Pourquoi le sort des abeilles devrait tous nous préoccuper ? (LT.fr 18/06/2023)

Maxime Le Bigot, apiculteur aux Jolis petits ruchers, à Ploumagoar (22), possède une centaine de ruches où travaillent des abeilles noires, une espèce endémique de Bretagne. Pour les préserver, il a implanté ses ruches loin des parcelles recevant des pesticides. (Le Télégramme/Virginie Chenard)

Ce samedi 20 mai sera la Journée mondiale de l’abeille. L’occasion de rappeler pourquoi la survie de cet insecte, déclaré « grande cause nationale en France » en 2022, doit faire l’objet de tous nos efforts.

Notre alimentation dépend en majeure partie de la pollinisation effectuée par les abeilles. Agriculture et apiculture sont donc interdépendantes mais pourtant, depuis les années 90, les colonies d’abeilles (1) subissent de lourdes pertes annuelles, avoisinant les 30 à 40 % de mortalité. En 2018, selon Maxime Le Bigot, apiculteur et formateur aux Jolis petits ruchers, à Ploumagoar (22), ce chiffre serait monté jusqu’à 80 % chez certains de ses confrères !

Pesticides : un pas en avant, un pas en arrière

En cause : l’utilisation des pesticides par les agriculteurs conventionnels. Le jeune homme, qui gère une centaine de ruches sur cette commune de l’agglomération guingampaise, a veillé à ce que ses abeilles soient hébergées loin de toute parcelle recevant des traitements phytosanitaires. Il a donc pu préserver ses effectifs. Pour autant, il n’est pas rassuré par l’avenir, qui ne semble pas se dessiner en faveur des abeilles : le Sénat vient en effet de donner le pouvoir au gouvernement, ce mardi 16 mai, de suspendre une décision de l’Anses restreignant l’usage des produits phytosanitaires. « Il y a un lobbying très fort, reconnaît amèrement Maxime Le Bigot. L’économie dicte pas mal de choses, plus que l’écologie. »

Le varroa est partout. C’est l’une des plus grosses problématiques des apiculteurs.

Une décision d’autant plus grave que d’autres dangers pèsent sur la survie des abeilles : « Cette année, c’est le frelon asiatique qui nous a causé le plus de dégâts », poursuit le Ploumagoarien. Qui avance que chez les apiculteurs bretons, ce redoutable prédateur d’abeilles serait l’auteur, à lui seul, de 30 % de la mortalité dans les ruches.

Le varroa, véritable fléau

Autre menace pour les abeilles, et pas des moindres : le varroa. Cet acarien parasite l’abeille et se nourrit de son hémolymphe (équivalent du sang chez les insectes). « Il est partout, se désespère Maxime Le Bigot. C’est l’une des plus grosses problématiques des apiculteurs. Ils affaiblissent les colonies, rendent les abeilles moins résistantes aux maladies. On ne peut pas s’en débarrasser, on peut juste le contenir pour éviter l’infestation. ».

Les abeilles ne sont jamais agressives, sauf si l’on se place devant l’aire d’envol d’une ruche ou qu’on la menace directement. À la différence d’une guêpe ou d’un frelon, l’abeille meurt lorsqu’elle
Les abeilles ne sont jamais agressives, sauf si l’on se place devant l’aire d’envol d’une ruche ou qu’on la menace directement. À la différence d’une guêpe ou d’un frelon, l’abeille meurt lorsqu’elle pique, c’est donc son dernier recours. (Le Télégramme/Virginie Chenard)

Enfin, d’autres facteurs participent activement à l’effondrement des colonies d’abeilles : dérèglement climatique, monoculture, urbanisation des sols et pollution, principalement. L’Union nationale des apiculteurs français estime ainsi que « 300 000 colonies d’abeilles disparaissent chaque année en France ».

Un service de plusieurs milliards rendu à l’humanité chaque année

Autant de fléaux qui s’abattent sur des insectes pacifiques (2) qui ne méritent pas cet acharnement : toute sa courte vie, jusqu’à sa mort, qui intervient, pour les ouvrières, 40 à 50 jours après sa naissance, l’abeille n’aura eu de cesse de travailler, occupant plusieurs rôles successifs (nourrice, nettoyeuse, cirière…) au sein de sa ruche. Elle aura participé, avec l’ensemble de ses consœurs domestiques, à la reproduction de 80 % des cultures vivrières dans le monde (selon l’ONU) ; à la production de plus de trois-quarts des cultures dans le monde ; à 35 % de la production alimentaire en tonnage et à 10 % du chiffre d’affaires de l’agriculture mondiale, rendant ainsi, gratuitement, un service de 153 milliards de dollars par an à l’humanité !

C’est donc notre devoir à tous de la protéger, et pas seulement en ce samedi 20 mai, Journée mondiale de l’abeille !

Une colonie arrivée à maturité compte, en moyenne, 50 000 abeilles, dont des ouvrières qui occupent différents postes (nourrice, nettoyeuse, gardienne, cirière…), quelques mâles, également appelés fau
Une colonie arrivée à maturité compte, en moyenne, 50 000 abeilles, dont des ouvrières qui occupent différents postes (nourrice, nettoyeuse, gardienne, cirière…), quelques mâles, également appelés faux bourdons, reconnaissables à leur plus gros gabarit, et une reine, plus longue et fine, qui assure la ponte du couvain. (Le Télégramme/Virginie Chenard)

Auteur : Virginie Chenard

Source : Pourquoi le sort des abeilles devrait tous nous préoccuper ? – Guingamp – Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : Pourquoi le sort des abeilles devrait tous nous préoccuper ? (LT.fr 18/06/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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