Pourquoi Bridor abandonne son projet d’usine à Liffré près de Rennes. ( OF.fr – 30/05/23)

Bridor compte déjà deux sites de production dans l’Ouest, à Servon-sur-Vilaine près de Rennes et à Louverné en Mayenne.
Bridor compte déjà deux sites de production dans l’Ouest, à Servon-sur-Vilaine près de Rennes et à Louverné en Mayenne. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

L’entreprise Bridor vient d’annoncer l’abandon de son usine de viennoiseries industrielles à Liffré (Ille-et-Vilaine), près de Rennes. Le groupe Le Duff dit avoir baissé les bras face aux recours et à la lenteur administrative du projet. Les opposants estiment que cette décision s’inscrit dans une stratégie internationale.

Le groupe Le Duff (Brioche Dorée, Del Arte…) vient d’annoncer l’abandon de son projet d’usine de viennoiseries industrielles qui devait s’implanter à Liffré, au nord est de Rennes. Un nouveau rebondissement dans ce feuilleton vieux de six ans. « En 2017, Bridor recherche un site en France pour répondre à la demande de ses clients, remonte l’entreprise ce mardi 30 mai 2023 dans un communiqué. Six ans plus tard, Bridor a obtenu les conclusions favorables de la Commission Nationale du Débat Public, et toutes les autorisations administratives nécessaires (permis de construire, autorisation environnementale). »

Pour autant, la construction sur le terrain en bordure de l’A84 n’avait toujours pas démarré. La faute, selon le groupe Le Duff, « aux recours engagés devant la justice. Une fois tous ces recours purgés, il faudrait compter deux années de construction pour ce type de site industriel ». Des travaux qui ne démarreraient pas « avant 2026, amenant le démarrage du site au plus tôt en 2028 ».

Le chef Jean-Jacques Massé, Louis le Duff, président du groupe Le Duff et Philippe Morin, directeur général de Bridor. | ARCHIVES BRIDOR

Une échelle de temps « incompatible avec la demande croissante de nos clients », estime Philippe Morin, directeur général de Bridor. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre dix ans, voire certainement davantage, pour que notre projet industriel aboutisse, lorsque nos concurrents à l’étranger mettent un à deux ans maximum pour obtenir les mêmes autorisations de construction », compare Louis Le Duff, président fondateur du groupe, dans le communiqué.

Des acquisitions à l’étranger

L’entreprise, dont le siège social se situe à Alma à Rennes, dit poursuivre ses investissements sur ses autres sites en France, et à l’étranger. Au Portugal, Bridor a fait l’acquisition de Panidor en octobre 2022 « pour répondre à la demande européenne ». En Amérique du Nord, Bridor a fait l’acquisition en juillet 2022 de Lecoq Cuisine et a doublé ses capacités sur son site de Montréal, pour répondre à la demande américaine.

Du côté des opposants au projet, on avance d’autres explications : « Cela ne s’est pas improvisé en quelques mois, considère Philippe Rocher, du collectif Colère. Ils disaient « Liffré est notre priorité » mais ils n’ont jamais arrêté de travailler à leur expansion. Une stratégie internationale, dessinée sur du long terme. »

Les travaux pouvaient commencer

Dans les faits, ce long calendrier, à l’origine, n’a rien à voir avec les recours en justice. Bridor a réellement choisi Liffré non pas en 2017 mais en 2019. Fougères, l’Allemagne et d’autres sites potentiels étaient en ligne de mire. Ensuite, les démarches pour monter un site de 20 hectares sont un long parcours auprès de l’État. Le Covid a rallongé les délais. Et quand les recours ont été déposés, aucun n’était suspensif. Le groupe Le Duff avait l’autorisation de lancer ses travaux.

Le permis de construire accordé pour la première phase de l’usine Bridor avait été affiché en juillet 2022. | OUEST FRANCE

Fin 2022, quand l’industriel dénonce ces oppositions, il vient de recevoir les arguments présentés à la justice par ses détracteurs. « Nous avions des arguments sérieux pour montrer les impacts sur l’environnement », considère Pauline Pennober d’Eau & rivières. Est-ce que cela a joué dans le choix de cet abandon ? Les militants l’espèrent. « Faire quoi et comment dans le monde industriel de demain et sur notre territoire, c’est la vraie question. »

« On espère que cela va servir de point d’alerte pour les décideurs, poursuit la professionnelle. L’abandon de Notre-Dame-des-Landes, du centre commercial Open sky, l’extension moins grande du quartier Via Silva près de Rennes, prouvent que l’avenir doit s’imaginer autrement. » Pour Eau & rivières et tous les opposants, la priorité est de créer des productions à taille humaine, au plus près des besoins.

Auteur : Karin CHERLONEIX et Hugo HUAUMÉ.

Source : Pourquoi Bridor abandonne son projet d’usine à Liffré près de Rennes (ouest-france.fr)

URL de cet article : Pourquoi Bridor abandonne son projet d’usine à Liffré près de Rennes. ( OF.fr – 30/05/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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