu’au 20 à 30 %, entre 2020 et 2021. Certains clients regrettent notamment qu’avec son déploiement et le turnover des salariés, le réseau ait perdu son côté « épicerie de quartier » originel.

Un nouveau point sur la situation économique devrait être fait à la fin du mois de mars 2023. Si la situation se dégrade, Scarabée prévoit de revoir sa copie et « de regarder d’autres sources de pertes, magasins et restaurants ».

Auteur : Juliette ORIOT.

Source : « Pourquoi a-t-on ouvert autant de Biocoop ? » : face à la crise, les adhérents veulent comprendre (ouest-france.fr)

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