Pourquoi il manque 150 places dans les Ehpad de Cornouaille (LT.fr-22/06/22-5h45)

personnes agées , unité de soins de longue durée , résidence médicalisée pour personnes agées .

Il y aura 150 places en moins pour l’accueil des personnes âgées cet été en Cornouaille. La conséquence de la situation de crise que traversent actuellement de nombreux Ehpad, faute de personnels. Sept établissements ont déjà suspendu les nouvelles admissions et deux ont fermé des accueils de jour.

1 Des tensions au niveau des ressources humaines

« Nous sommes contraints de suspendre des admissions parce qu’on manque de ressources humaines, notamment au niveau des infirmiers et aides-soignants. On ne peut plus être à pleine capacité. » Mounir Belhafiane, directeur délégué de l’Ehpad des Collines Bleues à Châteaulin et administrateur de Part’Âge, est soucieux à l’approche de l’été. Comme ses collègues du tout nouveau Groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) Part’Âge qui regroupe 32 établissements du Finistère (publics ou privés à but non lucratif). Ensemble, ils se mobilisent pour alerter et prévenir la population sur une situation inédite. « Malgré le dévouement et l’implication des professionnels, la fermeture de lits ou places et la suspension des admissions s’avèrent inéluctables afin de garantir un accueil sécurisé et digne des personnes âgées », explique-t-il.

2 Sept établissements suspendent les admissions

Sept établissements ont déjà suspendu les admissions mais la situation pourrait évoluer. Une enquête interne a été menée par le GCSMS. Elle est éloquente : sur quatorze Ehpad qui ont répondu, la moitié d’entre eux a déjà suspendu les admissions, et ce, pour toute la saison estivale. D’autres s’interrogent en cas d’absentéisme à venir ou faute de recrutement. L’un d’eux a gelé 20 places ; un autre a suspendu les nouvelles admissions du 15 mai au 15 septembre ; deux Ehpad cornouaillais ferment leur accueil de jour, dont un pendant trois semaines en août, afin de permettre au personnel de prendre ses congés. Les Ehpad concernés se situent à Quimper, Plogonnec, Briec, Châteaulin, Douarnenez, Audierne, Pont-Croix, Pouldreuzic, Pont-l’Abbé, Penmarc’h…

3 Un problème global

Ces fermetures de lits risquent d’impacter la fluidité du parcours de la personne âgée. « Nos difficultés en ressources humaines affectent aussi les services d’aide à domicile et ont aussi un impact sur les services hospitaliers publics et privés puisqu’ils peuvent être amenés à accueillir des personnes qui auraient besoin d’une place en établissement médico-social », prévient aussi Mounir Belhafiane.

4 Pénurie d’aides-soignants et infirmiers

« En moyenne, il manque actuellement trois aides-soignants et deux infirmiers pour un Ehpad de 80 places », illustre Mounir Belhafiane. « Dans deux établissements, il manque jusqu’à neuf aides-soignants et dans un autre, quatre infirmiers, ajoute-t-il. Au lieu de dégrader la prestation qui est rendue aux personnes accueillies en Ehpad, on a tous fait le choix de rester dans un accompagnement digne et de qualité. On n’accueille plus de nouveaux résidants pour être en mesure de s’occuper correctement des résidants qui sont déjà dans nos établissements ».

« On veut aussi mobiliser nos partenaires (le conseil départemental, l’ARS, les établissements de santé, les professionnels de santé libéraux) pour indiquer notre situation de grande difficulté, de grande précarité », ajoute l’administrateur de Part’Âge.

5 Les solutions existent-elles ?

Pour le directeur délégué de l’Ehpad de Châteaulin, la solution serait à trouver du côté des préconisations faites depuis 15 ans par les différents gouvernements : « C’est-à-dire augmenter les ratios d’encadrement. En 2006, le Plan Solidarité grand âge préconisait un ratio d’encadrement d’un équivalent temps plein pour les résidants les plus dépendants. Aujourd’hui, on paye le prix de 15 ans d’inaction du gouvernement. On a des professionnels qui sont épuisés, qui n’ont plus l’envie de venir travailler, qui sont constamment rappelés sur leurs jours de repos, qui travaillent en coupure, qui travaillent 10 voire 12 heures. Nous ne sommes plus en mesure de proposer une véritable qualité de vie au travail malgré tous nos efforts. On souhaite des mesures plus structurelles pour passer plus de temps auprès de la personne âgée et impulser de nouvelles vocations. ».

Jean-François Berteau

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/pourquoi-il-manque-150-places-dans-les-ehpad-de-cornouaille-22-06-2022-13080210.php

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