Précarité étudiante à Brest : l’épicerie sociale et solidaire l’Agoraé dans le rouge (LT.fr-12/03/24)

Il n’y a désormais plus de file d’attente comme naguère devant l’Agoraé, un système de rendez-vous de deux minutes par bénéficiaire a été mis en place. (Photo Agoraé)

La précarité étudiante se vit au quotidien au sein de l’épicerie sociale et solidaire étudiante l’Agoraé, à l’UBO de Brest. Avec un nombre de bénéficiaires en hausse constante, elle craint de ne pouvoir subvenir aux demandes.

Par Patrice LE NEN

« Mi-février, on était à 300 bénéficiaires, aujourd’hui, on est plus près des 320 ». Mathilde Jaouen, présidente de la Fédé B tire la sonnette d’alarme sur la situation de l’Agoraé qui a donc connu une augmentation de 6,7 % des bénéficiaires en un mois à peine. L’épicerie solidaire située dans les locaux de la faculté des sciences de l’UBO (Université de Bretagne occidentale), qui vient en aide aux étudiants précaires à Brest, est dans le rouge. « L’année dernière, on a reçu une subvention de 20 000 €, débloquée par l’État pour la précarité étudiante. On ne l’aura pas cette année car c’était un appel à projets », ce qui portait le budget à 40 000 €. Et malgré les subventions de l’Université, de la Ville de Brest et des différentes collectivités territoriales, « on estime qu’il nous manque 20 000 € pour boucler l’année », ajoute-t-elle.

« On voit des cas de précarité extrême »

Chaque jour du lundi au vendredi, les denrées, fournies en grande partie par la Banque alimentaire et vendues à 10 % du prix en magasin, partent à la vitesse du feu. « On reçoit des dossiers de demandes de bénéficiaires tous les jours. L’inflation a été très ressentie par les étudiants : les loyers, l’augmentation des charges, de l’alimentation… Le soir, nous n’avons plus rien dans les rayons ».

« On voit des cas de précarité extrêmes, des étudiants qui dorment dans la rue… »

Parmi ces bénéficiaires, quelque 90 % d’étudiants étrangers, « qui ont des frais d’inscription plus élevés, généralement en master », poursuit Mathilde Jaouen. « Parfois, ils arrivent vers nous dans des états lamentables. On voit des cas de précarité extrême, des étudiants qui dorment dans la rue… ».

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Réformer le système des bourses

La principale crainte de la quinzaine de bénévoles de l’Agoraé (dont deux en service civique) aujourd’hui : devoir dire non à des personnes dans le besoin. « Si l’on devait refuser des étudiants, il faudrait les renvoyer vers d’autres structures mais on a vu l’appel des Restos du cœur il y a quelques mois (qui annonçaient une possible fermeture d’ici trois ans sans nouvelles aides), je ne pense pas que ce soit la solution non plus », dit Mathilde Jaouen. Elle plaide plutôt pour une réforme en profondeur des aides aux étudiants au niveau de l’État. « Nous faisons partie du réseau de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) qui porte au niveau national les propositions de réforme des bourses, Ça diminuerait grandement la précarité étudiante. Et nous nous associons à l’appel des épiceries solidaires et du réseau d’aide alimentaire en général qui demandent davantage de subventions à l’État et aux régions ».

À cette date, l’Agoraé n’a pas encore opposé de refus à une demande, « mais nous ne sommes qu’en mars », rappelle Mathilde Jaouen, la fin de l’année universitaire est encore lointaine…

Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest-29200/precarite-etudiante-a-brest-lepicerie-sociale-et-solidaire-lagorae-dans-le-rouge-6542444.php

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