
Plus de 200 personnes ont déambulé dans les rues de Vannes (Morbihan) ce samedi 24 mai 2025. Ils dénoncent une forme « d’omerta » dans l’affaire Le Scouarnec, l’ex-chirurgien accusé de viols et agressions sexuelles sur 299 victimes.
Par Patrick CROGUENNEC.
Dans un silence assourdissant, une quarantaine de panneaux bleus portant le prénom et l’âge des victimes de Joël Le Scouarnec sont levés. Raisonne alors, la chanson de Suzane, Je t’accuse. Des larmes coulent sur des visages.
Moment d’émotion, parmi d’autres, ce samedi 24 mai 2025 à Vannes (Morbihan), alors que le tribunal doit rendre, mercredi 28 mai, sa décision dans le procès de l’ex-chirurgien aux 299 victimes répertoriées. Plus de 200 personnes ont répondu à l’appel d’un collectif de victimes de Joël Le Scouarnec et d’associations en réaction au procès qui, à leurs yeux, n’a pas eu le retentissement escompté. « Je suis là en soutien à ceux qui ont été touchés, de près ou de loin, par les actes pédophiles de ce médecin », assure Hugo, venu de Rennes (Ille-et-Vilaine). « Il faut dire : Plus jamais ça ! », insiste le jeune homme de 29 ans, qui compte une victime dans sa sphère familiale.
« Un moment d’effacement »
Ivan, victime à 6 ans de Joël Le Scouarnec, témoigne. « Ce procès aurait dû être un électrochoc. Il n’a été qu’une longue attente d’une prise de conscience, de mesures concrètes. 35 ans de crimes et pourtant, c’est le silence, le déni. » Au micro, Camille évoque ces « violences sexuelles qui ne touchent pas seulement une victime : elles traversent les familles, elles ébranlent les institutions, elles défigurent la société. C’est tout un système qu’il faut transformer ».
De son côté, Gabriel, victime lui aussi, à 5 ans, parle d’une double peine. « Nous pensions que le procès serait un moment de reconnaissance. Il a été pour beaucoup un moment d’effacement. »
Au fil d’une déambulation dans les rues du centre-ville, en direction du tribunal, les prises de paroles se succèdent. Pour une représentante de la CGT hospitalière, « il y a eu une complicité silencieuse de la direction des hôpitaux qui ont préféré taire l’affaire. Et cela peut encore se reproduire ». Ce moment aura aussi été l’occasion de poser des revendications : renforcement des moyens du 119 (numéro d’urgence pour l’enfance en danger) ; mesures législatives telles que l’imprescriptibilité des faits de violences sexuelles sur les enfants ; garantir par l’État les moyens humains et financiers pour l’application de la loi sur l’Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS)…
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